Bonjour Poupyka et tous les autres,
Pour en être moi-même passée (et d'ailleurs toujours en passer) par là depuis que ma mère est morte début décembre, je comprends - comme nous tous - très bien par quoi tu en passes avec tes amis et ton copain.
Les gens savent rarement comment réagir - surtout quand ils n'ont pas personnellement vécu de deuil - et généralement prennent leurs distances, car ils sont désemparés et ont beaucoup d'idées fausses. Tu as dû ou tu devras faire face à une vaste gamme de réactions différentes, de l'absence totale de réponse à l'annonce du décès (comme si les gens s'en foutaient et que cet événement qui bouleverse nos vies pour toujours n'était qu'une petite pluie qui finira par passer d'elle-même), à une inquiétude sincère de la part de certains de tes amis. Mais même lorsqu'ils s'inquiètent et voudraient aider, ils sont souvent à côté de la plaque. Quand j'en ai pris conscience, surtout pendant les vacances de Noël où aucun de mes amis (à une exception près) ne prenait de nouvelles ou n'envoyait de messages, la souffrance que j'éprouvais déjà s'est considérablement accrue. A cet instant précis, ça va beaucoup mieux. Mais malgré toute l'éducation au deuil que j'ai entreprise auprès de plusieurs de mes amis, il y en a une par exemple qui est encore et toujours complètement à l'ouest. Au tout début, elle s'imaginait qu'il fallait surtout éviter de me déranger, me laisser tranquille au maximum alors que j'avais justement besoin que les gens soient le plus présents possible, ne serait-ce que par un texto. Et maintenant, elle continue de s'imaginer que la meilleure chose à faire pour moi, c'est de voir du monde, me changer les idées, surtout ne pas penser à la mort de ma mère qui, bien naturellement, m'obsède. Simplement parce que, elle, elle a peur de ces choses-là, de la maladie, de la mort. Autant dire qu'à cette amie, je ne lui demande pas grand chose. Et il y en a d'autres qui, malgré leurs erreurs, laissent de côté leurs préjugés et parviennent à se montrer réellement aidants.
Mais il a fallu du temps pour en arriver là. Pour certains, j'ai fini par leur envoyer les liens vers ce site ("comprendre le processus de deuil" et "aider un proche en deuil") en plus de leur faire part, parfois, de ce que je lis dans le livre de Christophe Fauré, dans lequel on se retrouve très facilement. Je ne sais pas dans quelle mesure ils ont compris ce qu'ils ont lu, mais ça ne peut pas faire de mal.
Surtout, si tu sens que certains de tes amis sont vraiment désireux de t'aider mais sont un peu perdus, n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat, à aller au-devant d'eux en leur disant, en gros : "là il faudrait faire comme ça". De là où tu te tiens, ça semble forcément plus facile à dire qu'à faire et... ça l'est. Je n'en suis pas arrivée là du jour au lendemain, mais aujourd'hui, j'ai un ami, qui était totalement absent au début, qui m'appelle régulièrement et me laisse parler d'absolument tout ce que je veux, et d'autres avec qui je parle moins, mais suffisamment quand même pour atténuer le stress énorme inhérent au deuil. Et au fil des conversations, un véritable échange se met en place et je découvre de plus en plus leur propre parcours, leurs propres histoires pas toujours faciles non plus et je trouve ça formidable de me dire qu'au moins, la mort de ma mère pourra me permettre d'être, pour la toute première fois de ma vie, réellement proche des gens autour de moi.
Un autre conseil : fais appel au plus grand nombre de personnes possible, afin qu'elles puissent se relayer - sans en avoir forcément conscience elles-mêmes - plus facilement. Et si, comme moi, tu vis ton deuil en parlant énormément de tout ce que tu éprouves, ça te permettra de répéter les choses sans avoir l'impression de fatiguer sans arrêt tes proches en répétant toujours la même chose.
Et enfin, ne t'impose pas la présence de personnes avec qui tu ne te sens pas à l'aise ou qui te semblent indifférentes à ta douleur. On souffre déjà bien assez comme ça.
Moi, je vais bien à cet instant et je sais que c'est en grande partie grâce à ces amis qui, après beaucoup d'efforts et de mises au point, parviennent à m'aider comme il faut. Je ne sais pas si ça va durer, mais je m'accroche, comme tu peux t'accrocher.
Courage à toi et à nous tous.
Flora