Auteur Sujet: TROUVER UN PEU DE RECONFORT  (Lu 11362 fois)

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clara

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Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #15 le: 22 novembre 2012 à 12:47:12 »
bonjour Géraldine
oui,tu es lasse, fatiguée ... Moi aussi  :-\
je connais tes problèmes, nous avons les mêmes ... moi ausii mon fils est "accro" aux jeux vidéo à telpoint que lorsqu'il n'arrive pas à se gérer, je lui enlève son clavier.
oui il refuse notre autorité, je dirais même ils refusent notre autorité.
maintenant, sur un fil de Caro du Québec, elle a dit en parlant de sa fille qui elle aussi remettais en cause l'autorité : "c'est moi LE parent, et c'est tout"
alors quand les uns ou les autres commencent à argumenter oui, mais ou tu ne comprends pas, je place régulièrement "c'est moi le parent et c'est tout"
ce n'est pas gagné, mais je m'exerce tous les jours sur de petites choses ... pour l'instant sur des détails pour ensuite pouvoir aller à l'essentiel.
Il y a deux jours j'ai eu une discussion avec mes jumelles de13 ans (on était toutes les trois le soir,les "grands" étant de sortie) et là, j'ai parlé de ce que je ressentais ... alors au début les grandes phrases "oui, mais tu compares nos peines, nous aussi on souffre" ...
Ca c'est la grande phrase qui fait culpabiliser un peu plus !
et puis, j'ai réussi à trouver les mots qui font la différence entre un deuil de conjoint et un deuil de père :
  • oui, vous avez de la peine, vous êtes malheureuses mais moi aussi
mais je suis là moi, pour veiller sur vous et qui veille sur moi ? qui me protège ?
  • qui assure tous les jours votre quotidien ?
    qui assure le mien ??
  • qui est là pour vous à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ?

qui assure votre sécurité ?

bon le réchauffé n'est jamais aussi bien que ce que j'ai dit ce soir là, je ne cherchais pas à les culpabiliser mais juste à ce qu'elle prenne conscience de notre vie sans lui..

tu as de la chance déjà qu'il veuille bien aller voie quelqu'un : moi, c'est hors de question, il ne veut même pas en entendre parler ...

tout va finir par se calmer et puis,au pire, s'il gâche son année, ce n'est pas très grave ...

tu es maintenant LE parent, et c'est toi qui mène la barque comme tu peux avec les moyens dont tu disposes aujourd'hui ... demain tu seras peut-être moins fatiguée, plus d'attaque ...
courage Géraldine, courage

je t'embrasse très fort

Claire

PS : ce qui est très dur,c'est qu'à notre cheminement de deuil, s'ajoute des conflits intra familiaux alors qu'on aimerait tellement "obtenir"la paix entre eux

PS bis : lorsqu'un élément change ou disparait dans une famille, il faut que tout le monde trouve sa place et ça demande du temps ...  [/list][/list]

Hors ligne Méduse

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Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #16 le: 22 novembre 2012 à 13:21:22 »
Oui, Géraldine, je pense comme Cathy et Claire, qu’il faut que tu t’occupes de toi et que c’est bien que ton fils puisse parler à un psychologue. Je ne suis pas allée voir de psychologue, mais peut-être, tu pourrais trouver des conseils et un soutien direct pour toi par cette voie.
Je ne comprends pas l’attitude de l’école. Ils ne semblent avoir aucune compréhension pour ton fils. De perdre son papa alors qu’on a déjà du mal à se construire est très difficile. Peut-être que tu pourrais trouver des livres sur le sujet.
Tu dis qu’il était très proche de toi quand il était petit. C’est sans doute d’autant plus difficile de couper le cordon pour lui. Mon expérience, c’est que la fille qui était la plus douce et sensible a fait l’adolescence la plus dure et celle qui était rebelle depuis toujours, son adolescence est pratiquement passée inaperçu. Elle n’avait pas besoin de se détacher puisqu’elle était très indépendante d’esprit depuis toute petite. Je m’inquiétais beaucoup pour mon ainée et mettais de la pression sur elle quand elle « se laissait aller ». Je n’ai pas compris qu’elle était réellement malade (syndrome Borderline). Elle est devenue anorexique à 22 ans et a mis fin à ses jours. Alors, je me dis maintenant que mes soucis pour son avenir professionnel étaient des soucis secondaires.  Je connaissais une mère qui était très confiante face à l’avenir de ses enfants, même s’ils redoublaient. Elle pensait que tôt ou tard, ils allaient s’en sortir. Elle réussissait à ne pas leur mettre de pression pour les études. Je pense que c’est elle qui avait raison. Mais cela ne veut pas dire que tu ne lui impose pas certaines règles.
Par contre, c’est dommage que ton fils n’ait pas pu suivre la formation choisie. N’y aurait-il pas la possibilité qu’il fasse quelque chose qui lui convienne ?
Je crois que ton fils t’aime certainement. Il ne faut pas prendre sa rébellion personnellement. Elle est de son âge. As-tu l’occasion d’entreprendre encore des choses avec lui où vous ne serez pas en conflit ?
Tu n’en peux plus : Pourquoi ne pas le dire à tes enfants et que tu as besoin de leur aide, puis partager les tâches de la maison entre vous trois ? D’ailleurs, pourquoi tu demanderais plus à ta fille qu’à ton fils ? Cela pourrait le responsabiliser.
Bon courage à toi.
Méduse

Hors ligne angelik

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Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #17 le: 22 novembre 2012 à 17:44:52 »
Bonjour Géraldine
Comme d'autres l'ont dit, je pense que ton fils est en souffrance et qu'il l'exprime ainsi. Mais je sais aussi combien c'est difficile.

J'ai élevé seule mes deux aînés (divorce) et à leur adolescence, je me suis souvent sentie démunie et impuissante. C'est trop difficile de tout gérer seule et c'est bien que ton fils accepte de consulter.

Ma situation m'a amenée a beaucoup lire sur le mal-être des jeunes, et je viens de lire "Ados en vrille, mères en vrac" de Xavier Pommereau, psychiatre en lien avec ce site. Il évoque des situations différentes concernant le mal-être des jeunes et des pistes pour s'en sortir.

En espérant que cela puisse t'aider
Chaleureusement
Corinne
chaque fois que tu sentiras le vent sur ton visage, c'est moi qui vient t'embrasser...

Géraldine

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #18 le: 23 novembre 2012 à 10:27:18 »
Bonjour à toutes,

Je vous remercie pour vos témoignages (je vois que je ne suis pas seule dans ce cas) que j'ai lu avec attention.

Je vais essayer d'être plus forte pour affronter cette épreuve seule, comme le rappelle Claire, dorénavant "c'est moi le parent, et je dois mener la barque". Je consulte également une psy depuis peu, qui me conseille et me donne des armes pour affronter seule cette nouvelle épreuve, j'avoue que jusqu’à présent, je n'en n'avais pas la force, mais il va falloir que ça change pour le bien de toute la famille, en tout cas, je vais essayer.

Je vous remercie d'être là et de partager avec moi vos expériences.

Auriez-vous des titres de livres qui parlent de la mort à un ado car je n'aie jamais abordé ce sujet avec mes enfants, et ils doivent se poser bien des questions. Je vous en remercie par avance.
A bientôt j'espère.
Géraldine

clara

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Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #19 le: 23 novembre 2012 à 14:16:56 »
bonjour Géraldine  :)
ton message m'a un peu interpellé ... tu dis que tu n'as jamais parlé de la mort à tes enfants ... mais tu parles de la mort en général ou bien de la mort de leur père ?
Merci de me répondre  ;)
Claire

Chris-ka

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #20 le: 23 novembre 2012 à 14:27:36 »
Géraldine,

J'ai relevé un livre qui pourrait t'intéresser :

"L'adolescence et la mort - Approche psychanalytique" de Yves Morhain

Tout comme Claire, je suis aussi surprise que tu n'aies pas abordé ce sujet avec tes enfants puisque vous y êtes aujourd'hui confrontés mais peut-être ton message était-il mal exprimé !

Amicalement,
Karine

clara

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #21 le: 23 novembre 2012 à 14:39:48 »
Karine,
je voulais juste te faire un gros bisou  :-* parce qu'hier soir j'ai lu ton histoire et que le mien aussi est mort comme ça ... c'est une grande détresse ...
une réponse d'un copain médecin m'a "réconforté" : c'est une chose que les médecins n'expliquent pas et lui comparait ça à une prise qu'on débranche et puis il n'y a plus de courant .
point .
 :-*  :-*  :-*
Claire

Chris-ka

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #22 le: 23 novembre 2012 à 15:03:16 »
Merci Claire,

Et bien je l'accepte avec plaisir ce gros bisou ...

On m'a annoncé son décès en me disant "son coeur s'est arrêté de battre ..." mais moi qui ai toujours besoin de tout comprendre, et bien là je ne comprends pas comment c'est possible, cela reviendrait effectivement à dire que nous ne sommes qu'une machine qui peut s'éteindre à tout moment ...

Après demandes de ma part auprès d'un médecin et d'un cardiologue, ils ont tenté de nous expliquer ce qui s'était passé mais je n'ai rien compris à leurs termes techniques et mes filles encore moins ...

Je t'embrasse à mon tour
Karine

Géraldine

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #23 le: 23 novembre 2012 à 17:35:26 »
Bonjour,

Oui je me suis mal exprimée (quoique) en fait je cherche un livre sur le deuil qui s'adresse à des ados.

Mais il est vrai aussi que depuis ce drame, nous n'avons jamais parlé de la mort de leur père ou de la mort en général, depuis 16 mois, nous ne parlons jamais de lui (car les larmes me montent vite aux yeux) ni en famille, ni avec les amis, ni avec mes collègues de travail, nous sommes encore sous le choc.

Il est parti comme tous les matins à son travail, et le soir, un policier est venu m'apprendre qu'il était décédé. Il ne reviendrait plus, jamais... ma fille le revoit encore ce matin là dans le couloir avec son V.T.T (car il allait faire du vélo avec des collègues en sortant de son travail) elle ne lui a pas dit au revoir car elle le reverrait le soir même, cette dernière image la hante sans cesse, moi je ne l'aie pas vu partir ce matin là, il me reste en tête son sourire de la veille.

Mon fils ne veut pas en parler, j'ai pourtant essayer à plusieurs reprises, mais il refuse, c'est pour cela que j'ai insisté pour qu'il voit un psy.

Je pense avoir réagit il y a seulement quelques semaines, et en regardant les modules d'accompagnement, mon état ressemble à l'étape 7 phrase 3.

Voilà, vous savez tout.

Géraldine

Chris-ka

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #24 le: 23 novembre 2012 à 18:01:23 »
Géraldine,

Alors la, il me semble effectivement que s'être tus au sein de votre famille depuis le drame qui vous a touché n'est pas très "sain" et comme tu peux le constater toi même, tu le payes chèrement maintenant, d'où aussi peut-être l'attitude de ton fils ...

Mais il me semble que cette situation peut être remédiable.

Des le jour du décès de Christophe, nous n'avons pas eu d'autre choix que d'en parler immédiatement puisque ça s'est passé à la maison et qu'elles ont compris tout de suite ce qu'était la mort (une absence irrémédiable), puis s'en sont enchaînées beaucoup de questionnements auxquels j'ai toujours répondu (même si parfois certaines questions me stupéfiaient dans le style "tu vas trouver un autre mari maman ?") et puis au fil du temps, moins de questions mais nous parlons beaucoup de leur papa, évoquons des souvenirs, pensons à lui quand il aurait aimé telle ou telle chose, et ça c'est primordial pour moi, continuer à le faire vivre à travers nous pour ne pas oublier et il n'y a qu'avec mes filles que je peux le faire, notre entourage évitant maintenant le sujet ...

Pourquoi ne pas prévoir une petite réunion familiale pour parler enfin franchement même si celle-ci va certainement vous remuer, vous secouer durement, vous faire pleurer, mais il me semble nécessaire et urgent que vous ne gardiez plus pour vous seuls vos sentiments ...

Je t'embrasse
Karine

clara

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #25 le: 24 novembre 2012 à 00:21:24 »
bonsoir Géraldine,

je rejoins Karine dans sa réponse

je pense que je vais être très longue, alors, prends le temps ...

je vais être obligée de raconter mon histoire (glurp's)

alors voilà :

mercredi 11 janvier 2012 à 12h30, mon mari (après avoir planté son rosier et appelé ses parents ...) me dit qu'il va chercher les filles (nos jumelles) à l'arrêt de car (on vit , vivait bref je ne sais plus ... en province)

le car est censé arriver à 12h35 et le trajet dure 5mn à peine en voiture... Je continue de préparer le repas (on recommence à 13h30 tous les 2 on travaille ensemble)

je ne sais même plus quel temps employer alors je choisis le présent car l'imparfait me semble si ... imparfait

bref, j'écoute la radio (nostalgie pour ne pas la citer ... on adorait chanter ensemble des vieux tubes)

et puis le temps passe ... je commence à me poser des questions et surtout à rager contre les cars scolaires toujours en retard .Et puis, l'inquiétude, je regarde l'heure, il est (je ne sais plus exactement) 13h50 et là comme un grand stress, j'ouvre la fenêtre de la cuisine (j'habite à la campagne, une vieille maison de plein pied) et je vois une de mes filles arriver à vélo ... je lui demande ce qu'elle fait et me réponds qu'elle range son vélo (je me dis "elle a du se faire engueuler par son père parce que ce vélo trainait encore) je pense voir arriver la voiture et voilà l'autre qui pointe le bout de son nez  à pied et je leur demande (et là tout va très vite, c'est presque de l'instantané)
 mais ? vous n'avez pas croisé papa ?
non ... et l'une d'elle me réponds : mais il est là, dans le garage en train d'écouter la musique dans la voiture ...
je me dis (dans une dynamique de vie) tiens, il a du attendre à l'arrêt de bus et puis comme il n'était pas très patient il a du revenir ... et en même temps je demande à ma fille (et le problème c'est que je suis incapable de savoir à laquelle des deux j'ai demandé)
va voir
et au moment où je prononce ces mots, je cours, je cours mais trop tard, elles l'ont vu en première et me crient "maman il fait un malaise, appelle les secours". Elles ont 12 ans et 2 mois
j'arrive, mon mari est dans la voiture,le contact allumé et au fond de moi, je sais qu'il est déjà mort.
Pourtant et là, c'est un peu le "black out" j'appelle les secours, il y a un problème de téléphone qui ne porte pas jusqu'au garage, mon portable est introuvable, et toutes les trois ,on essaie d'une part de "réveiller" mon grand Jo et d'autre part d'appeler les secours en expliquant à je ne sais combien de personnes différentes que mon mari fait un malaise cardiaque et qu'il faut venir au plus vite...

bref, le médecin régulateur a fait envoyer les pompiers, alors qu'il fallait le SMUR mais je sais au plus profond de moi que lorsque je l'ai vu, il était déjà parti pour d'autre contrée ...

ils n'ont bien sûr rien pu faire pour lui, et nous ont fait attendre (ma mère, mes filles et moi) 45mn avant de nous annoncer le verdict fatal.

il parait que c'est le temps "convenu" pour que la famille accepte.

Ensuite ... j'ai deux autres grands enfants ... un qui était interne et l'autre en contrat de professionnalisation.
tous deux à 1h de la maison
Comment faire pour les "rapatrier" pour ne pas leur annoncer ça au téléphone ?

une de mes voisines est allé chercher mon fils à l'internat (je lui avais dit papa a fait un malaise cardiaque)
et j'ai eu la chance que ma sœur soit en vacances dans la même ville que ma fille ainée : c'est elle qui me l'a ramenée (sans savoir non plus qu'il était mort)

Alors Géraldine, tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça ?

hé bien voilà :nous ne sommes plus que cinq maintenant dans cette famille et un soir, j'ai réuni les deux ainés et puis je leur ai dit : allez, maintenant à vous ... moi, je vous ai menti pour la 1ere fois de ma vie mais vous ? qu'avez vous ressenti ?

Au début, ils ont hésité , puis très vite, tout est remonté, l'angoisse, la colère, la peur, le manque, le désespoir ... et nous avons pleuré ensemble

puis ensuite, j'ai parlé avec les jumelles de la même façon, elles, en plus de la mort de leur père, elles ont eu le traumatisme de le découvrir (avant moi... et moi, c'est la culpabilité)  :-\

et enfin, nous avons réussi à en parler tous les cinq, avec beaucoup d'émotions certes mais avec l'impression d'être redevenu une famille même sans lui.

 
Si tu ne pleures pas devant tes enfants, ils ne s'autoriseront pas à pleurer

Si tu n'évoques pas avec eux ce que tu as ressenti à l'annonce de la mort de ton mari, ils ne pourront pas le faire

Et oui, encore une fois, nous sommes le moteur de la famille, et même si c'est douloureux, il faut en passer par là.

je n'ai pas la science infuse, mais je pense que je ne me trompe pas trop...

Arrêtons la pudeur mal placée, appelons un chat un chat et la mort la mort ...

ensuite,et seulement ensuite, on peut l'accepter ...

J'espère ne pas avoir été trop dur ni trop moralisatrice... si c'est le cas,je m'en excuse d'avance

Claire


cathy

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #26 le: 24 novembre 2012 à 07:30:53 »
Bonjour Géraldine,

Il va m'être très difficile, après le message de Claire, de trouver les mots.
Je me lance pourtant car le fait que tu n'aies pas parlé à tes enfants de la mort de leur père, et que vous ne l'évoquiez jamais entre vous est une situation qui, à mon humble avis, devrait prendre fin, autant pour toi que pour eux.

Ton désir de trouver des bouquins sur le deuil, destinés aux ados est bien sûr une bonne chose mais rien ne remplacera jamais tes mots et tes émotions pour évoquer la mort de ton mari avec tes enfants.

Notre fils (il a 21 ans) n'a pas revu son papa après la dernière soirée que nous avons passée tous les trois, puisque mon mari est parti travailler le matin bien avant qu'il ne soit réveillé.

En revanche, lorsque j'ai été appelé par téléphone, nous nous sommes rendus ensemble à l'hôpital.
Malheureusement, trois heures après, mon mari n'avait toujours pas pu y être transporté, son état  n'était pas suffisamment stable. En revanche, le médecin du samu nous a téléphoné et il était très alarmiste, j'ai eu un malaise au téléphone. Mon fils était près de moi, nous nous trouvions devant les Urgences et c'est lui qui a géré mon malaise en appelant des infirmières. Dans l'état semi conscient dans lequel j'étais, je me suis dit que je n'avais pas le droit de flancher comme ça, le désespoir et la peur que je lisais dans ses yeux me bouleversaient.
J'ai donc pris sur moi pour le protéger, je lui ai brièvement dit que l'état de son père était critique et qu'il fallait attendre que l'hélico puisse le transporter, de toute façon, il l'avait très bien compris, mais je pense qu'il fallait qu'il l'entende de ma bouche. Son regard perdu alors... j'y ai lu la peur, oui surtout la peur, il était dépassé par ce qui arrivait et j'ai alors réalisé qu'il ne souhaitait peut être pas rester avec moi à attendre.
J'ai proposé tout doucement qu'il se fasse raccompagner par un ami à la maison et il en a été tellement soulagé ! Nous nous tenions au courant par téléphone, et je le savais chez nous, "en sécurité" avec son ami.

Il s'est ensuite avéré que mon mari avait été victime d'une rupture d'anévrisme, l'hémorragie avait été très importante. Il a fallut 48h avant que la mort cérébrale ne soit prononcée. Mon fils n'a jamais voulu aller au chevet de son père, je pense que c'était sa façon à lui de se dire qu'ainsi, s'il n'acceptait pas la réalité, ça ne pouvait être qu'un mauvais rêve...

En revanche, je lui transmettais toutes les informations que j'avais, je ne me suis jamais autorisée à lui mentir, je n'ai jamais caché la gravité de son état, même lorsqu'il était sûr que son papa allait s'en sortir. De lui même, il ne me posait jamais de questions, mais lorsque je lui demandais "s'il voulait savoir" il était impatient que je lui dise ce qui se passait.

Ensuite, j'ai dû lui annoncer la mort de son papa et j'avoue aujourd'hui que je ne me rappelle aucun des mots que j'ai employés, seul me reste son regard incrédule et perdu et enfin, ses larmes.

Depuis ce jour, nous évoquons très souvent son père, je lui raconte même des petites anecdotes sur lui qu'il ne connaissait pas. Dans ces moments là, nous sommes de nouveau tous les trois et c'est bon, même si c'est parfois douloureux aussi.

Je reste persuadée qu'il  faut que tu parles de ton mari avec tes enfants. Le dialogue, surtout avec ton fils, ne pourra être renoué que lorsque vous parviendrez à partager vos émotions, si douloureuses soient elles.

Bien sûr, je ne suis pas psy et cette opinion est seulement la conclusion de notre vécu, à notre fils et à moi.
Les livres en revanche peuvent t'aider à choisir tes mots, même si avant tout tes enfants ont besoin d'entendre l'expression de tes émotions à toi.

Je me rends compte que j'ai été très longue aussi, je vais m'arrêter là. Parle de lui à tes enfants, encore et encore, ils en ont besoin, j'en suis certaine.

Je t'embrasse fort
Courage Géraldine
Cathy

tiobob

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #27 le: 24 novembre 2012 à 10:44:55 »
Geraldine,

te voici confrontée à une grande difficulté: comment parler de la mort, de celle  de notre compagnon ou mari, avec les bons mots?
La douleur est tellement lourde, comment faire pour qu elle n ecrase pas nos petits comme une massue?
C est difficile de trouver la bonne attitude à adopter .

En parler c est bien sûr, pas trop pour ne pas en faire un élément qui ronge notre vie en permanence, pas trop peu non plus car la souffrance  doit pouvoir se dire pour que nos enfants s autorisent à dire là leur à leur tour...si ils le souhaitent.
Leur donner l exemple en acceptant de livrer une part de sa peine, mais leur montrer aussi que nous sommes toujours là, présente pour eux...
Difficile de  donner l image du parent qui tient debout quand on se sent si vacillant, si fragile.Leur parler c est prrendre un risque sur notre "credibilitté parentale".Sommes nous capable d en dire assez sans  dire la destruction interieure que nous ressentons?
Et pourtant, il le faut.

Il faut qu ils puissent nous entendre, aussi sur nos difficultés à gérer le quotidien seule quand tout etait partagé à deux.
Il faut que nous leur parlions pour aprivoiser ce moment douloureux, lui donner un nom, lui peindre nos émotions, et enfin ils pourront eux aussi s autoriser à le faire.

Et s ils ne le font pas?
Ne pas les obliger à parler,ne pas leur faire violence en s introduisant de force dans ce lieu retiré au fond d eux même où ils ont caché leur peine.
Le travail se fera de lui même.A l ecoute de nos mots leur cheminement se relance, se poursuit, un peu comme nous avançons nous même sur ce forum en cheminant auprès des mots de l autre.
Le deuil est un cheminement personnel, intime, solitaire, pour nos enfants comme pour nous même, et il faut savoir le respecter.
Comme pou nous même ne pas heurter, ne pas bousculer, ne pas chercher à tout prix à tout faire sortir sans prendre en considération le rythme de chacun.
Juste continuer de parler  de son deuil à soi, avec des larmes qui coulent aussi parfois car il faut accepter aussi de montrer à nos enfants que nous avons mal, sans excès mais avec confiance.

Je suis longue et confuse moi aussi, sur ce sujet qui soulève tant d emotion.
Je m arrete là pour le moment, en esperant avoir été utile.

bonne journée


tiobob

QUENOUILLE87

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #28 le: 24 novembre 2012 à 13:00:21 »
Bonjour Géraldine

Mon cas est un peu similaire, sauf que j'étais seule quand j'ai trouvé mon mari mort dans notre lit, alors que tout allait bien la veille.

Après une heure passée par le SAMU à tenter, tenter quoi au fait, j'avais tout de suite vu qu'il était mort....j'ai dû appeler mes deux filles, l'aîné qui habite à quelques kilomètres de la maison, l'autre à plus de 500 kms, qui fait ses études.

Quand j'ai dit à ma fille aînée que son papa avait fait un malaise cardiaque, elle m'a tout de suite demandé :"comment il va" Et là, de devoir annoncer à sa fille que son papa chéri, son idole, l'homme qu'elle admirait et qu'elle aimait le plus au monde, est mort, c'est horrible. C'est quelques secondes où l'on souhaite mourir à son tour. Et quand il faut recommencer la même chose pour sa deuxième fille.....

Mon aînée, après les obsèques, n'a plus voulu que l'on parle de son père. Il fallait continuer à vivre, sans l'évoquer, parler d'autres choses. Au début, je suis allée dans son sens, comme je l'avais fait avec mon mari lorsque notre fils est mort. Puis, j'ai repris le dessus et après une dispute terrible cet été à ce propos, je l'ai prise en tête à tête et lui ai expliqué que son papa était également mon mari depuis 32 ans, que je ne réagissais pas comme elle et que j'avais besoin de parler de lui, de l'évoquer, de parler de nos souvenirs desquels elle fait partie. Je lui ai dis que taire la mort de son petit frère avait extrêmement douloureux pour moi (et sûrement pour elle, sans qu'elle veuille le reconnaître) et que je ne recommencerais pas de la même façon avec son papa.

Elle a fini par l’admettre, et même si elle ne parle jamais de son papa, elle sourit quand j’évoque de bon souvenirs. Il y a 2 jours, elle s’est fait tatouer le pied et y a fait inclure l’initial du prénom de mon mari.

Quand à ma 2e fille, c’est l’opposé, il faut que l’on parle énormément pour qu’elle évacue. Par contre, elle me surprotège, et j’ai parfois l’impression que les rôles sont inversés, que c’est elle la maman.

Les enfants réagissent différemment, mais je pense que ne rien dire est une erreur. Nous n’avons jamais parlé avec notre fille de la mort de son petit frère car mon mari s’y refusait. Aujourd’hui, c’est une jeune adulte qui se refuse à avoir des enfants, alors qu’une partie de son métier est justement de s’occuper d’enfants et qu’elle les adore. Je pense qu’au fond d’elle (je ne suis pas psy….) elle a peur d’affronter un tout petit, avec les conséquences que nous avons connues.

Voilà, je n’ai pas de solutions, mais le dialogue permet souvent d’évacuer et d’exprimer son chagrin.

Nathalie

marcel09

  • Invité
Re : TROUVER UN PEU DE RECONFORT
« Réponse #29 le: 24 novembre 2012 à 14:18:03 »
Bonjour Géraldine,

Que te dire de plus que les écocations des uns et des autres, sinon que la communication entre chaque membre de la famille est primordial.

Les mots, les émotions qui sont transmis en ces moments là, sont des plus importants. Ils sont le reflet de notre âme. Nous parlons avec notre coeur, et les mots prononcés ne sont jamais outranciès, mais font connaître à chacun son ressenti envers le drame qui vient de se jouer. Maladie pour les uns, accident pour les autres ou arret cardiaque, enfin toutes sortes de malheurs qui nous laissent complétement désemparés.

Pour ma part, aprés les examens de Claudine au mois de Janvier, et en fonction des éléments retenus et confrontés sur les sites internet, j'ai annoncé à nos deux enfants la dure réalité. Claudine n'avait plus que 3 à 6 mois à vivre.

Evidemment, incrédulité de leur part. En es tu  sûr? Comme j'aurais aimé ne pas en être sûr. Pas un médecin ne nous avait annoncé ce délai, et ils nous ont traités de fous pour avoir consultés de tels sites. Nous avions malheureusement raison.

Mais en contre partie, j'ai senti nos deux enfants beaucoup plus proche de leur mère. Lorsque nous sommes partis en voyage en Corse en mai, Sandra, notre fille, m'a demandé si à notre retour il serait possible de fêter l'anniversaire de Claudine, celui ci étant le 24 mai. Nous avions convenu et en accord avec son frére de célébrer cet anniversaire conjointement avec la fête des Mères le 3 juin.

Je lui avais demandé pourquoi elle tenait a fêter cet événement, ce à quoi elle m'a répondu:"j'ai peur que ce soit le dernier".

Elle avait raison et malheureusement, nous n'avons fait ni l'un ni l'autre,, Claudine étant à l'Hopital. Mais ce dimanche là, nos enfants et petits enfants sont venus fêter l'anniversaire et la fête des mères à Claudine.

POurquoi je raconte cela, sinon pour te dire qu'il est trés important de communiquer au sein de la famille, et que depuis si avec ma fille il n'y a aucun problème , j'en rencontre pas mal avec mon fils. La psy me dit qu'il cherche à se protéger, ou du monds à protéger ses enfants, et de cela je ne peux rien faire. J'essaie de tendre des perches, mais je n'entends pas l'écho. Je me dis que le temps fera le nécessaire, et que mon album sera peut être le déclancheur, l'ouverturede la boite aux souvenirs et surtout aux dialogues.

Je crains moi aussi d'avoir été un peu long et peut être un brin incompréhensible. Je ne connais pas de titre de livre, car mes enfants ont largement dépassés l'age de l'adolescence. Il faudrait par contre que je m'intéresse du deuil pour les petits enfants.

Si vous connaissez, je suis preneur.

Je te souhaite beaucoup de courage, et de saines discussions avec tes enfants, réunis autour d'une table, et laissez vous aller. Ne pas cacher sa peine ni ses larmes. Un bon reméde à la souffrance.

Je t'embrasse.

 :-* :-*
Marcel