Auteur Sujet: veuve à 33 ans, sonnée  (Lu 13099 fois)

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bichette

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veuve à 33 ans, sonnée
« le: 25 octobre 2015 à 00:55:08 »
Il avait 38 ans. Il est mort en tout début d'après midi un vendredi ensoleillé. 10 ans de bonheur, 7 ans de mariage et 3 enfants, une toute petite de 4 mois. Et depuis le tourbillon, les pompes funèbres,  la messe, le notaire, la banque ...et les enfants à aimer.  Ça fait un mois, un mois de survie, de tension immense, une boule dans la poitrine, un sentiment d'angoisse, de vulnérabilité, une lassitude. Je pleure souvent, je hurle parfois mais la plupart du temps je ne sais même pas ce que je ressens.  Rien, le vide, le néant.  Je suis en manque,  en manque de lui, de nous. Je fais les choses comme un automate, portée à bout de bras par la famille et les amis. Mais profondément, j'aime la vie. Je veux croire qu'un jour je serai heureuse à nouveau, que je parviendrai à faire grandir mes enfants dans la joie et la confiance.  Oh oui j'espère de toutes mes forces mais la tâche est immense et mes jambes se derobent devant le chemin à parcourir.  Vous qui êtes passés par ces abîmes et qui avez retrouvé un goût,  un sens à la vie, je vous en supplie, venez me dire, me raconter qu'un jour la peine se fait lus douce et que le souvenir de ce bel amour devient une force intérieure et plus une lame qui déchire.

Hors ligne Nora

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #1 le: 25 octobre 2015 à 08:41:31 »
Bonjour Bichette,

Je te souhaite bien tristement la bienvenue ici.
Que dire ... Ton amour est parti en cette belle journée ensoleillée, il y a un mois. Mais c'était hier .
Ton coeur et ton corps se sont brisés, en mille morceaux, et dans cet état de choc il te faut faire face à toutes les obligations et contraintes, mais aussi continuer à donner tout ton amour à tes jeunes enfants.
J'espère que tu es aidée, soutenue au quotidien.

Après ce tourbillon du 1er mois, la douleur vient s'installer, douleur violente, qui vrille le coeur.
Et les angoisses, peur de l'avenir, du chemin à parcourir, de cette vie à continuer à construire seule, désormais.
Et le manque, le manque de lui, le manque de vous, de votre couple, de votre famille, le manque des échanges, du partage, de ses bras, de ses baisers, de sa chaleur, de son odeur...
Et ce trop plein d'amour dont on ne sait que faire.
Et cette fatigue, l'envie de plonger dans le sommeil, dans l'oubli pour ne plus souffrir, ne pas se réveiller.
Et cette boule d'angoisse, ces réveils où la réalité vient nous frapper en pleine face, ces douleurs, ce sentiment d'oppression ...
Et ces enfants qui n'ont plus leur papa.

Viens lire les témoignages apportés ici. Cela n'enlèvera pas ta douleur, mais tu verras que tu n'es pas seule à ressentir ces sentiments, et cela t'apportera un peu de réconfort.
Viens aussi, si tu en as le courage, raconter ton histoire, déposer ton fardeau. Tu seras lue, écoutée avec bienveillance.

je sais que cela va être difficile pour toi, mais ménage toi des moments où, seule avec toi même tu pourras ressentir, vivre pleinement ta douleur, l'exprimer, surtout ne pas l'occulter, la comprendre, l'apprivoiser. C'est douloureux,  difficile, je sais, mais nécessaire.
Tu en as sûrement entendu parler, procure toi le livre du docteur Fauré, " Vivre le deuil au jour le jour ". Il t'accompagnera tout le long de ton douloureux chemin.

Déjà dans ton récit je sens poindre une lueur d'espoir, l'espoir des jours meilleurs. Ne lâche pas cet espoir, même aux moments les plus sombres, car il y en aura .

J'aimerais pouvoir t'apporter le témoignage de force intérieure, mais 8 mois après je n'en suis pas là. Je peux te dire que ma douleur est différente, elle ne me transperce plus le coeur avec autant  de violence , elle est plus douce peut être,  plus sourde, mais surtout elle ne m'est plus inconnue. J'ai appris à vivre avec elle, mais elle ne s'est pas atténuée.

Je te souhaite de passer une journée un peu apaisée, prend des forces, ressource toi dans la nature si belle en ce moment si tu en as l'occasion.
Prend et donne de l'amour à tes petits.

Bien à toi.

Nora




bichette

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #2 le: 25 octobre 2015 à 11:38:05 »
Merci Nora de ton accueil. Je suis très entourée mais je sens parfois que je ne peux pas dire certaines choses car les amis s'inquiètent et ne savent pas quoi dire. Mon amour a connu ce que les médecins appellent une mort subite. C'est d'une violence inouïe mais il a perdu connaissance immédiatement et ne s'est a priori rensu compte de rien  . Il n'a pas souffert. Nous avions déjeuné au soleil sur la terrasse, parlé de tous ces petits riens qui font un couple. Il est parti travailler vers 13h30. Il a perdu connaissance à 14h et son décès a été constaté à 15h50. Depuis je desteste les vendredi. Je n'arrête pas de me dire que j'aurais dû voir quelquechose. Mais non il riait, il allait bien. Je suis partie cette semaine au bord de la mer chez des amis précieux, avec les enfants. Il adorait cet endroit. Tout est beau ici et tout le parle de lui. Éloignée de ma boîte aux lettres, je fais une pause dans les démarches et la peine peut enfin prendre sa place. Je suis profondément atteinte, malheureuse. Je me sens vulnérable, pleine de larmes et d'angoisse.  On m'a dit: tu es jeune, tu rencontreras quelqu'un.  J'ai beaucoup lu cela dans les récits ici. Peut être un jour mais cette partie de moi est à vif. J'avais un grand amour, pas parfait bien sûr mais profond, puissant. Nous nous aimions. Et je pensais voir grandir nos enfants avec lui. Je suis démunie moi qui etais toujours si positive et dynamique.  J'ai peur de la persistance de cette douleur que j'ai lue ici. Je ne veux pas vivre comme ça, je veux qu'un jour l'envie revienne dans ma vie. Je m'accroche à cette idée.

Hors ligne Nora

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #3 le: 25 octobre 2015 à 12:21:34 »
Je comprends ta peur. Lorsque je suis arrivée sur ce forum, et après avoir lu le livre de Chrisophe Fauré, j'ai été terrorisée par cette douleur annoncée. J'étais déjà terrassée par cette douleur, accentuée par les quelques mois d'accompagnement et les images terribles de la fin de vie, et je ne voulais pas affronter cela, c'était trop pour moi, insurmontable.

J'ai compris qu'il n'était pas possible de faire l'économie de cette douleur, et qu'elle était même en quelque sorte nécessaire. Cela ne veut pas dire que l'envie ne revient pas, qu'il n'y a pas des moments, de plus en plus longs, d'apaisement, de pause, ce qui permet de reprendre un peu son souffle.

Ce que je voulais te dire est qu'il faut essayer de ne pas seulement la subir, il faut apprendre à la connaitre, et il ne faut surtout pas l'occulter. Cette douleur va donner naissance à de nombreux sentiments, découvertes, prises de conscience sur toi et les autres. Tu as lu ici des témoignages, dont le mien, sur, non seulement la persistance ,mais aussi parfois la recrudescence de la douleur. Certes, elle est toujours là, mais elle se transforme, elle devient plus douce, on a l'impression qu'elle concrétise le lien avec l'être aimé.
Cet état a besoin de beaucoup de solitude ( solitude recherchée, pas subie car celle là est destructrice ), de tête à tête avec soi même. Essaie de te ménager ces moments.

Je sais qu'un lien va se former, et que l'être aimé va nous remplir de force, et surtout d'amour, il faut être patient.

Je viens de subir une énorme tempête, de laquelle j'ai cru ne jamais sortir. Je suis dans l'oeil du cyclone, au calme,  et je sais que la tempête va revenir, mais qu'elle sera suivie par des moments de paix, de plus en plus forts et doux, et c'est cela qui me fait tenir.

Nos conjoints étaient des êtres imparfaits, mais nous les aimions, avec leurs qualités et leurs défauts, et cet amour n'était pas parfait, mais quel amour peut l'être ? Et ce sont ces êtres qui nous manquent. Il est trop tôt pour toi d'entendre que tu referas ta vie, tu as d'abord besoin d'accepter de vivre avec le départ de l'homme que tu aimais et avec qui tu avais choisi de vivre et d'avoir des enfants.
Les amis ne savent pas toujours toujours trouver les mots justes, et blessent parfois, mais c'est seulement maladroit. Je pense qu'il ne faut pas hésiter à leur expliquer ce dont tu as besoin, et pourquoi leurs paroles sont parfois difficiles à accepter pour toi. Ici tu peux dire ce que tu ne peux pas exprimer auprès des personnes proches. Et en lisant les témoignages, tu verras que beaucoup ont les mêmes sentiments que toi.

Sois sincère, en tout, accueille tes joies, tes peines, tes douleurs, tes doutes, ta colère ...

Je t'embrasse

Nora


Hors ligne ichti

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #4 le: 25 octobre 2015 à 17:35:16 »
Bichette bonjour ,
Bon courage dans cette douloureuse épreuve  , dans la perte de notre amoureux . Moi il est parti  le 15/06 d'un cancer fulgurant qui l'a emporté en 1 mois , et ce apres plus de 40 ans d'amour , depuis l'âge de 19 ans nous étions ensemble , c'était mon amour et j'ai cru que ce serait éternel que les malheurs n'arrivent  qu'aux autres , Nous étions comme dans une seconde jeunesse , plein de projets , des voyages ... Et nous  avions du temps à consacrer à nos enfants et petits enfants  que mon mari adorait .
C'est vrai que je suis tres bien entourée  , des enfants merveilleux  mais malgré  cela je ne vais pas vraiment bien , je suis suivie par une psychologue chaque semaine et je prends aussi des anxiolytiques pour m'aider a dormir sans angoisses . Je continue de travailler dans la société crée par mon mari et cela me fait du bien  mais malgré tout cela c'est la vie d'avant que je veux , celle que j'ai partagée avec lui pendant toutes ces années , le quotidien fait de haut et de bas , pouvoir me reposer sur lui , pouvoir lui raconter mes peines et mes joies, aller simplement faire des courses ensemble .... Et non cette vie de M........e.  qui est la mienne aujourd'hui !!! Il me manque tellement .  J'espère que le soleil brillera de nouveau un jour pour nous toutes , continuer ainsi c'est trop douloureux !! 
Je t'embrasse affectueusement  et te souhaite beaucoup de courage
« Modifié: 25 octobre 2015 à 18:48:43 par ichti »

Emilie956

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #5 le: 06 novembre 2015 à 01:40:45 »
Bonsoir,

Je suis tout à fait d'accord avec le message ichti.
Merci beaucoup et je vous embrasse

Hors ligne agapimou

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #6 le: 06 novembre 2015 à 23:04:05 »
Bonjour Bichette , courage, bonjour à Ichti aussi, je souffre comme vous, et merci à Nora pour tes belles paroles réconfortantes,
Bonne nuit à vous toutes!

Hors ligne Stana

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #7 le: 07 novembre 2015 à 21:04:57 »
  Bonsoir bichette. Je t'ai lue avec attention, et je suis profondément touchée par ton histoire. Je sais ce que tu èprouve.
 
  Le fait que cette mort était inatendue pour toi-pour lui aussi d'ailleurs-a ajouté le choc à ta souffrance, c'est compréhensible. Tu n'as pas eu le temps de t'y préparer, mais peut-être que ç'aurait été pire...vous avez été heureux sans arrière-pensée tous les deux jusqu'au dernier instant, il n'a pas souffert-l'angoisse et la douleur physique/et ou morale vous a été épargnée jusqu'à ce que ce drame arrive. J'espère de tout mon cœur que c'est une petite consolation dans cette grande peine que tu vis.
  Tu as vécu un amour réciproque, c'est toujours un merveilleux cadeau que la vie nous offre. Les premiers mois sont les plus difficiles-moi ça fait 6 mois et je me sens toujours ècorchée vive, mais il est exact que la tristesse, bien que toujours présente, s'adoucit petit à petit, et que les beaux souvenirs peuvent provoquer des sentiments de bien-être, de paix au travers de la mélancolie. Après, je ne sais pas, je n'en suis pas encore là.

  Tu as beaucoup de force en toi, n'en doute pas: la preuve c'est que tu fais face, tu veux vivre, pour tes enfants et même, dans le fond, pour toi puisque tu garde un certain espoir en la vie, que tu désire vraiment te sentir mieux. Garde bien cet état d'esprit! Parfois, face à certaines grandes douleurs, nous ne pouvons pas faire grand chose à part nous montrer patients. La résistance passive comme je dis toujours...
   Je vous souhaite, à toi et à tes enfants, de trouver peu à peu un èquilibre.
 
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

bibiche

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #8 le: 09 novembre 2015 à 11:25:18 »
Bonjour
Je suis nouvelle ici et je me reconnais tellement dans ton histoire. .. jusque dans mon pseudo bibiche... c'est comme ça qu'il m'appelait. ..
J'ai 35 ans mon Homme à moi nous a quittés le 20 octobre d'un cancer foudroyant, il nous laisse seuls avec notre fils de 3 ans et 4 garçons d'autres unions...
Aujourd'hui je suis encore sonnée, j'attends toujours des signes de lui de sa présence à nos côtés. .. mais rien...
Ma raison de vivre c'est mon fils pour lequel je me dois d'être forte et de me lever chaque jour. .. pourtant je ne suis bien que couchée lorsque j'arrive à anesthésier la douleur. ..
Depuis qu'il est parti il fait beau chaque jour comme un signe que la vie continue. ..
J'en arrive à être en colère contre lui, en colère qu'il nous ait abandonnés, qu'il ne se soit pas plus battu... cela t'arrive t'il?
Je dois reprendre le travail jeudi et je n'arrive pas à savoir ce qui est mieux pour moi... y retourner ?  Rester encore "en retrait"? Je suis perdue. ..
Si tu souhaites échanger avec moi ce sera avec grand plaisir.
Je te souhaite plein de courage


espoir25

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #9 le: 22 novembre 2015 à 20:32:18 »
Bonsoir Bichette et toutes les autres qui ont témoigné sur ce forum,

je suis toute nouvelle sur le site
et je découvre en même temps vos témoignages ... des témoignages qui ressemblent à ma vie en ce moment

Mon mari, âgé de 41 ans nous a quitté le 17 octobre après s être battu pendant 1 an contre ce foutu cancer
Nous avions déjà connu la maladie en 2000 et 2004 et depuis nous pensions être immunisés contre cette maladie ...

En octobre l'année dernière le cancer a de nouveau frappé a notre porte avec des armes bien plus fortes
Mon mari était quelqu'un de battant,; d'optimiste, gardant toujours espoir et dynamisme ...
jusqu'au bout nous avons tous cru qu'il allait une fois de plus gagner contre cette maladie et que nous allions pouvoir retrouver calme et sérénité au sein de notre famille  ...
mais malgré toute sa volonté de guérir, malgré son acharnement, la maladie nous a pris mon mari (j'ai 36 ans) et le papa de nos 2 amours de 9 et 6 ans !!!
Quelle injustice !!! Nous avions encore tellement de choses a partager, il avait encore tellement de choses a voir, a apprécier, a vivre !!!

Il m'a demandé de continuer à être heureuse, de rendre nos enfants heureux, et de toujours croire en la vie de la même façon que lui y croyait ...

Pendant les 15 premiers jours qui ont suivi, tellement occupé par les démarches je tenais bon,
Mais voila quelques jours, semaines,  je n'arrive plus à faire face, je garde la tête haute devant le "monde" par respect pour lui, j'essaie de respecter sa demande de continuer a vivre comme il aimerait mais c'est dur !!
je ne sais plus ce que je veux : voir du monde, rester seule chez moi : rien ne me fait du bien
Et comme tu disais Bichette, je vis avec le manque, les souvenirs, le vide ...
et surtout je vis en me disant que plus jamais je ne le verrai, plus jamais je ne pourrai l’embrasser, le toucher, l’entendre rire, parler ..
 et ce plus jamais est inacceptable !!!
Heureusement mes enfants sont la pour me "forcer" a avancer, a me lever, a sortir, a manger ...

En effet, cela n efface pas notre douleur mais ce forum "fait du bien" en se disant que malheureusement, on n est pas seule dans cette situation
Je cherche a contacter des personnes qui comme toi bichette ont vécu la même chose que moi, qu'on puisse s’apporter mutuellement réconfort, soutien ... et espoir !!

a très vite de vous lire,
Bises a toutes et tous,

Adeline

Hors ligne Stana

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #10 le: 22 novembre 2015 à 20:50:22 »
  Je me retrouve beaucoup moi aussi dans tous vos récits et émotions  :'(

  Courage à vous, bibiche et les autres, je suis de tout cœur avec vous dans cette peine commune.

  N'hésite pas à nous parler dès que tu en èprouve le besoin  :-*
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

Hors ligne milou

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #11 le: 23 novembre 2015 à 11:57:21 »
Adeline,
Nous sommes nombreux et nombreuses à pleurer notre amour sur ce forum.

Il est très difficile d'accepter l'inacceptable, l’inconcevable. La douleur est intense. Le cœur et le corps souffrent.
Et pourtant, nous vivons. Certes difficilement, avec des crises de larmes, des moments de révolte, la peur de l'avenir, l'impossibilité de voir les autres et en même temps le besoin des autres, la sensation de vide, d'inutilité de poursuivre notre route sans notre compagnon ou notre compagne de chaque instant.

Ce combat intérieur est épuisant.

La mort est implacable, sans appel, et nous rappelle notre fragile condition humaine.

Nous subissons ce qui nous arrive et pourtant, nous continuons à lutter, comme nous pouvons.

La force de vie qui est en nous est sans doute plus forte, sans que nous le voulions. La flamme est vacillante, mais elle brille un tout petit peu.

Même si nous ne nous connaissons pas, sache que tu n'es pas seule dans ta douleur.
Aux moments les plus difficiles, pense à nous et partage ta peine avec nous.
Hier soir, dans ma crise de larmes, j'ai pensé à celles et ceux qui écrivent ici. Et je me suis sentie un peu moins seule avec mon chagrin.
Certes, personne ne remplace la chaleur de mon mari. Mais, chacun et chacune ici me tient un peu la main aux pires moments, et c'est déjà beaucoup dans ce chemin de douleur, si solitaire.

Prends soin de toi, malgré tout.
Affectueusement
Milou

espoir25

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #12 le: 23 novembre 2015 à 21:59:51 »
Bonsoir Milou

Merci de ton très beau témoignage ..
en effet nos vies se ressemblent tellement,
tu met les mêmes mots que moi, sauf que moi je ne les trouve encore pas tous et ça m'a fait beaucoup de bien de te lire pour enfin mettre des mots sur ce que je ressens et en effet me sentir moins seule ...
c'est égoïste mais comme tu dis , il m'est difficile de voir les gens autour de moi, de voir leur bonheur, de voir que eux continue a vivre !!! j'ai besoin d'eux et en même temps ils me font du mal
Je les envie d'avoir une vie de couple, une vie de famille belle et un mari présent ...
heureusement que j'ai mes petits amours .... magnifiques fruits de notre histoire d'amour ... trop courte ...
La maladie nous a fauché notre vie la ou on commençait à être le plus heureux : les enfants devenus grands, une complicité de couple retrouvée et .. plus rien ... quelle injustice !!!
Il m'est encore difficile de réaliser que c'est une page de ma vie qui est terminée, que cette histoire avec lui ne reprendra pas .. quels nombreux sentiments bizarres en moi depuis ces dernières semaines ..
tellement difficiles a décrire aux ais et famille qui ne vivent pas ça !!
alors merci a toutes et tous ici pour votre réconfort, vos mots,n votre soutien qui nous aident a nous sentir moins seul ...
Tachez de prendre tous et toutes soin de vous et surtout ... gardez espoir !!!
A très vite de vous lire ....
Adeline

Hors ligne milou

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #13 le: 23 novembre 2015 à 22:58:15 »
Adeline,
Tu es si jeune pour  te résigner.  Tu dois à la fois prendre soin de vos enfants et  vivre un chagrin tellement épouvantable. La vie t'impose une épreuve terrible.  Tu n'es absolument pas égoïste.
C'est un effort  surhumain de tenir debout et d'assumer ton rôle de maman.
Une heure apres l'autre. Consacre toi à ce qui te paraît essentiel pour toi et vos enfants.
Et ne cherche pas à aller trop vite. 
Accepte ton chagrin. Il est aussi fort que ton amour pour ton mari.
Pleurer,  se révolter,  être épuisée, refuser l'inacceptable, s'écarter de ceux qui ne veulent pas faire un petit effort pour te réconforter, quoi de plus normal ?
Mais toujours se relever. Aujourd'hui, pour le pire et un jour, de nouveau, pour le meilleur.

En t'écrivant, j'écris aussi pour moi.

Affectueusement.
Milou





sophiem

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Re : veuve à 33 ans, sonnée
« Réponse #14 le: 03 décembre 2015 à 22:17:58 »
Bonjour à toi Bichette!
J'ai 42 ans et 3 enfants de 13, 10 et 6 ans. Mon mari est mort d'une crise cardiaque il y a un peu plus d'un an et demi, un jour où nous étions partis tous les 2 nous promener dans la neige, sous un soleil magnifique. Il est tombé d'un coup et je n'ai pas pu le sauver, ni lui dire au revoir. Aujourd'hui encore, la douleur est là, immense, dans chaque instant de ma vie.
Je n'écris pas ces mots pour te décourager!...
Les étapes du deuil et la façon dont nous réagissons sont propres à chacune. mais je trouve le temps terriblement long!
D'abord, j'ai voulu tenir bon : il fallait que je sois forte et courageuse, pour moi (me prouver que j'allais y arriver!), pour mes enfants, ma famille, à cause du regard des autres. J'avais honte de craquer, et j'avais peur, peur de ne jamais pouvoir vivre sans lui, peur de l'avenir, de me laisser submerger par la souffrance et d'y plonger à tout jamais. Alors, j'ai tenu bon mais cela m'a épuisée et j'ai craqué 6 mois après... Arrêt de travail de 3 semaines, et depuis, je n'ai repris qu'à 85%. Ca a été une bouffée d'oxygène. J'ai passé une semaine dans mon lit à pleurer et c'était bon, douloureux mais tellement nécessaire....
Après cet épisode, je pense que j'ai recommencé à nier la douleur! toujours cette envie de me sortir de là rapidement! Alors j'ai de nouveau réprimé  au maximum, je me suis étourdie d'activité, de sorties, j'ai rencontré un homme, je me suis amusée, j'ai été une femme "normale", qui sourit, assume,... mais la carapace a fini par craquer de nouveau. J'ai quitté cet homme et tout envoyé promener. Je n'en pouvais plus de faire semblant d'être bien alors que tout mon être criait de douleur au plus profond, et que, comme personne ne le voyait, personne ne venait jamais me consoler...(qui aurait pu d'ailleurs? mais j'avais besoin de tendresse et de marque de compassion).
Lorsque l'on évite la douleur et le deuil, ils finissent toujours par nous rattraper...
Malgré tout cela, mes erreurs, mes difficultés à gérer, ma souffrance infinie, ma peur de l'avenir, mon manque de confiance en moi, je constate quand même un immense changement qui se fait jour tout doucement : je suis toujours incapable de penser à l'avenir, mais je commence à avoir moins peur... moins peur des week-ends seule avec mes enfants, moins peur des vacances, et presque moins peur des anniversaires et des fêtes!
Je commence à prendre du plaisir à décider seule de ma vie, de ce que je pourrais faire comme activité ou comme sortie, à n'avoir de compte à rendre à personne.
J'ai, depuis plusieurs mois déjà, retrouver du plaisir à partager des moments avec mes enfants, et de plus en plus, nous nous considérons comme une vraie famille à nous 4.
Et surtout, je commence à me découvrir : moi, différente après l'épreuve, je ne sais pas encore très bien qui je suis mais je change et cela me plait!
La douleur arrive toujours par vagues, aussi forte et puissante, mais de plus en plus, il y a des moments teintés de tendresse et de douceur lorsque je m'autorise à penser de nouveau un tout petit peu à lui, tout doucement....
Le chemin est long, beaucoup trop long à mon goût.
Mais je souhaite tellement trouver le bout que j'ai certainement trop bruler d'étapes! il n'empêche que je me fais aider par une psychologue et que c'est un soutient immense quand on a épuisé la famille et les amis!!!!
Voilà, je commence à apercevoir une lumière au bout du chemin!...
Je sais qu'il en sera de même pour toi un jour!!!
Je suis de tout coeur avec toi car je sais à quel point le chemin semble long et impossible.