Bonjour Chantal,
Ton très beau et très doux message me permet de reprendre « nos » conversations sur le forum après une petite quinzaine d’absence.
Comme toi, j’en suis au cap des deux ans (passés pour moi le 22 juillet dernier).
Etrangement, ce second « anniversaire » a été plus dur que le premier, tant, j’avais senti sa présence pendant les longs et si douloureux mois qui ont suivi son départ, dans cette chambre d’hôpital, comme s’il m’accompagnait pour m’aider à m’habituer, comme lorsqu’on lance un enfant sur sa première bicyclette, sans les roulettes : Vas y , pédale, tiens bien le guidon, soit prête à freiner, à faire demi-tour, à repartir. Un gadin ? Pas grave, remonte, continue…
"Quand on traverse l'enfer, il faut continuer d'avancer."
Et, comme si il avait senti que je commençais à avancer droit, il s’est évaporé doucement, en filigrane, en limbes.
Parti vers sa nouvelle "vie" à lui.
Et je continue d’avancer. Sans lui à mes coté, mais avec lui, au fond de moi, dans chacune de mes décisions, chacun de mes choix, chaque pensée, chaque objet, photo, réflexion qui me ramènent à nous. 30 ans de vie commune, 30 ans de bonheur que j’ose dire parfait, même si nous n’avons pas pu avoir d’enfant, pas de « mini moi et mini lui ».
Après ce second anniversaire, il m’a fallu encore quelques semaines et des rencontres imprévues, un ami me dirait : non, pas des rencontres, des rendez-vous, prévus mais non connus de moi. Bref, des personnes avec qui le dialogue, si difficile avec les proches, si absconses avec les professionnels, si « monologue » dans ma tête, le dialogue a été possible, riche, et si apaisant soudain après tant de doutes, d’incertitudes, et de peines.
Sans doute étais-je prête à entendre ces mots, ces encouragements à regarder MA vie en face et ne plus dire NOUS, mais JE.
Comme toi, Chantal, l’avenir est un mot que je ne prononce plus, il sera ce qu’il sera.
Les grosses crises de cafard et de larmes se sont espacées et maintenant, je les éloigne quand je les sens arriver, je les contrôle ou… je les « savoure », oui, les savoure, des douces larmes, perles d’Amour pour mon Amour, mais pas de désespoir sur ma solitude. Je ne me sens pas seule. Pierre m’accompagne, parfois, je le sens encore, furtivement, comme s’il s’assurait que je suis sur le bon chemin.
Comme toi aussi, je suis persuadée que nous nous retrouverons, que ce que nous avons vécu, construit, cet immense Amour, cette communion, ne peut disparaitre dans les cendres et la poussière.
J’attendrais ce jour des retrouvailles, comme j’attendais mon Prince Charmant, lorsque j’étais enfant… sauf que maintenant, je sais à quoi il ressemble !
Marina