Nous sommes tous si malheureux.
Nous étions si heureux.
Notre Amour nous semblait exceptionnel.
Et dans cette douleur intolérable, ce gouffre si profond qui nous attire chaque jour un peu plus, cette vague qui nous entraine de plus en plus loin, ces larmes dans lesquelles nous nous noyons, grâce à ce forum, nous découvrons que nous ne sommes pas seuls et que l'Amour, le vrai, existe. Celui que nous avions l'un pour l'autre, qui a résisté à tout et surtout au temps.
Et puis cette solidarité entre nous, ce partage de pensées, ce soutien, ces épaules virtuelles qui sont là pour accueillir un coeur brisé.
Mon mari est parti il y a un peu plus de 15 mois. J'ai vécu l'enfer. Je me suis sentie mieux et puis de nouveau mal, et puis mieux... Quand le chagrin me serre le coeur au point de le faire exploser, je me dis après avoir versé un flot de larmes ; demain, cela ira mieux, et si ce n'est pas demain, cela sera après demain. Ce chemin est si dur.
Je me suis jetée à corps perdu dans des travaux d'Hercule, à m'épuiser le corps, pleurant des larmes de transpiration qui me laissaient Ko le soir = nuit sans cauchemar tant j'étais fatiguée. J'ai pleurée, hurlée ma douleur, j'ai appelé au secours, un Dieu??? Un psy??? Des médicaments??? Non, la solution est en moi, je dois l'a trouver et l'apprivoiser.
Je m'étais dit : Si tu passes le cap d'une année, une année, quatre saisons sans parler avec lui, des oiseaux, des fleurs, de la neige, des foins, sans promenade avec lui, une année d'anniversaire, notre rencontre, notre mariage, son anniversaire, le mien, noël, la douloureuse date de son départ... Une année, quoi, cela devrait aller mieux. Je ne vais pas mentir, non, cela ne va pas mieux, mais si, cela va mieux. Je suis toujours perdue sans lui, il me manque toujours autant, il est l'Amour de ma vie, et je n'attends rien de bien de l'avenir, mais je suis vivante. J'étais tellement sûre de mourir à l'instant où il cesserait de respirer!
Aujoud'hui, il est avec moi, constamment, il me soutient, me guide, et même me fais rire. Je lui parle, je le questionne, je fais les réponses car nous nous connaissions si bien que je sais parfaitement se qu'il dirait dans telle ou telle situation. Je lui écris, beaucoup, je lui fais des poèmes, des dessins, j'écoute nos chansons, je photographie et fais des albums, je porte certains de ses vêtements, sa montre...
Une multitude de personnes ont été là pour me donner des conseils pour "guérir", "admettre"... Mais le seul conseil, c'est de vivre ce départ comme son coeur le décide. Qui m'a dit de me débarrasser de ses affaires, de partir en voyage, de déménager pour faire mon deuil... Quelle horreur! Jamais je ne ferais mon deuil. Non, jamais. Mon époux, je le veux avec moi, partout où je suis, je veux lire ses messages dans les nuages, dans une plume d'oiseau qui virevolte jusqu'à moi, dans un rosier qu'il a planté et qui a fait ses premières roses cette année... Et cela ne m'empèche pas de réapprendre à sourire, à rire parfois, à faire des petits (tous petits) projets pour un avenir tellement difficile à imaginer, mais je peux déjà prononcer le mot : avenir, c'est déjà une telle évolution de prononcer ce mot.
Oui Johann, le "plus jamais" est intolérable, inacceptable, c'est un coup de couteau dans le coeur qui donne envie de mourir tout de suite. Et c'est pour cela que que j'organise ma vie avec mon époux, je veux que l'on continue de nous voir comme un couple et pas moi, comme une veuve. Je fais les choses en pensant à lui, comment aurait il fait? Qu'aurait-il choisi? Quelle option? Il est ma moitié, mon double, mieux nous sommes deux avec un seul corps, le mien. Je parle de lui beaucoup autour de moi, on ne doit pas l'oublier (il est d'ailleurs inoubliable!). Les gens ont tellement peur d'être contaminés par notre malheur, qu'ils évitent de prononcer certains mots, et parfois même nous évitent tout court. D'où ce sentiment d'abandon.
Au début, j'ai cru devenir folle. J'ai questionné les miens, un psy, des amis... Mais non, je ne vis pas avec un fantôme, je vis avec mon mari. Il me stimule, me gronde, me câline. Et tant que j'irais mal, il sera là, comme avant.
ET vous serez là aussi pour m'aider, vous les coeurs brisés, et je serais là pour vous.
PiMa