Me voici à exactement 3 semaines de quitter ma maison...J'ai essayé le plus longtemps possible de faire en sorte que ça ne "sente" pas le déménagement. Mais aujourd'hui, ça y est...Des cartons partout, des meubles qui manquent, des traces de tableaux sur les murs... Je n'arrive pas à réaliser...Je me sens étrangement vide...J'agis un peu comme un automate...J'ai souvent envie de pleurer. Par moments, je me lâche et ça me fait du bien! En fin d'après-midi, j'ai vraiment craqué. Me retrouver dans le silence de ma maison avec, dans chaque pièce des choses à trier , sans savoir par où commencer...Et puis, je me sens tellement fatiguée, car inutile de préciser que je dors très mal. J'ai tout-à-coup éclaté en sanglots , et pour une fois, je me suis vraiment laissée aller. Et après, j'ai été prise par une sorte de rage...J'ai commencé de trier des souvenirs, des photos...J'ai pris un grand sac poubelle et j'ai jeté une quantité de choses , sans même regarder ce que c'était! J'ai retrouvé dans un coffret, toutes les lettres que j'avais envoyées à mon amour... Mais celles-là, je vais les garder précieusement pour les relire un jour...
Je me sens très seule. Les gens autour de moi trouvent que ce que je fais est génial! Ils n'imaginent pas un instant la lutte que c'est pour moi de franchir ce pas... Hier, mes collègues de travail ont insisté pour m'offrir à souper dehors. L'apéro se passait chez l'une qui vient d'emménager dans une superbe maison. Elle nous a fait visiter sa maison, toute fière; ensuite son mari est rentré et tout le monde s'est mis à parler maison, vacances, bonheur...Et moi, dans mon coin, je me faisais toute petite en me disant qu'il me tardait que la soirée soit finie...Au début du repas, elles m'ont donné une jolie carte par laquelle elles me souhaitaient plein de bonheur dans ma nouvelle vie...Et après...elles ont parlé boulot pendant tout le repas!
A la fin de la soirée, celle qui nous a reçues dans sa superbe maison m'a dit :" Tu vois, comme t'as bien fait de venir...Je suis sûre que tu as oublié tous tes soucis ce soir..." Je l'ai regardée sans répondre...D'ailleurs que répondre à cela ? Ce que je vis est juste pas racontable à une personne qui vit dans ce que j'appelle la période de l'insouciance...Mais bon, je ne lui en veux même pas...J'ai aussi vécu cette période; je suis sûre que je n'ai pas toujours été à l'écoute des gens en deuil...
Ce que je vis aujourd'hui, je n'aurais jamais imaginé devoir le vivre...Je sais que je serai mieux après, je sais que je me donne une chance de retrouver ma sérénité perdue...Mais faire le pas, qu'est-ce que c'est dur...Comment imaginer que je ne viendrai plus jamais dans cet endroit où j'ai,pour ainsi dire passé toute ma vie ( mes parents avaient une maison située à 100m de la mienne!).
Je n'arrive juste pas à me projeter dans l'avenir..Et pourtant...Dans 6 semaines, je serai en Afrique...
Suzy

Bonjour Suzy,

Oui, cette femme ne peut pas comprendre, comment pourrait-elle... même moi, après 2 ans, avant de laisser "tomber mes valises", j'espérais que je m'en étais mieux sortie, puisque notre histoire n'était pas celle de grands amoureux... et je croyais que j'étais "normale". Bien sûr, on le reste, mais la souffrance est là, et elle sort bizarrement à des moments "inappropriés", selon certaines normes.

Tu pars bientôt et il y a plein de gros et de petits deuils. Par contre, tu sais que tu vas revenir? C'est une étape, pas une finalité.

Mais certaines étapes sont plus difficiles que d'autres à passer.

Je t'embrasse et te souhaite un départ paisible, malgré tout.

Amicalement,

Caroline xx

bonjour Sofi;
eh oui,le chemin est rude ..
on ne voit pas le bout du tunnel ;
et pourtant la VIE est là, et à travers les nuages parfois un petit rayon de soleil.
Après un gros creux de vague , je vais mieux
alors je veux juste t'envoyer plein de pensées positives..
prends soin de toi et de petit bonhomme
je t'embrasse
marie-claire

Bonjour a tous, partir de chez soi j ai du le faire un peu plus de deux mois apreS la mort de johan. Oui c est dur cette impression de le laisser encore plus, c est gens bien pensant qui vous dise tu vas être mieux près de ton boulot, tu auras moins de route et puis c est mieux pour toi de ne pas rester dans le même endroit.... Et j en passe. Toutes ces personnes ne savent pas ce que c est de tout perdre et jusqu'à son environement habituel, reconstruire, tourner la page ça ne veux rien dire dans notre cas. Moi je n ai qu'un seul livre, je ne refait pas la vie je la continue et que c est difficile. Aujourd hui je suis de mariage, je vois tout ce que j aurais ou avoir et puis je suis sortie de l église lors du discours du prêtre " il faut aujourd hui laisser ces soucis a la porte c est un jour heureux... Le mariage c est un engagement de nos jours il y a de plus en plus de centenaires...," peut être mais moi il avait 32 ans. Bon aller j arrêtes mes états d âmes je vais attendre la sortie de la messe et faire comme si. Bon courage pour vos déménagements les filles. Bises. Elodie

Elodie,

Je me suis promise de ne plus jamais assister a une celebration quelconque à l'eglise.
Marre de ces balivernes, de ce dieu, bon et genereux, qui a toleré de nous enlever nos amours.

j'ai d'ailleurs deja prévu ma ceremonie d'obsèques..civile, bien entendu...ça sera petits messages accrochés à des ballons. Le message est passé dans la famille

au creux de la vague et en colère contre tout,
vivement demain!

bises
sofi

Ah les filles (car sur ce post, pas de messieurs ), ah, les filles donc, comme vous êtes belles, toutes, comme vous avez une belle âme !
Il a été et est encore tellement puissant cet Amour qui nous porte. Il nous emmène au bout du monde, au bout des nos forces, il nous fait grimper des montagnes tandis qu’une petite colline nous semblait infranchissable « avant ».

Oui, d’accord avec toi Elodie, le livre continue, on ne tourne pas la page, on écrit une suite avec nos larmes mais cette suite si difficile nous fait avancer.

Suzy, pas de recette miracle pour le franchir, ce pas. Pleurer et foncer. J’avoue que quitter ma maison me semble une telle épreuve que j’imagine bien ta souffrance démultipliée. Je ne vais pas te répêter que ce que tu fais est génial, je crois que tu fais ce que tu crois être bon pour toi et chance, cela sera formidable pour toutes les personnes que tu vas aider !
Certains pourraient choisir de s’enfermer dans un couvent ou un monastère, d’autres sur une ile déserte mais même au milieu de la foule, nous sommes seules. Mais je crois, qu'avec le temps nous pouvons retrouver un genre de bonheur.
Une fois encore, ceux qui n’ont pas vécu cela ne savent rien, et ne comprennent rien.

D’accord avec vous toutes sur le fait de ne faire à présent QUE CE QUE NOUS AVONS ENVIE, quand c’est possible, bien sûr. Refuser de se forcer pour faire plaisir, refuser de mentir ou faire semblant, imposer sa peine, son homme, ses choix et bousculer les gens qui tombent dans un silence géné dès que l’on parle de notre vie d’aujourd’hui et de notre homme.

Comme toi Suzy, quand le chagrin est trop lourd, je range, trie, jette avec une énergie incroyable, pour ne garder que l’essentiel. Courage petite Suzy, tu as vécu le pire, ce départ de ta maison aujourd’hui n’est que la suite de ta vie, un beau choix et une ouverture. Tu as encore 3 semaines très dures. Nous allons les passer avec toi.
Après l’Afrique, et toi. Toi et l’Afrique. Ne pense plus qu’à cela.

Et toi Sofi, souviens-toi comme tu as longuement pesé le pour et le contre et finalement c’est un départ qui s’est imposé à toi. Tu étais trop malheureuse si loin de lui. Et en plus tu accomplis votre souhait à tous les deux. Ton petit bout de chou est là pour te guider. Fais toi confiance.

Ah les filles, comme je vous admire !


 

Marina

Sofi,
Même si nous n'avons pas le même âge, même si nos situations sont différentes, ça me rassure de savoir que je ne suis pas seule à vivre ce que je vis. Le fait de savoir que toi-aussi, tu vides ta maison, que toi-aussi , tu passes des heures à trier , à trouver une quantité de photos tellement incroyable ( c'est énorme , une vie en images...!), que toi-aussi tu te trouves confrontée à tes souvenirs par tous ces objets que tu retrouves et qui te rappellent le temps du bonheur; cette idée m'aide à me sentir moins seule...
Je sais que toi, tu sais exactement ce que je ressens...
Ta situation me rappelle un peu ce que j'ai vécu il y a un peu moins de 30 ans. Je venais de divorcer de mon premier mari ( bon, d'accord, un divorce n'a rien à voir avec un deuil!) et je suis revenue vivre près de ma famille avec mon petit garçon âgé alors de 2 ans.
Moi non plus , je ne savais pas si je retrouverais du travail, mais j'ai choisi de tout laisser derrière moi. Et la vie m'a souri
J'ai retrouvé du travail rapidement . J'ai commencé par faire des remplacements dans l'enseignement, puis je me suis fait engager à mi-temps. Avec le soutien de mes parents, j'ai réussi à gérer ma vie et l'éducation de mon fils.
Et, au bout de trois ans, j'ai enfin découvert le grand amour, l'amour avec un grand A...J'ai rencontré mon Jean-Da avec qui j'ai vécu 24 ans de bonheur absolu. Jean-Da qui a accueilli mon fils comme s'il était le sien. Jean-Da qui m'a donné une fille quelques années plus tard. Jean-Da que je ne pouvais pas ne pas rencontrer...Jean-Da qui a été l'homme de ma vie et le restera jusqu'à ma mort... Jean-Da qui a été le plus merveilleux mari, le plus merveilleux amant, le plus merveilleux père...Jean-Da qui a été le plus merveilleux cadeau que la vie m'a donné...
Pour toi bien sûr, Sofi, la situation n'est pas vraiment pareille. Tu reviens près de ta famille suite au décès de ton amour. La souffrance que l'on vit face à un deuil n'est en rien comparable à une rupture ( surtout si la rupture est choisie et acceptée). Tu as en toi tout ce lot de tristesse, cette sorte de boule au ventre qui ne veut pas s'en aller...Et toi, tu as réussi à faire le choix de revenir vers les tiens. Même si c'est l'inconnu, même si tu te demandes comment tu vas trouver du travail, aie confiance, ça ira...dis-toi que tu te donnes une chance de vivre autre chose. Tu sais, je crois que la vie récompense ceux qui osent l'affronter...
Ton amour va t'aider à retrouver un sens à ta vie. Tu es reliée à lui à jamais par un amour universel...
Pour ma part, je sais que mon Jean-Da va m'accompagner en Afrique, qu'il sera mon soutien, mon ange gardien...

Marina,
Une fois de plus, merci pour ton message d'encouragement! Je sens tellement de compréhension dans tes mots!
Chaque fois que je te lis, ça me redonne une énergie nouvelle!
Je sais que les 3 semaines que je vais devoir vivre seront très dures! Et cela, même si ce que je fais correspond à un choix mûrement réfléchi. J'ai changé; la souffrance m'a transformée... La personne qui s'en va en Afrique n'a plus rien à voir avec la personne que j'ai vue sur des quantités de photos.... amoureuse...entrain de faire la fête...en vacances dans un hôtel 5 étoiles...au camping en famille...entrain d'organiser l'anniversaire de ses enfants...Qu'il me semble loin le temps du bonheur...Et qu'est-ce que le fait de revoir défiler toute sa vie en image est éprouvant, émotionnellement... :'(Mais en même temps, je me dis que j'ai plein de souvenirs merveilleux , et que ces souvenirs m'appartiennent à moi seule et que toutes ces belles années ont été un véritable cadeau...
Je suis sûre que j'ai encore de belles choses à vivre même si l'amour que j'ai en moi, je vais le distribuer autour de moi d'une façon différente. Ma priorité ne sera plus une vie de couple, mais elle n'en sera pas moins une vie riche et valorisante, j'en suis convaincue...
Je suis prête à foncer, comme tu me le suggères, même si, avant le grand saut, j'aurai sans doute encore droit à deux ou trois coups de blues... Je sais, Marina, que vous serez là pour moi, si j'en ai besoin...Merci...

A Karine, Marie-Claire, Elodie et Daniel, merci pour vos mots de réconfort...

Suzy

Suzy et Sofi,
Je vous souhaite beaucoup de courage pour la préparation de votre départ. Il vous en faut pour laisser un peu plus l’ancienne vie derrière vous et partir dans l’inconnu, même si chacune a déjà un point d’ancrage. Vous y serez entourées, c’est sûr.
En pensées avec vous et avec vous tou(te)s
Méduse