Le tsunami m'a rattrapé hier. Cette 1ère journée dans mon nouveau lieu de vie a été compliqué. Mes 2 fils sont revenus vivre avec moi temporairement et leur présence m'oblige à me bouger. Mais hier après-midi, je me suis retrouvée seule depuis ton départ mon amour. J'ai d'abord songé à dormir, je suis si fatiguée...mais comme toujours impossible de fermer les yeux. Alors j'ai réfléchi, allongée sur notre lit. Réfléchir au vide vertigineux qui me sépare de nos retrouvailles, un jour, dans cet au-delà dont nous parlions si souvent.
Dans un coin de ma tête, je savais que je devais commencer les démarches pour annoncer ton décès aux différents organismes. Plus j'y pensais, plus je sentais la vague grossir en moi. Et puis ma digue intérieure à cédé et le tsunami m'a engloutie.
Les larmes, les cris, les supplications pour que tu reviennes n'ont rien changé. Tu n'es plus là, tu ne me serreras plus jamais dans tes bras jusqu'à me faire te supplier d'arrêter en riant. Plus jamais tu ne me submergeras de "je t'aime mon amour" du matin au soir. Plus jamais, tu ne me respireras avec délice, tout en me regardant avec cette lueur d'envie dans ton regard vert mordoré. Plus jamais tu ne me diras à quel point tu as toujours faim de moi. Plus jamais.....
Quand le tsunami s'est apaisé, j'ai pris le peu de courage dont je disposais et j'ai commencé à appeler les organismes. En réalité je n'en ai fait que 2. Expliquer, argumenter, je n'ai pas la force. Tu me disais que j'étais ta secrétaire particulière et je râlais toujours en souriant. Mais je donnerais n'importe quoi pour revenir en arrière et m'occuper encore à tes côtés de ces papiers que tu détestais tant. Tout plutôt que de faire ces putains de démarches qui ne font que t'effacer un peu plus de la surface de la terre.
Et aujourd'hui je dois continuer. En plus de la douleur de ton absence, je dois faire face à l'injustice de cette salope d'administration sans âme et sans cœur. Nous n'étions pas encore mariés après 17 ans...à quoi pensions nous?! Nous pensions avoir du temps...qu'elle erreur.
Je le paye cher aujourd'hui ce petit bout de papier qui n'existe pas. Non, notre amour infini ne me protège pas des rapaces de l'administration. Je n'ai droit à rien, mais ça je m'en accommode. Le pire et ce qui j'en suis sûr dois te rendre fou, là où tu es, c'est de réaliser que celle dont tu as divorcé depuis plus de 16 ans, celle qui t'as pourrie la vie toutes ces années, qui n'a jamais pensé qu'à son obsession de l'argent plutôt qu'aux enfants....c'est elle qui touchera ta pension de retraite.
J'en ai le coeur retourné, tout comme tes enfants, qui sont choqués. Ils ne comprennent pas cette loi absurde, qui donne tous les droits à celle que tu as rayé de ta vie depuis si longtemps. Ils sont abasourdis devant tant d'injustice.
Heureusement que je les ai, que j'ai notre tribu. Les 4 fantastiques m'empêchent de me noyer. Pour eux et en mémoire de toi, de notre amour incommensurable, je vais me faire une nouvelle vie aussi belle que possible. Je ne sais pas encore comment mais je te le dois, je leur dois.
Et cette rage que l'administration a allumé en moi va être l'un de mes moteurs. Tu sais à quel point l'injustice m'est insupportable. Alors en ton nom, je vais me battre. Pas pour moi, parce qu'il est trop tard, mais pour toutes mes soeurs et et tous mes frères de tristesse futurs non mariés. Pour qu'au moins eux puissent avancer dans leur processus de deuil, sans en plus devoir s'angoisser parce que la loi les auras relégué au rang d'invisibles et aura nié leurs années de bonheur.
Tu es ma force, mon inspiration, mon souffle de vie, celui qui m'a toujours soutenue dans tous mes projets, même les plus fous. Cette fois encore, tu vas me porter et m'encourager où que tu sois.
Je t'aime éternellement mon amour à moi