Ma princesse Katia, ma princesse d’Amour, ma femme jusqu’à la fin de ma vie
Il y a deux ans, ta tante t’a donné cette clé USB, elle contenait un film qu’avait fait ton oncle le 12 Juillet 1980. Ce film est tourné en super8, en couleurs, muet, avec une douce musique de fond, on n’en connaissait pas l’existence, c’était le film de notre mariage.
Quand nous avons vu ce film, j’ai pleuré, c’était une telle émotion, j’avais pourtant toujours gardé ces images dans ma tête, j’attendais dans le jardin de ta grand-mère quand tu es sortie, si belle dans ta superbe robe blanche, un maquillage doux et discret dont toi seule avait le secret, tes cheveux ondulés tirés sous ton voile, sur ton visage des boucles blondes qui dansaient dans le vent, tu étais si fine, ta jolie peau dorée, des gants de soie blancs, tu tenais dans ta petite main cette gerbe de fleurs roses et blanches, tu étais si resplendissante, tu rayonnais, et tu souriais.
Les petits enfants, cousins, cousines, habillés de blanc avec une ceinture bleue, les filles ont au bras un petit panier de fleurs, ils te suivent en tenant ta traine, telle une princesse, une jeune princesse de dix-huit ans, ma princesse Katia, ma princesse d’Amour.
J’étais subjugué, mon cœur battait comme jamais, je vivais un rêve, le plus beau jour de ma vie.
Le film, je le connais par cœur.
A la mairie, la salle est trop petite pour contenir nos familles, ils sont tous là, oncles, tantes, cousins, cousines, frères, sœurs, parents, grands-parents, amis, ils viennent de loin, une cousine de mon père d’Italie.
Je dis « oui », puis tu dis « oui », je t’embrasse, tu souris, tu deviens ma femme, pour la vie.
En sortant de la mairie, tu brandis en riant ce joli livret de famille doré, signe officiel de notre union.
Nous nous sommes mariés à l’église, je croyais encore, tu respectais les traditions, tout est solennel, sérieux, tu parles, puis tu portes ta main à la bouche en riant, tout le monde rit, je me souviens, tu as dit « Michel, je te prends pour époux », parce que sur le livret que nous avait remis le prêtre il y avait écrit comme exemple « Michel », ma Katia rigolote ! Je passe l’alliance à ton doigt, je me trompe, le majeur, puis tu me tends ton annulaire, ça y est, c’est à toi, tu ne te trompes pas, tu me regardes, avec ce sourire que je n’oublierai jamais.
Tu as donné tes fleurs à la vierge Marie, pour lui demander la protection de notre amour.
On nous avait bien dit « Jusqu’à ce que la mort vous sépare », mais je ne savais pas ce jour-là, à vingt et un ans, ce n’étaient que des mots.
Pourtant, trente-neuf ans après, dans ce joli livret de famille doré, où nos deux noms sont inscrits, à la page suivante, il est écrit :
Extrait de l’acte de décès n°75 de l’épouse
Décédée le 8 octobre 2018
Mon dernier poème que tu as lu, l’an dernier, pour nos 38 ans de mariage :
Depuis ce jour où j’étais fou d’amour
Tu es devenue ma femme pour toujours
Et tous ces matins de chacun de nos jours
Merci de partager ma vie et rester mon amour
Pour toujours
PhilippeIl est toujours dans ta table de nuit, avec une petite boucle de tes cheveux que j’avais coupé, ce 12 juillet.
Au-dessus, ton beau sourire.
Tu me manques, ma femme, mon amoureuse, je t’aime pour toujours