Je suis vivant! Nous sommes vivants! Etre vivant et me l'avouer ne m'empêche pas d'aimer celle qui n'est plus là et que je pleure.
Voilà ce que je me dis en lisant vos messages.
Malgré le drame qui nous a terrassés, qui nous a mis à terre et dont, pour beaucoup, nous avons du mal à nous relever, nous sommes vivants. La preuve: même si nous pensons et affirmons, sincèrement, qu'il n'y a pas d'avenir et que l'horizon est bouché, beaucoup ici, dont je suis, rêvent, espèrent ou envisagent du moins, au fond d'eux-mêmes, la possibilité de poursuivre, un jour, leur vie à deux. J'ai d'ailleurs ressenti comme si cela m'arrivait à moi, l'émoi de Nouveau à l'origine de cette file.
Nous qui avons connu l'amour et le bonheur d'une vie partagée, ne concevons pas, pour la plupart me semble t-il, de finir cette vie seuls, malgré le malheur qui s'est abattu sur nous, malgré les souvenirs et malgré la culpabilité que ne manquent pas de susciter de telles idées.
Bien-sûr, rien n'est simple: retrouver quelqu'un qui a connu notre souffrance et nous comprendra mieux semble préférable, mais avec les risques liés aux souvenirs du veuvage multipliés par 2, ou quelqu'un vierge de cette souffrance, mais avec cette fois le risque d'être mal compris, voire pas compris du tout à certains moments.
Ce que, personnellement, je crains par dessus tout, c'est d'avoir à revivre ce qui m'a conduit à cette situation, je veux parler, pour ce qui me concerne, de la maladie de l'autre. Ce que j'ai affronté pendant des mois avec lucidité, abnégation et courage, je le crois et le dis sans gloire ni fausse modestie (à ses côtés bien-sur, d'elle, bien plus courageuse que moi, qui a su affronter la mort sans sourciller et sans jamais se plaindre), je ne pense pas être à même d'y faire face, si cela devait advenir à nouveau. Comment me comporterai-je alors?
Comme c'est compliqué tout ça. A la vie finalement de choisir; à moi, à nous de réfléchir, mais pas trop peut-être...
Amicalement à toutes et à tous.