Ce matin, soleil lumineux.
J'entends nos voisins et voisines.
Ceux qui ne disent jamais bonjour, tu te souviens ?
Grand bruit dans la rue : voitures, éclats de rire, conversations bruyantes...
Comme une nécessité d'étaler leur vie au soleil, de montrer qu'ils sont heureux, occupés, complices, amis, que leur vie est tellement interessante qu'elle concerne tout le monde.
Cet étalage, bruyant et impudique, m'aurait vrillé le coeur, il y a quelques semaines.
Ce matin, il me laisse totalement indifférente.
Je te parle et nous sourions ensemble.
J'écoute les poules caqueter et les coqs faire les beaux au milieu de cette basse cour sonore.
Je leur souhaite, à tous et à toutes, de ne jamais être foudroyés par un cancer, un accident, un suicide...
Mais je suis certaine d'une chose, si un jour un tel malheur devait leur arriver, la rue redeviendrait silencieuse et calme, car ces amis et complices des jours heureux disparaitraient vite fait, comme des poules fuyant le renard....
Je ne suis pas triste ou aigrie de cela, mais toujours et encore étonnée de la totale indifférence de notre monde à la mort et de l'irrespect que cette indifférence créé à l'égard des endeuillés.
Lorsque j'étais enfant, dans notre village, certes rempli de cancans insupportables, une telle attitude devant une maison en deuil aurait choqué. Et gare à nous, les enfants, s'ils nous prenaient l'envie de jouer devant le pas de la porte.
Mes chers voisins, je vous laisse à votre samedi, apparemment et bruyamment si heureux.
Je m'en vais penser à toi, mon cher et tendre époux, dans le silence qui me devient si cher et si nécessaire.
Le bonheur ne s'étale pas. Il se partage, comme le chagrin.
Je vous embrasse, et particulierement les mamans orphelines de leur enfant.
milou