Bonsoir,
Bien malgré toi, Chrisam, tu me fais pleurer...
Mais en nous l'enlevant, n'a t'on pas voulu nous punir, nous les survivants, et non les défunts, puisque c'est nous qui souffrons, qui devons (essayer de) continuer de vivre sans eux, avec ce manque, ce vide, ce poids jusqu'à la fin de notre vie.
Je pleure parce qu'un jour, avec mon mari, nous avions eu une discussion du genre MOI : "tu as intérêt de mourir après moi parce que sinon, ça sera trop difficile pour moi" J'étais enceinte à l'époque et il m'avait répondu que je survivrais, que bien sûr que ça sera dur mais que le pire, s'il partait avant moi, ça ne serait pas pour moi, mais pour lui.
Je me souviens lui avoir répondu "pour toi
non !! tu ne seras plus là et moi je devrais apprendre à vivre sans toi, ça n'aura aucun intérêt" et là, il m'avait expliqué que ça serait pour lui le plus dur, pour lui qui ne sera plus là pour voir grandir notre fille (c'était une conversation anodine, on ne savait pas qu'il allait mourir), qui ne pourra plus profiter de la vie. J'avais trouvé ça ridicule à l'époque... comment en étant mort, ça peut être pire que pour celui qui reste
??
Et depuis qu'il est parti, je n'arrête pas de me dire "Pauvre Pascal". Alors certes, il ne souffre pas lui, certes s'il y a un après, d'après ce que l'on peut lire, ils y sont bien. Et nous... nous, nous sommes là avec notre douleur....
Mais je ne peux m'empêcher de penser à la maladie qu'il a vécu, qu'il a combattu avec hargne et au fait qu'il a voulu tous nous préserver... Je me dis qu'en qq sortes, ça a du être une souffrance pour lui de se rendre compte, sur la fin, de ce qui l'attendait... et je pense que même s'il a tout gardé pour lui, ça doit être la pire des choses à vivre : savoir que l'on va mourir et que l'on ne verra plus rien de ce que l'on a sous les yeux.
Savoir que notre conjoint va devoir vivre seul, combattre la tristesse, la solitude, le manque...
Alors oui nous souffrons... ça, c'est indéniable ! c'est même horrible de se retourner au bout de 5 mois et de se dire qu'on n'a rien fait, eu aucune envie, que l'on n'envisage pas grand chose pour l'avenir... mais pourtant, je souffre sans doute encore plus pour lui.... lui qui ne peut plus toucher du doigt quoi que ce soit.
Je m'arrête, je ne suis qu'un torrent de larmes.
(et ne t'inquiète pas, je ne te fais aucun reproche, c'est juste que je voulais partager cela avec toi parce que justement, on avait eu cette conversation avec mon mari et à l'époque, j'avais trouvé ça totalement surréaliste.... mais la réalité m'a rattrapé...)