Malome,

Merci pour ce mot et ces pensées. Comme d'autres ici tu trouves toujours un moment pour écrire un mot de réconfort aux uns et aux autres et ça fait toujours du bien. J'espère que tes nuits sont le plus paisibles et reposantes pour toi aussi.

qiguan,

Merci pour ton message. Avant cet "événement" qui m'a emmené sur ce forum, j'ai toujours été curieuse et ouverte à ce que certains appellent le "paranormal" mais en gardant toujours un peu de recul et de "scepticisme". Ce n'est pas vraiment le mot adéquat mais je n'en trouve pas d'autres. Maintenant je fais un peu plus de recherches dessus. Je crois qu'il y a le besoin de "trouver un sens".

Sinon une question par pure curiosité, comme j'ai lu que tu travaillais avec la médecine chinoise, est-ce que ton pseudo à une signification ?

Marie,

Tu m'as fait rire avec ton "Tant que tu as le pied levé...". Et considérant que la plupart du temps quand je viens lire ou écrire sur ce forum j'ai plutôt la larme à l'œil, ça fait du bien. Alors merci. Ce n'est pas grand chose, juste un bout de phrase mais ces petits bouts de "positifs" sont importants.
Je ne sais pas si ça pourra faire sourire certain(e)s, même un instant, mais je vais raconter une anecdote qui a fait que, quelques instants après le décès de mon épouse j'ai eu un court moment de sourire dans ce cauchemar.

Quand j'étais enfant, les années 80, mes parents on fait l'acquisition d'un magnétophone... Oui c'est peut-être rien, mais pour moi c'était fabuleux, et entre autres je l'ai utilisé pour m'enregistrer en train de lire des livres de classe ou pour chanter des chansons que j'écrivais. Oui c'était aussi l'époque du Top 50 à ce moment là....J'avais écrit une chanson sur un cheval sauvage que l'on avait surnommer "Eclair" parce qu'il filait aussi vite qu'un ... éclair, mais que les hommes essayaient d'attraper. Je me suis donc enregistrée chantant cette chanson, accompagnée d'une guitare dont je ne savais pas jouer et qui de toute manière n'était pas accordée. J'ai gardé les cassettes et je les ai faites écouter à MF.

A un moment dans la chanson il y a cette phrase "Quelqu'un lança un lasso". Je n'articule pas terriblement sur la cassette, mon épouse comprenait "Quelqu'un lança un seau" ... hein pourquoi quelqu'un lance un seau ? ça la faisait rire de se remémorer ce passage.
La suite c'est : "Eclair était pris ... mais non !!! parce qu'il n'était pas tout à fait fatigué". Ce n'est pas facile de faire passer par écrit à quoi ressemble ce bout de chanson mais il faut imaginer un moment plein de "suspense" et de "dramaturgie".

Ce passage faisait aussi beaucoup rire mon épouse, et ça revenait à plusieurs occasions sous la forme "c'est ceci ... mais non !! parce que ce n'est pas tout à fait cela". Je n'ai plus d'exemples en tête mais c'est pour donner l'idée.
Ce 19 août 2024 quand sa respiration s'est transformée en apnées successives avant la dernière, il y avait cette question qui revenait en fond : "Elle est partie ?". J'ai repensé à cet instant ce jour là et ce passage de ma chanson est venu se greffer là-dessus :
"Elle est partie ? .... Mais non !!! Parce qu'elle n'était pas tout à fait morte"
ça m'a fait sourire, c'est pathétiquement de l'humour noir mais c'est exactement le genre d'humour qui l'aurait fait sourire y compris pour elle-même. Je l'ai d'ailleurs écrit dans ma lettre pour elle en lui disant "une dernière petite blague hein ?"

Voilà, si ça peut apporter juste un sourire c'est déjà ça. Moi ça me fait du bien de me le rappeler.

Nathalie

Merci Qiguan pour ta réponse. C'est très beau comme signification et c'est très beau comme utilisation pour te désigner de la part de ton aimé
Amitiés

Bonsoir Nathalie,

Le rire n'est-il pas la politesse du désespoir ?
Apparemment, nos parents nous ont bien élevées toutes les deux. Et de là où elle t'observe, ta conjointe a dû se tordre de rire quand tu as repensé à ta chanson.
Que la force de continuer malgré tout ces blagues qui étaient l'un des traits de votre complicité mutuelle ne te quitte jamais,  cela fait partie de ton héritage et garde au loin toute forme d'oubli.
Je t'embrasse,
Marie

Bonjour Nath

Il y a une petite voix dans ma tête qui me dit parfois, quand je pense à faire telle ou telle chose, "Pour qui tu fais ça ?
Juste pour toi". J'essaie de lui dire à cette voix "J'te cause pas toi, je ne t'ai pas demandé ton avis".
La petite voix te dit" tu le fais pour toi, mais aussi pour elle "   Elle n'est plus là ou elle devrait être, mais elle est est partout avec toi
 Quand aux livres  que tu as surement achetés c'est un bon choix , je les ai lu parmi tant d'autres, et le deuxième à mon humble avis ouvre des voies à la réflexion , et pour ma part me conforte dans mes idées , je te souhaite de trouver de l'aide et te conforter dans ce que tu vis actuellement est normal  , et que ce chemin est long , et comme nous  un jour après l'autre tu vaincras , le combat tu connais !!!!
Toutes mes amitiés
Marie-claude

Marie-Claude,
Marie,

La petite voix dans ma tête était plutôt moqueuse. Mais c'est vrai que c'est un bon conseil, continuer à se dire que l'on fait toujours les choses pour 2, on n'est juste pas sur le même plan d'existence et il n'y a pas de wifi, de 4G ou 5G pour communiquer mais on finira par trouver un autre moyen de connexion.

J'ai conscience de n'être qu'au tout début de ce long marathon, pas loin de la ligne de départ, et je sais qu'il n'y a pas vraiment de ligne d'arrivée. Juste continuer à courir, marcher en attendant le moment où il y aura assez d'endorphines pour rendre la douleur supportable. Je dois être encore au premier stade, celui du choc et du déni. Intellectuellement je sais que mon épouse est décédée, j'ai assisté aux derniers moments. Mais quelque part mon inconscient ne l'a pas assimilé. Je fais les choses jusqu'à ce que ... Jusqu'à ce qu'elle rentre à la maison, j'irai la chercher à la gare ou ailleurs. Et je me rends compte de ça. J'avais essayé de prendre le temps de penser à cet état d'esprit mais alors j'ai entrevu LA vérité de la situation et j'ai vite arrêté, c'est comme plonger la main dans une plaie béante, ça fait vraiment trop mal. Mon cerveau n'est pas encore prêt. Comme le dit le docteur Fauré, le processus de deuil c'est très intelligent, ça préserve notre santé mentale, il faut aller à son rythme, pas plus vite que la musique.

Il m'est venu d'autres bon souvenirs qui apportent le sourire et je vais le partager ici. Cela doit remonter à au moins 25 ans mais c'est quelque chose que MF re-racontait régulièrement. C'est un peu doux-amer parce que c'est un rappel de tous les problèmes qu'elle a pu connaître mais je ne vais garder ici que le rire.

Donc on travaillait toutes les deux à l'époque dans une grande entreprise avec un travail plutôt de manutention et de gestes répétitifs. Comme je le disais au début de mon fil, mon épouse avait des problèmes de santé depuis très longtemps, et là c'était parfois difficile. Elle avait donc fait des démarches pour demander d'autres horaires. Je ne rentrerai pas dans les détails. Ce qu'il faut juste savoir, c'est qu'un jour, elle se retrouve avec un délégué syndical et la directrice des ressources humaines madame N. Mon épouse s'adresse au délégué syndical et, en parlant de madame N., elle explique : "Elle a dit ceci, elle a fait cela...". Le délégué syndical dit à un moment à MF : "Pourquoi vous dîtes elle ?".
Ce qui était implicitement dit ici c'est qu'il était a priori pas assez poli ou respectueux de dire "elle". Il aurait fallu dire "Madame N. a dit ceci, Madame N. a fait cela". Mais allez attendre d'une personne autiste qu'elle comprenne cet "implicite". Même moi qui comprend un peu le côté implicite de certaines situations, pas sûre que j'aurais saisi le problème.
Donc après réflexion, MF se tourne sérieusement vers madame N. et dit "Oh excusez moi je ne savais pas que vous étiez un homme !". Puis elle se tourne à nouveau vers le délégué syndical et continue tout aussi sérieusement :"Donc il a dit ceci, il a fait cela...". Les "pauvres" ils ne savaient pas à qui ils avaient à faire.
Une petite phrase aussi que MF avait dit à madame N. Oui encore elle. Mon épouse voulait savoir à combien de jours de congé elle avait droit. Sauf qu'elle a demandé combien de mois par jour elle avait droit... Je vous laisse méditer sur cette phrase.
Amitiés.

Nathalie

Tu as raison Qiguan, l'image de l'ultra trail est bien plus appropriée.
Merci comme toujours pour tes mots et je te souhaite aussi plein de douceur dans cet ultra trail.

Marie,
Savoir que ça t'a fait sourire m'a fait très plaisir. C'est le but de partager ces souvenirs.

Pour la lucidité dont tu parles dans le cheminement de deuil, je n'aurais jamais eu cette lucidité si je n'avais pas découvert ce forum avec ces témoignages et ces liens précieux. Au début de ma recherche sur le deuil je suis tombée sur des "classiques" qui explique les 5 phases de deuil, chaque article est plus ou moins un copier-coller de l'autre. Il y a cette affreuse expression "faire son deuil". Genre "je fais la vaisselle", "je fais du sport" ou plein d'autres choses, et hop ! une fois que j'ai fait, c'est fini, c'est plié, c'est rangé on n'en parle plus et surtout.. ça va beaucoup mieux !

Oui c'est sarcastique et je caricature mais c'est quand même un beau tas de c....Je cherchais comme beaucoup la réponse à quand j'arrêterai d'avoir mal. Et dire que dans ces articles ça parle de durée de deuil entre 1 an et 1 an et demi. Les explications du deuil trouvées ici sont tellement plus sensées. Même si paradoxalement on apprend que merde, ça sera encore beaucoup plus long que ça, que ça ne finit jamais vraiment, qu'il y aura pire que maintenant, malgré tout ça, on ressent un certain "réconfort", une validation de ses émotions.

Je vous souhaite la moins mauvaise journée à toutes et tous.

Nathalie