Niau,
Ton histoire est tragique et nous comprenons tous ta douleur extrême.
Nous ne sommes pas préparés à ce qui nous arrive, jamais et si le corps se protège, un temps afin de laisser le cerveau reprendre conscience, ce corps ne peut pas tenir si on ne l’alimente pas, au propre comme au figuré.
La première et peut-être la seule chose qui doit te motiver pour l’instant, pour reprendre le chemin, ce sont tes filles.
Tu en es la seule responsable à présent, deux petits bouts de choux de 10 et 4 ans, elles ont terriblement besoin de leur maman, de toi et de toi, forte, protectrice. Pas de toi les yeux rougis par les larmes, les épaules tombantes et passant le relais de leur éducation à d’autres qui ne seront jamais leur mère. Elles ne doivent pas souffrir davantage de cette situation, elles ont le droit de sourire, de rire et de jouer, à leur âge.
Tu as promis à leur père de prendre soins d’elles, et pour cela, tu dois prendre soin de toi.
Ce sont elles qui te sortiront de ton malheur, pour peu que tu leur prêtes attention.
Niau, ce chagrin si intense qui te brise, nous le vivons tous. Il était l’homme de ta vie, mon Pierre est l’homme de ma vie et Marc, l’homme de la vie de Lauren, Jean-Da, l’homme de la vie de Suzy, Fatima, la raison de vivre de Thierry88, Catherine, celle de Thierry91…
Il est tentant de tout laisser tomber, de se fondre dans le sol, de disparaitre de ce monde qui semble continuer à tourner … sans nous.
Mais non.
Vos chemins s’écartaient et tu étais fragilisée par cette décision que tu n’acceptais pas. C’est pour cela sans doute que son décès te détruit plus fortement, mais vois tu, nous avons accompagnés pour une grande part, nos compagnons et compagnes sur la route vers cet autre monde inconnu, les voyant souffrir, diminuer, se transformer, s’épuiser et partir. C’est aussi une forme inhumaine de souffrance pour nous, les accompagnants. D’autres ici vivaient pleinement, emplis de projets pour une belle journée et la mort brutale, soudaine, accidentelle parfois a tout cassé, tout brisé, sèchement, sans prévenir.
La séparation est dure, insupportable, inacceptable, intolérable, mais nous devons l’accepter. La fuir n’est surement pas la solution. S’enfoncer la tête dans le sable est le pire des choix.
Tu n’as pas de famille ? Si, tu as ta sœur et moi, c’est ma sœur qui m’a sauvée du désespoir, simplement en étant là, en écoutant, ou en parlant, toujours attentive, ne me donnant jamais de leçon, m’incitant à faire ceci, m’aidant à faire cela.
Ton papa malade. Oui, je sais, cela n’apporte pas de joie dans une maison. Je m’occupe depuis le départ de mon Pierre de mes deux parents handicapés. Parfois, je me réjouis de leur apporter encore du bonheur, en les gâtant, parfois je les fuis pour tenter de regonfler mes batteries.
Ta vie a pris un tournant, tu n’as pas choisi, mais tu dois en reprendre les renes, pour toi et pour tes filles.
Elles ont un avenir et toi aussi.
Il y aura des moments très durs, mais aussi des moments de douceurs, quand tu sauras revoir les sourires de tes filles. Il y aura des retours en arrière, et aussi des petits projets, puis d’autres projets. Il y aura des rencontres avec des gens bien, pour peu que tu ouvres de nouveau les yeux sur le monde. Il y aura des creux de vague, des retours de tempête et des rayons de soleil qui réchaufferont ton cœur et ton corps.
Niau, n’abandonne jamais.
Ne laisse pas ton corps prendre le dessus.
Fais-toi aider, reprends du poids, premier objectif.
Bas toi, contre toi s’il le faut, mais bas toi.
Et nous, ici, sur le forum nous te soutiendrons, nous serons là et tu peux compter sur nous tous, une grande famille d’éclopés de la vie.
Je t’embrasse fort.
Marina