Je prends note, pour les fleurs de Bach.
Ma fille a 23 ans, elle était très proche de son papounet, comme elle l'appelait.
Merci pour ton récit, c'est bon de réaliser que chacun fait ce qu'il peut, comme il peut, avec ce qu'il est. De réaliser aussi qu'on peut traverser des épreuves terribles sans se donner la mort.
J'ai tellement les idées à l'envers depuis qq mois, depuis le début du conflit, que je redécouvre, à travers mes lectures de romans, les réactions ordinaires des gens en cas de conflits et de contrariétés.
Non, on ne se sent pas traité injustement quand on se fait rabrouer au travail. Non, une remarque acerbe ne provoque pas autre chose que de la contrariété. Non, on ne ment pas à la personne qu'on aime, si on la respecte un peu, et non, on ne la menace pas de se suicider.
La nuit a été très difficile. Ma fille m' parlé hier soir des moments où elle entendait son père se taper la tête contre les murs, la nuit, quand on se disputait. J'avais occulté ces moments horribles, et d'autres encore, certainement.
Du coup, j'appréhende énormément ce que j'ai proposé à mes enfants pour samedi prochain.
Samedi, donc, une psychologue qui travaille avec les familles dont un membre est atteint de troubles psychiques va venir à la maison nous rencontrer pour parler de leur père, de ce qui s'est passé, et libérer la parole de chacun. L'objectif est d'éviter que des non-dits s'installent et causent des dégâts plus tard. C'est une sorte de thérapie familiale.
J'ai peur. Très peur de ce que je vais entendre, peur de me sentir à nouveau très coupable et de ne pas pouvoir encaisser.
J'ai prévenu cette psy de la fragilité dans laquelle je suis, et j'avoue ne le faire que pour mes enfants.
Mon réflexe serait de me protéger moi, de laisser tout en plan, et de fuir, d'une façon ou d'une autre.
Parce qu'en fin de compte, je ne sais pas s'il souffrait de troubles psychiques (ou moi d'ailleurs...), mais ce que je sais c'est qu'il souffrait énormément de la dégradation de notre relation, qu'il allait de plus en plus mal. Et que j'en suis responsable au moins en tant que lui.
C'est mon insistance à vouloir que les choses changent, qu'il reconnaisse et assume ses actes qui l'a poussé à bout. Je ne peux pas me pardonner d'avoir laissé mourir l'homme que j'aimais. Il avait beau dire qu'il avait changé, qu'il était prêt à prendre une place d'homme à la maison, il restait très dépendant de moi, de sa fille, et d'un de ses collègue au boulot (qu'il collait et appelait en permanence). J'aurais dû l'accompagner davantage. Ses mensonges, son manque de considération envers moi ne pèsent pas lourd dans la balance à côté de sa mort atroce.
Je continue à le voir comme une victime. Victime de son passé, en premier lieu, mais aussi de notre présent, par ma faute.
Il me faudrait, pour éliminer cette saleté de culpabilité, vos messages rationnels et déculpabilisants sous forme de perfusion...
Heureusement que ce forum existe.