Bonjour petite Bibounette,
Tu pourrais largement être ma fille (que je n'ai pas eu, d'ailleurs) et la vie t'as déjà bien brisée. Mais malgré ton désespoir, je vois une lueur, une petite étincelle, un tout petit, petit rien qui me laisse croire que tu vas parvenir, un jour, à surmonter tout cela.
Il y a tant de choses qui se bousculent dans ta tête et ce "désordre" te saoule et te perturbe.
Moi, je sens qu'il te faut du temps, du calme et de l'amour.
Le temps, nous l'avons tous, il faut simplement que nous prenions conscience qu'il est notre allié, du moment que l'on sait comment l'occuper.
Tous ici, nous pouvons raconter notre histoire. Qu'elle soit longue ou brève, c'est une belle histoire, une grande histoire parce que c'est la notre. C'est une histoire d'amour. Elle nous colle à la peau, elle nous nourrie, elle nous détruit aussi parce que nous l'avons perdue. Mais aussi et surtout, elle nous a construits, fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. D'abord d'une grande fragilité, seuls face à une perte insoutenable, puis, peu à peu, un peu plus calmes entre deux crises, puis une peu moins de crises dans le calme. Et ceux qui comme moi, croyez ne jamais pouvoir accepter l'inacceptable peuvent dire, au bout de plusieurs mois ou années (18 mois pour moi), que l'on peut continuer sa vie et retrouver ce monde, en couleurs et même rire et, pourquoi pas faire des projets.
Rien n'est oublié, rien ne disparait, tout est là, dans la poitrine, dans la tête, au chaud mais un jour, au lieu de nous détruire, nos souvenirs nous permettent d'avancer, de continuer.
Le calme, tu dois toi-même le trouver, tu dois te l’imposer, tu dois poser tes bagages, là, dans un coin, et prendre le temps (encore lui !) de t’occuper de toi. Une pause dans toute cette bousculade de déménagement, de boulot instable, de questions sans réponse… Trop de questions, trop d’agressivité contre toi et contre la terre entière.
Il y a peut-être un « grand responsable » de cette situation dans laquelle tu te trouves, mais il n’est pas joignable. Tu ne peux pas lui écrire pour l’engueuler, lui casser la figure et lui demander des explications. Alors stop. Doucement, petite Bibounette, prends soin de toi. Il n’y a plus que cela qui compte.
Plus tard, quand la tempête sera calmée, un peu, tu chercheras tes réponses. Peut-être en trouveras tu quelques unes et peut-être accepteras tu que tes questions restent sans réponses.
Mais là, aujourd’hui, vide ton cerveau et respire, un pas après l’autre, simplement.
L’amour, ou la tendresse, ou une épaule bienveillante, un ami, peu importe. Dans tout ce drame, un cadeau, un homme pour toi, attentif, à ton écoute. Cela ne se refuse pas. En tout cas pas à cause des « convenances ».
Tu es en grand état de faiblesse, d’une fragilité intense, et tu as le droit d’avoir besoin de quelqu’un. Simplement, tu dois être sûre que ce quelqu’un est sérieux qu’il ne va pas profiter de ta fragilité et abuser de ta faiblesse.
Si tu es sûr de cela, tu dois aussi l’avertir que de ton coté tu ne recherches peut-être qu’un peu de réconfort, peut-être. Qui sait ce que nous réserve l’avenir ? Il nous a « assassinés » en nous volant notre Amour, il peut aussi nous sauver en nous en donnant un autre, différent mais aussi beau. Et pourquoi pas ? Les choses se feront ou pas.
Après, le reste ne compte pas. Les gens qui peuvent parler dans ton dos… pfuiiiiiit ! Sans importance. Ceux qui t’aime comprennent.
Tu ne trahis personne, et surtout pas ton Bibou. Il t’aime si fort qu’il ne peut que se réjouir que tu ne sois pas seule à affronter cette épreuve. Il veille et voulait ton bonheur et là où il est, il le veut toujours.
Et puis si je peux me permettre un dernier petit conseil, ne mets plus ce masque souriant pour sortir. Certes lorsque le chagrin te prend, écartes toi un peu le temps que tu retrouves un peu de calme mais reste toi-même.
Continue à venir nous écrire si cela t’apaise.
Il y aura toujours quelqu’un pour te lire et te répondre.
Courage petite Bibounette.
Je t’embrasse.
Marina