Bonjour Liefie,
Je te le dis tout net, tes crises d'angoisse, ta désespérance, ta peur de sombrer dans la folie, de ne plus pouvoir te lever du jour au lendemain, tout ça, je l'ai expérimenté avec la mort de ma soeur.
Elle est morte le 17 août 2011, et j'ai repris le travail le 1er (je suis enseignante). Je me rappelle très bien le premier jour. Mes collègues sont venus me voir, et je pleurais, je pleurais. Certains qui n'étaient pas habitués à me voir dans cet état m'ont conseillé de m'arrêter, de prendre des anti-dépresseurs. Je n'ai rien fait de tout ça. J'ai avancé, un jour après l'autre, parfois, une heure après l'autre. Je me disais, je finis ce cours, si j'y arrive, et je rentre me coucher. Et je tenais. J'ai tenu, parce que je me suis rendu compte, que lorsque j'étais en cours, j'oubliais l'horreur. La sonnerie retentissait, et pof, je me rappelais l'horreur. L'horreur de l'agonie, l'horreur du décès (on a débranché ma soeur), l'horreur du choix du cercueil…Je n'ai rien oublié, mais le temps fait son oeuvre. Il met de la distance. La vie continue, mais on ne peut pas brûler les étapes.
C'est comme si tu voulais sauter 1,5Om sans t'être jamais entraînée. Le deuil, c'est un entraînement, un entraînement à l'acceptation, à l'assimilation de ce qui s'est passé. Et le temps est notre allié. Et nous devons compter sur nous-mêmes, ne pas être trop exigeants, et nous faire confiance pour revivre malgré la perte.
3 semaines, ce n'est rien. Tu es encore comme anesthésié par ce qui t'arrive. Souviens-toi, un jour après l'autre, pas de projection, et surtout des moments de douceur (méditation, balade dans la nature, activité qui te fait du bien…) pour tenir le coup.
Je t'envoie des tonnes de courage pour t'aider à avancer,
Madâme