Je suis aussi dans le même cas que vous, 40 ans de mariage, mon mari est tombé malade un an avant la retraite, décédé 14 mois après la retraite sans pouvoir en profiter à cause d' un cancer de la vessie multi récidivant de haut grade. Nous n' étions pourtant pas fusionnels, assez différents même, le chagrin est le même à ce que je comprends, moi aussi j' ai ressenti une forte oppression dans la cage thoracique avec une difficulté à respirer pendant un mois, j' étais comme en apnée. Il est décédé le 24 février de cette année, voyez notre histoire se ressemble. J' ai été sonnée dans un premier temps, puis j' oscille entre colère, abnégation, déprime passagère, rebond, pleurs sans discontinuer etc, je ne peux pas vous dire dans l' heure qui suit comment je serai ni dans quel état, du coup je ne peux rien prévoir. Et si je suis invitée quelque part, comme hier au carnaval de l' école de ma petite fille eh ben je me dope aux médicaments pour tenir le coup, pour faire bonne figure. Je ne dois pas faire de peine à mes enfants, ils ont eu leur dose, leur père a tellement souffert, et même sous la torture de la douleur disait qu' il ne voulait pas mourir, c' est très dur, très très dur, et je me croyais forte, je me dis mais comment font ceux et celles qui n' ont pas d' enfants, ou peu accompagnés par leurs proches? Je jardine, c' est lui qui faisait le jardin, mais il faut bien s' occuper, les journées sont longues, alors j' ai planté des oignons ce matin. Ce ne sera qu' une petite parcelle, pas comme lui qui en plus équipait le jardin d' un goutte à goutte méticuleux. Je me dope aux médicaments, je n' ai pas trouvé d' autre refuge qui m' aide aussi bien. Je vais encore et encore comme tous les soirs faire défiler les photos de son dernier mois de clinique sur mon téléphone portable, j' ai besoin de le regarder tous les jours, sinon j' ai l' impression de l' avoir oublié et je culpabilise. La vie est bien monotone quand on se retrouve seul, sans but, sans pouvoir demander à son compagnon ce qu' il aimerait bien manger, alors je ne cuisine plus, le ménage est vite fait puisque je n' ai plus envie de le faire, je m' habille sans soin particulier, j' oublie même de me coiffer des fois, à quoi bon faire des efforts. Ma seule source de consolation est de me dire que mes enfants sont adultes, mariés, ont un métier et que ça ne change rien dans leur vie quotidienne. Ils souffrent en silence mais ont une vie, une vraie vie tant mieux d' ailleurs. Ma seule source d' inquiétude est le temps qu' il me reste à vivre pour aller le rejoindre. Mes parents sont morts de vieillesse à 90 ans. J' en ai 60. L' idée que je puisse encore vivre 30 ans m' est insupportable. Courage à tous et toutes, nous en avons tant besoin.