Bonjour Cocci,
Je voulais juste te dire que mon mari est mort il y a 5 ans d'un accident de la vie (il est tombé d'un arbre du jardin et est mort sur le coup) et que pendant au moins 4 ans, j'ai cherché de l'aide auprès de lui en faisant un petit autel avec des photos, des bougies allumées, un cahier sur lequel mes enfants et moi mettions tous nos sentiments. Quand je n'allais pas bien, je m'asseyais devant ses photos en pleurs et je lui racontais mon chagrin, ma solitude, mes difficultés.... J'avais l'impression que lui seul pouvait comprendre et m'aider, je pensais qu'il lui était impossible de nous quitter vraiment, comme il m'était impossible d'accepter qu'il le fasse. Et puis, avec les années, j'ai compris qu'il fallait que je le laisse partir, qu'il avait été mon mari mais que ça n'en faisait par pour autant mon ange gardien.
Aujourd'hui, je considère qu'il doit toujours veiller sur nos enfants encore jeunes (11 et 15 ans), mais pas sur mes problèmes matériels, sur mes soucis. Ca je dois le gérer seule.
Mais pour tout ça, il m'aura fallu 5 ans.
Ne culpabilise pas de pleurer sur la photo de ton ami disparu. Je pense qu'il sait que le deuil est un long travail et qu'il ne t'en veut pas de ta douleur sincère. Bien au contraire, l'amour que tu lui donnes encore le porte sûrement. Dis toi que le temps fera son oeuvre, et t'apaisera un jour, et que ce jour-là, tu pourras le laisser partir vers la lumière parce que la peine sera moins lourde à porter et que le moment sera venu. Je ne crois pas que la notion d'années, de mois, de jours, soit la même pour les morts que pour nous. Alors, si tu veux pleurer ton ami, fais-le sans compter les jours.
Tu vois, tu n'es pas ridicule, loin de là...
Le sentiment de cauchemar, nous l'avons tous vécu. Je me rappelle qu'à la mort de mon mari, quand je revenais de l'école le matin après avoir déposé les enfants, je me disais : "tout ça n'est pas possible, il est à la maison et il m'attend". Ou le soir, vers 19 heures, j'attendais que la porte du garage claque pour annoncer son retour... J'ai longtemps tendu l'oreille, le soir vers 19h.
Quant à la solitude, c'est un long apprentissage. Les portes qui se ferment, les amis qui promettent d'aider mais qui disparaissent, le téléphone qui ne sonne plus... Ca fait du vide, mais un vide sain : amitié qui finit n'a jamais commencée, dit le proverbe. Et il a raison. Par contre, ceux qui vont te soutenir et rester fidèles, ils en vaudront vraiment la peine.
Tu n'es pas un cas particulier, tu est juste une personne qui apprend le deuil. Ne reste pas seule, accroche toi à toutes les mains tendues et bienveillantes.
Je te souhaite beaucoup de courage.
Amicalement
Marico