Oh comme je comprends les sentiments qui se percutent en nous lorsque nous devons faire le tri des affaires de notre adoré !
Comme je l'ai indiqué je crois dans mon fil, j'étais décidée à le faire très vite afin de "profiter" de l'énergie qui me restait des années de soins et d'aide et d'accompagnement de mon coeur.
Alors que je me trouvais en congé pour trois jours, le ciel étant de la partie, c'est à dire, en pleurs comme moi, j'ai décidé de "m'attaquer" à cette tâche oh combien difficile !
Pour m'aider un peu, alors que les larmes coulaient toutes seules et que les sanglots meublaient le silence de la maison, j'ai pris un sac et j'ai décidé de tricher avec moi-même.
C'est à dire que j'ai commencé par trier mes propres affaires, soit un côté de l'armoire-penderie. Nous avons tous et toutes des vêtements que l'on garde en espérant maigrir un jour et reprendre notre taille de guêpe, ou bien attendre que la mode revienne....
Des vêtements usés que l'on garde aussi parce qu'on a aimé les porter....
Puis, petit à petit, j'en suis arrivée au plus dur. La penderie de mon coeur avec ses chemises, ses vestes, ses pulls, ses tee-shirt, ses pantalons, ses costumes, bref tout ce qui faisait mon homme à moi.
Là, j'avais pris une valise. J'ai déposé le maximum dedans comme si il partait en voyage.... Et là, j'ai craqué, je me suis effondrée dans la valise, le nez dans chaque vêtement, à essayer de retrouver une odeur. Mais, vous êtes sans doute comme moi, ne sont rangées dans les armoires que les vêtements nettoyés !
Mais chaque vêtement m'a rappelé une histoire, une sortie en magasin. Mon homme n'aimait pas aller s'habiller seul. Il voulait toujours que je l'accompagne pour lui donner mon avis.
Ce fut un moment intense de tendresse avec lui, de communion avec lui, de chagrin qui pouvait se manifester sans présence autre que moi et sa pensée dans mon coeur.
Au fur et à mesure, j'ai "étalé" mes propres cintres à la place des cintres que j'enlevais. Ainsi je n'ai pas eu de "trou", de "vide" en face de moi.
Lorsque j'ai fermé l'armoire, mes affaires avaient comblé et pris la place laissée vacante !
Ce fut très difficile. Encore une fois, j'ai pu hurler tout mon saoul. Ma minette à quatre pattes est allée se terrer dans un coin de la maison !
Je lui ai fait un gros câlin après ce qui m'a permis de me calmer et de la tranquilliser.
Le lendemain, j'ai dû faire appel à une amie, et une autre s'est jointe à nous. Cette dernière a aussi perdu son mari quelques mois plus tôt que moi. Toutes deux habitent dans la même rue que moi.
J'avais du mal à mettre valise et cartons (la valise n'a évidemment pas suffit !) dans la voiture. Elles m'ont aidée.
Le secours populaire ouvrait son "vestiaire" justement ce jour-là.
J'ai téléphoné et nous y sommes allées.
J'ai reçu un accueil chaleureux où l'on m'a expliqué comment ils procédaient et que je faisais vraiment un don pour des personnes en difficultés.
Là mes deux amies m'ont aidée moralement car c'était à ce moment-là que le "vrai" départ des affaires se faisait !
En fait, je crois avoir bien fait, pour plusieurs raisons :
1/ j'étais encore sous le coup du décès
2/ j'avais encore de l'énergie. Aujourd'hui, j'en serai incapable, je n'ai goût à pas grand chose.
3/ j'ai fait seule ce nettoyage qui a été, je le redis encore une fois, un moment de communion avec mon Coeur.
4/ je n'étais pas seul au moment du dernier au revoir des affaires.
Il restait quelques petites choses, moins importantes, que j'ai pu donner à une association qui emporte tous les mois soit au Pérou soit au Vietnam des vêtements.
Il n'en reste pas moins que c'est une nouvelle épreuve, la concrétisation d'un départ que nous n'avons pas voulu et que nous subissons.
Comme c'était très tôt après le départ de mon mari, j'ai eu quelques jours la frayeur qu'il revienne et ne trouve plus ses affaires. Qu'aurait-il dit ?
Là, il faut se calmer, se raisonner, se dire que de toute façon il ne reviendra pas et qu'il serait heureux que les choses se passent au mieux pour moi puisqu'il se faisait tant de souci pour son après, savoir si je pourrais gérer mon chagrin....
Le 14 mai prochain, cela fera deux mois que mon coeur m'a quittée !
Je souhaite énergie et vaillance à ceux et celles qui n'ont pas encore franchi cette étape, pourtant nécessaire.
Se dire que ce ne sont que des objets, n'est pas suffisant.
D'ailleurs, j'ai gardé son dernier manteau, un costume et quelques pulls.
Mais surtout, son dernier bonnet en laine qui lui a si bien servi cet hiver pour le protéger du froid. J'en ai fait mon "doudou".
Comme quoi !
Catherine
"Coeur"
"Tenir, toujours tenir !"