Bonjour Qiguan,
J'ai du mal à accepter qu'il puisse être parti parce qu'il n'avait plus rien à accomplir dans ce monde.
Au contraire, il voulait aider nos petites filles pour financer leurs études, profiter enfin du temps libre que nous aurions eu à la retraite pour que nous fassions diverses activités ensemble, sans jamais plus se quitter d'une semelle.
Ce saccage de tous ses projets est le seul motif de colère et de frustration que j'éprouve, uniquement pour lui qui a manqué de temps pour accomplir tous ses beaux projets, et peut-être bien d'autres. Il était loin, d'avoir fini sa vie.
Aujourd'hui débute la dix huitième semaine sans lui, c'est si dur, si long, j'en suis encore à me demander comment je tiens toujours en ne dormant qu'à moitié. Ce matin, je suis partie marcher en forêt et machinalement, alors que je l'imaginais marchant devant moi, j'ai pris l'allure d'un jogging modéré. Je ne me suis rendue compte que je courrais qu'une dizaine de secondes après avoir démarré et j'ai parcouru le grand tour que nous faisions en courant à ce rythme.
Le téléviseur est parti pour fonctionner tout l'après-midi, je n'attend personne. tout sauf le silence. Le bouquet de bruyère que je lui ai offert jeudi n'a pas fané, il est toujours aussi beau et j'en prends soin. Je continuerai à fleurir son urne, il mérite à lui seul tout le stock d'un fleuriste.
Bon après midi à toi, prends soin de toi. Je souhaite que le soleil brille plus au-dessus de ta tête que dans la mienne.
Affectueusement,
Marie