Mais non, Lili, elle n'est pas trop longue ta réponse ; et non seulement il n'y a rien d'"anormal" dans ces lignes qui nous racontent un peu ton mari, mais c'est très généreux de ta part, de partager ainsi avec nous.
Grand merci de nous permettre de faire connaissance avec ton amour.
Son chemin ne fut pas toujours facile, mais il s'est battu ; et le destin qui ne fut pas tendre avec lui, a tout de même permis votre rencontre, et votre amour.
Qui peut dire pourquoi tel ou tel semble avoir jusqu'à la fin de ses jours, une vie facile et belle, alors que d'autres naissent dans le malheur, puis traversent une existence douloureuse et difficile ?
Une nuit d'insomnie, je suivais vaguement un reportage ; je ne sais plus quelle émission qui évoquait certains faits divers.
Ils ont repris l'histoire de cette magnifique jeune femme qui fut assasinée par des sauvages.
Le journaliste interrogeait son père, car après bien des années, les assassins semblaient avoir été démasqués grâce aux progrès réalisés dans l'analyse de l'ADN...
Ils ont raconté l'histoire de ce pauvre père.
Ils avaient eu, avec son épouse deux enfants, qui à l'adolescence ont été tués dans un accident de voiture.
Puis, des années plus tard, leur était née une ravissante petite fille, qui était devenue une magnifique jeune femmme.
Dont des monstres, hélas, ont volé l'existence.
Son épouse a fait après la mort de leur fille, une tentative de suicide ; elle est restée des années dans le coma avant de décéder.
Et cet homme était là, dans une extrême solitude ; probablement tenu debout uniquement par la volonté de planter un jour son pauvre regard éteint dans celui des assassins de sa fille.
A suivre ces images qui venaient conter une si épouvantable destinée, je me suis demandé pourquoi ?
Pourquoi tout ça ? Pourquoi une telle abomination ?
Pourquoi tant de malheur sur cette famille ?
Mais à qui poser la question ? A qui demander des comptes pour un tel acharnement ?
Je ne sais.
Mais je n'ai pu m'empêcher de songer que mon propre destin n'était pas si cruel.
Certes, la perte de mon amour adoré est une épreuve bien terrible.
Mais comment oser gémir quand, finalement, je prends conscience que bien d'autres drames pourraient nous accabler ?
Oh je ne veux pas dire par là, que le drame des autres est une consolation.
Non, bien au contraire, je veux seulement reconnaître que même si la vie m'a volé mon adoré, en le mettant sur mon chemin, en me l'offrant comme compagnon de route durant de magnifiques années, en nous épargnant des épreuves aussi terribles, et même, oui même, en lui permettant de partir sans trop de souffrances, cette vie qu'il aimait tant, cette vie qui s'est dérobée à son amour, cette vie n'a pas été, au fond, aussi cruelle qu'elle sait l'être pour d'autres.
La destinée, quelle énigme, n'est-ce pas ?
Je souhaite que pour toi, Lili, viennent sur le devant de la scène les images de ton homme heureux, car le souvenir de la douleur de notre aimé renforce notre chagrin.
Et de celà, nous n'avons pas besoin, n'est-ce pas ?
Et puis, Lili, ton amour est là, bien au chaud, protégé de tout, dans ton coeur ; avec toi, pour toujours.
Je t'embrasse, bien affectueusement, Lili, et j'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir osé reprendre ici l'histoire de cette pauvre famille. Mais vois-tu elle m'a donné à réfléchir...
Je souhaite à chacun, une vraie nuit de repos ; sans larme.