Chère Ally,
je suis partiellement consciente que je n'accepte pas son départ, ce fut si soudain, si brutal, si violent, et pourtant paradoxalement si banal... Mon Ange est parti à cause d'une erreur et une part de moi se dit que tout le monde fait des erreurs. Sauf qu'une autre partie de moi, se dit que non, cette erreur là est trop lourde de conséquences. Que faire 5km à contresens sur une autoroute, ce n'est pas une erreur, c'est criminel...
J'ai lu beaucoup de vos témoignages, lu vos histoires si poignantes, vos combats pour vos amours.
Moi, mon combat pour lui a commencé sans lui, dès les premiers jours après qu'il se soit envolé. Il a fallu que je le protège contre des crétins bien planqués derrière leurs écrans, qui pense que lorsqu'un jeune de 26 ans et une femme d'une soixantaine d'années ont un accident, c'est forcément le jeune le fautif. Qu'il etait alcoolisé, drogué, roulait trop vite... Non, non et reNon... Mon Ange rentrait juste à la maison après une journée de travail comme la plupart des gens sur terre.
Si cette bataille est dépassée, d'autres plus dures continuent. Il faut maintenant que je me batte pour Nous, car aux yeux de la loi et des assurances, ce Nous n'existe pas. Double peine. Je dois accepter l'inacceptable, que ce Nous n'a plus d'avenir. Mais aussi devoir leurs prouver qu'il a bien existé et essuyer des remarques méprisantes et blessantes.
J'ai lu vos conseils sur les videos/livres de Christophe Fauré, mais je ne peux pas les suivre pour l'instant. Il traite du deuil, un des mot que je ne prononce jamais, car pour moi je ne le suis pas. Je ne l'ai pas vraiment perdu, je l'attends... Une partie de moi est consciente que c'est du deni, l'autre veut juste l'attendre. Voilà ma derniere bataille, une bataille contre moi même...
Cette guerre de 17 mois, m'use à petit feu. Oui je sors, je souris, il m'arrive même de rire mais ce n'est qu'une apparence. Je me demande encore combien de temps l'anti-cerne et le mascara waterproof vont faire illusion...
Seules trêves : vos messages, le forum et un ami qui fut proche mais que la vie avait éloigné. Il faut croire que les vrais amis sont comme des boomerang, la vie à beau les jeter loin, dès que ça ne vas pas, ils reviennent direct.
Cette semaine mon masque de combat a été plus dur à porter, trop petit pour contenir toutes mes émotions. Cet ami a dû voir à travers une fissure et m'a dit sans détour qu'il fallait que j'arrête de faire la "forte", que ça me "bouffait" de l'intérieur.
Je me suis effondrée physiquement et psychologiquement, lui m'a soutenu sans rajouter un mot.
Petite victoire dans cette guerre, mes larmes et mon desespoir sont sortis en public, pas longtemps, ma nature et le masque sont revenu au galop mais ma peine semblait un peu moins lourde.
Je me rends compte que ce message est long et décousu. Je m'excuse... et vous remercie encore pour vos mots et vos soutiens