Chère Pommenoir,
Nous connaissons tous hélas ces moments de souffrance si intense qu'il nous semble ne pas pouvoir tenir. Le souvenir des douleurs qu'ont endurées nos compagnons nous font si mal. On voudrait les oublier. On y parvient parfois, mais ils nous rattrapent vite.
On ne peut pas compter reconstruire 34 ans de bonheur en si peu de temps. D'ailleurs, le pourra-t-on vraiment un jour. Il y a un avant et un après.
Ce bonheur a été, a existé, et je tente de me persuader que c'est une chance que nous avons eue, qui n'est pas donnée à tout le monde. Oui, on aurait voulu que ce bonheur dure ; oui, on aurait voulu ne pas perdre nos amours. Oh oui, on donnerait n'importe quoi pour qu'ils soient encore là avec nous.
Mais quelle prise avons-nous sur ce qui s'est passé ? Aucune. Et pourtant, paradoxalement, je me dis encore qu'à force de penser si fort à lui, de l'aimer si fort encore, je vais le faire revenir. Puéril, enfantin. Ma raison sait qu'il ne reviendra pas et que je dois l'accepter. Pas facile. Je suis en perpétuelle lutte entre l'acceptation et le refus parce que je ne veux pas vivre sans lui.
Peu à peu, Pommenoir, tu arriveras à te souvenir des jours heureux. Peut-être même que ça te fera mal au début, parce que les regrets seront là. Mais on n'a pas le choix, quoi qu'il nous en coûte.
Je souhaite que tu aies des moments de calme, d'apaisement pour te reposer avant les assauts qui ne manqueront pas hélas de revenir te tourmenter. Je formule le même voeu pour moi-même et c'est pour ça que je te comprends si bien.
Je t'embrasse.
Dominique