Bonsoir à tous,
Je connais depuis quelques semaines ce forum. Vos témoignages sont indefiniments touchant et j'admire votre force. J'espère avoir la même un jour.
Voici mon histoire :
Le 4 aout 2020, j'apprends que je suis enceinte (bonne nouvelle, bébé désiré). Je travaille beaucoup 13h/j en l'absence de ma collègue qui a eu un petit accident pendant 5 mois. J'enchaine les grèves sncf, un déménagement. Je continue à gérer sans me plaindre.
Le 23 janvier 2020, grand soulagement ma collègue revient. Je peux enfin partir en vacance. Pour fêter ceci, je donne rdv à conjoint mais il me dit de rentrer "immédiatement" et qu'on se retrouve à mi-chemin. Je ne comprends pas mais tilt qu'il se passe quelque chose. Je lui demande si ses parents vont bien... Ma mère m'appelle, je suis dans le métro. Au son sa voix, je comprends qu'il se passe quelque chose. Elle souhaite juste que je rentre et que je fasse attention. Elle raccroche. Instinctivement, je pleure. Je ne comprends rien. Je sors du métro, j'appelle mon frère qui hurle à me dire "je ne peux pas parler, rentre". Je le rappelle car j'ai des vertiges et que je suis tombée. Il font par me dire "c'est papa, juste rentre, je suis avec lui. Ne t'inquiète pas". Je retrouve mon conjoint mais il ne dit rien. Je lui dis c'est mon père, je sais.
Je rappelle mon frère, il décroche et j'entends des bruits d'une machine "bip bip bip bip". Il me demande ou je suis qu'il vient nous récupérer en voiture. Nous arrivons, je le vois. On s'installe dans la voiture. Il me demander de penser à mon bébé et d'être calme : "papa est mort. Les secours n'ont pas réussi à le réanimer". J'hurle, je souhaite être avec ma mère.
On arrive chez nous. La rue est rempli de monde : police, samu, voisins.. Je cherche ma mère, elle s'effondre aussi...
Ma mère m'explique, mon père est mort avec son ami d'une intoxication au monoxyde de carbone.
La police nous informe que le corps de mon père va être transporte, je peux lui dire au revoir ce que nous faisons avec l'aide mon frère et de mon conjoint. Moment épouvante. Je m'effondre. La nuit fut chaotique, je n'ai fait que pleurer. Et, je finir par m'endormir de fatigue, mais au réveil, je me dis "ah tiens je n'ai pas encore vu mo père" puis je reviens à la réalité...
24 janvier 2020, c'est l'écho du 2e Trimeste et ja' complètement oublié. Mon conjoint et ma mère insiste afin que j'y aille. RDV médical qui fut le plus douloureux. J'ai fait que pleurer. Mais, le bébé va bien. RAS.
Les rendez-vous s'enchainent : police car une enquête est ouverte mais j'apprends qu'il s'agit seulement d'un terrible accident. Mon père a voulu secourir son ami mais est partit lui aussi. L'institut medico légale car une autopsie a été faite. Je devais leur déposer les affaires. J'ai tenu a le faire seule afin de soulager ma mère et mon frère. Pompes funèbres, mairie...
L'enterrement a lieu en février. On tient le coup car nous n'avons pas le choix. Le contre-coup se fera sentir pour nous tous quelques jours après. Je reprends le travail pour oublier.
Je deviens silencieuse, je ne souhaite pas trop parler avec les gens car on me sort des conneries que c'est le cycle. On perd une vie et une autre arrive (référence au bébé que je porte). Encore plus dure d'entendre cela. Et, je dis même à mon conjoint si le prix à payer pour avoir un bébé est de perdre mon père, je n'en veux pas.
RDV echo du 3e trimeste. On me dit qu'elle perds du poids et que je dois appeler le centre des explorations fonctionnelles. Surveillance renforcée : sage-femme à domicile 1/sem, visite hôpital 1/sem, écho chaque semaine et prise de sang. On m'arrête immédiatement. Je dois me reposer au maximum. J'essaie de faire abstrcation sur mon état psychologique pour me focaliser sur le bien être de ma fille.
29 avril 2020, direction la maternité. Le travail est lent. On décide de m'installer en chambre et le futur papa ne peut pas rester avec moi... J'y reste 6h à supporter solitude, douleur et peur. Je demande la péridural. On m'installe en salle de naissance, le futur papa est de nouveau présent
30 avril 2020, le travail a commencé. Mais, on se rends compte que ma fille ne supporte pas du tout les contractions. Son rythme cardiaque n'est pas bon. Le médecin arrive pour m'accoucher avec l'aide de la ventouse. Elle est là mais je ne la vois pas et je n'ai pas le plaisir de la prendre. On l'amène ailleurs. Quelque minutes plus tard, elle revient dans son li vitré avec pleins de fils partout. Direction la néonatalogie. Le papa reste avec moi 2h puis est obligé de rentrer. Je ne le reverrais que 7j après, les visites étant interdites. Je ne reverrai ma fille que 8h après. Elle va mieux.
Les jours passent et je m'enferme dans ma douleur, tristesse et colère. Je refuse de parler de ça. Je refuse de me soigner. Je refuse de profiter de moments de bonheur. Je pense juste à m'occuper de ma fille et de ma maison. Je deviens différente, je suis devenue différente.
25 mars 2021, je perds ma grand-mère maternelle suite à la vieillesse. Mais, cette mort (ou j'étais preparé) me fait revivre l'instant ou j'ai perdu mon père. Je sombre de nouveau. Je pleure le soir, seule. Je me cache pour ne pas le montrer à mon conjoint.
1er juin 2021, je vais peut-être un peu mieux. Je consulte, j'essaie d'aller mieux. J'essaie de parler à ma fille de son grand-père. J'essaie de renouer le contact avec mon conjoint qui a été présent, bienveillant. Un pilier mais qui a sombré ces derniers temps. On ne partage plus rien (il a raison). Il m'en veut aussi d'avoir été silencieuse, il le prends comme un manque de confiance, un manque d'amour. Puis, cette période covid accentue encore plus les effets négatifs.
On s'aime mais malheureusement la multiplication d'evenments négatifs en un laps de temps court nous a profondément marqués. On a même pas profite de la naissance de notre fille... J'ai changé même si je l'aime, je me rends compte qu'il ne peut pas me comprendre car il n'a pas vécu la même chose. Je trouve cela stressant de savoir que notre relation puisse se finir à cause d'événements extérieurs...
Merci d'avoir fait l'effort de me lire. Je suis navrée pour les fautes d'orthographes mais je suis incapable de me relire, trop éprouvant. Encore merci de vos témoignages, j'espère que l'écriture me fera du bien. Puis j'espère avoir votre force un jour pour surmonter tout ça.