FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: LILI0824 le 04 mars 2013 à 21:57:18
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Demain, cela fera 7 mois que mon mari m'a quittée. Je ne suis plus dévastée comme je l'ai été les 4 premiers mois, je suis plus calme mais depuis quelques jour, je me rends compte que je ne sers à rien. La journée je travaille. A 19h, je suis à la maison, et je tourne, et je tourne. En fait, j'existais parce que mon mari était près de moi, et c'est son regard qui me rendait vivante. Au début, il n'était pas là et j'avais mal. Maintenant, je me demande pourquoi je suis là. En plus, je ne sais rien faire toute seule. La chaudière déconne, je dois chercher le manuel, et j'y comprends rien. L'évier est bouché, je n'arrive pas à dévisser le syphon. Les papiers à gérer après le décès, je n'en ai pas fait le quart. Tuer le temps avant de prendre un lexomyl et aller se coucher, qu'est ce que c'est long. Quel vide. En plus, j'ai lu vos échanges de belles chansons, et je me rends compte que pour ses funérailles, Le prête ne voulait pas de chanson "profanes" avant la bénédiciton et ils ont retenu les vieux de Jean Ferrat. Mon mari était loin d'être vieux, il aimait bien Jean Ferrat mais il aurai préférer s'aimer à perdre la raison par ex. Même ça, j'ai pas pu gérer. S'il a entendu, il a dû se dire : Pffffft, t'as fait n'importe quoi, tu te moques de moi là. Heureusement que j'ai quand même insisté pour qu'il y ait du Flamenco et Amy Winehouse.
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Salut Lili,
Dis, qu'est-ce qui est un peu bon, pour toi, en ce moment? Ça peut être n'importe quoi. Qu'est-ce qui te fait un tout petit peu plaisir?
Tendresse,
Caroline à Québec
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Lili,
Ton message me fait mal, me touche tant. Moi aussi j'ai eu l'impression de ne servir à rien. Mais ce soir je suis assez bien pour savoir que c'est faux.
Et donc c'est faux pour toi aussi.
C'st normal que tu tournes et vire, tu as perdu tous tes repères, ta boussole et ton soutien !
Et il sait bien que tu n'as pas fait n'importe quoi pour la musique : tu as fait le peu que tu pouvais faire, parce que tu étais épuisée, dévastée et complètement paumée dans ton chagrin, ce qui est normal et humain.
La douleur est moins vive maintenant, ce qui te permet de te rendre compte du vide, du grand vide, du terrible vide qu'il a laissé en partant, et toi tu ne sais pas encoreavec quoi tu vas remplir ce gouffre, mais tu le rempliras, pas à pas, petit à petit. Aujourd'hui tu as peut être senti la douce lumière du soleil sur ton visage. Demain tu croqueras peut être avec appétit dans une pomme, ou savoureras une tasse de café. Mercredi, tu verras un bourgeon. Chaque jour un tout petit truc, un regard, à peine un geste. Et un jour, tu auras accompli 2 gestes ou eu 2 instants de plaisir ! Et tu te féliciteras de tes progrès.
Je tembrasse
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Lili,
Tu crois que tous, nous nous inventons brusquement une âme bonne à tout ?
Ou bien est-ce le "Demain" qui te fait ainsi presque rendre les armes ?
Je crois que c'est ça !
Tu crois que la perfection de 2 êtres peut se retrouver en un seul "seule" sur un simple Décret ?
Tu as fait ce que tu pensais bien, ce qui t'était accessible, ce que d'autres acceptaient de d'autoriser !
7 mois, Lili, c'est si long et en même temps si peu.
Tout viendra en son moment, l'apaisement progressif, le calme, ne plus tourner en rond dans une maison, les petites tâches à accomplir !
Mais pas tout en même temps !
Demain, on pensera à toi !
:-*
Yohann
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Bonsoir Caroline 3 et Mirele. Merci beaucoup d'être là. Ce qui me fait un peu plaisir pour le moment, rien. Je n'ai pas envie de sortir, je me suis pourtant forcée hier c'était ma première sortie depuis plus d'un an. Je suis allée faire une balade avec ma soeur que j'aime bien mais elle m'a soulée à me faire la morale. J'ai rien dit, j'ai été agréable et souriante tout l'après midi, mais qu'est ce que j'étais contente de rentrer. J'aime beaucoup le grand air, et les arbres, et l'herbe. Je pensais que cela me ferait du bien. Mais ça n'a pas marché. Ce qui m'ennuie c'est que lorsque j'étais si mal, les 4 premiers mois, je faisais toujours quelque chose, je n'avais pas une minute à moi. Et puis tout est retombé d'un coup. J'ai du mal à m'investir, même dans le ménage par ex pourtant y a qu'à frotter. Il n'y a qu'au travail que j'arrive à "tenir le coup" enfin, j'arrive en retard tous les matins. Je ne me reconnais pas en fait.
Yohann, je vois à l'instant ton message. Oui, je crois que c'est demain, et tous les autres demains qui me deviennent insupportables. C'est trop long.
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J'ai pris mon cachet. Je vais me coucher sinon demain je vais arrivée au bureau à 10h.
Bonne nuit à vous mes confidents.
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Coucou,
Je suis là, moi aussi pour t'aider et te réconforter. Ce soir ma petite bougie est allumée.
Moi aussi chaque soir je tourne en rond, pleurer, sortir ces larmes qui à la fois nous font tellement mal et au final nous appaisent momentanément.
Douce à nuit à toi et n'arrive pas au bureau à 10h demain, je connais ça, tu vas te faire disputer :-* Je pense à toi.
Bisous.
Christine
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Et la nourriture, y'a t'il un met qui te fait plaisir?
En fait, j'ai l'air d'insister, mais si tu trouves un petit plaisir (et tu en trouveras!), c'est que la lueur de la vie est toujours là :) Tiens, juste venir ici, savoir qu'on est avec toi, que jamais on ne te fera la morale à 5 sous, c'est déjà ça :)
Accroche-toi au fait que même si aujourd'hui, tout semble impossible, je te le jure, ça ira beaucoup mieux si tu vis ton deuil, si tu acceptes de ne pas être "joyeuse" d'ici un mois. C'est long, mais ça vaut le coup: tu es vivante, ton corps et ton esprit ne demandent qu'à vivre une vraie vie!
À + chère Lili
Caroline
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Chère Lili,
"En plus, je ne sais rien faire toute seule".
Nous la connaissons bien cette petite voix, insidieuse, qui vient tenter de nous convaincre que nous ne savons plus rien faire sans notre aimé(e).
Cette petite voix qui pose, encore et encore la même question : comment réapprendre à vivre sans notre amour ?
J'espère que tu ne m'en voudras pas, Lili, si je reprends ici quelques lignes écrites à ce propos :
"Nous savions avant de rencontrer notre amour ; oui, nous étions capables de vivre seuls, et d'apprécier la vie en solo.
Et puis notre duo fut si beau, si parfait, qu'il nous semble que jamais plus nous ne saurons avancer seuls ; que nous ne retrouverons jamais notre identité. Que nous demeurerons à jamais dans cette incomplétude, amputés d'une partie de nous-mêmes.
Pourtant, lorsque la peine nous rendra les forces que le chagrin nous a volées, et le souffle dont la douleur nous prive, alors il me semble que nous seront plus solides.
Différents.
Le souvenir de notre amour adoré(e) est en nous, comme un trésor, et un jour viendra où emplis de cette richesse, nous serons plus forts.
Je le sais, et vous offre cette certitude en partage.
Puisse-t-elle sécher nos larmes."
Lili, nous le connaissons bien ce sentiment qu'il nous faut tout réapprendre.
Ce que nous ne savons plus faire, c'est vivre sans notre amour, et nous n'avons guère envie de nous lancer dans cet apprentissage forcé...
Et notre plus gros travail, n'est-ce pas au fond, comme l'écrit si bien Véronique, de
"refaire connaissance avec nous même" ?
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Quel dommage que dans la vraie vie, celle du quotidien, on ne rencontre pas ne serait ce que le millième de la compréhension qui existe sur ce forum.
Oui, j'ai la crainte de demain, oui, je ne me souviens plus comment c'était quand je vivais seule, avant de connaître mon mari et ses fils, avant de devenir à mon tour maman, avant de tout faire par amour et avec amour pour le bien être de notre famille.
Maintenant, c'est le grand vide, demain est incertain. Ce qui me fait le plus peur, c'est d'être encore là dans 30 ou 40 ans., sans mon mari. Je crois que c'est ce qui me mine. La durée, cette inconnue.
Vos messages m'apaisent, et me poussent aussi par la tendresse qu'ils reflètent à comment dire me remettre un peu en question, ou remettre certaines choses en question, à l'intérieur de moi-même. Merci de votre aide.
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Chère Lili, comme tu as raison, et comme je me retrouve dans ce que tu écris ...
Puisqu'il faut bien appeler les choses par leur nom, il me semble que la perte de notre amour adoré, la perte d'un être très précieux à notre coeur, nous renvoie à notre condition de pauvres mortels.
La faucheuse a frappé si près de nous, que nous ne pouvons faire l'économie de ces questionnements quant à notre propre destin.
Nous l'avons vue à l'oeuvre, jeter son dévolu sur notre aimé, tisser sa toile mois après mois, renforcer son étreinte.
Voiler le regard de notre amour peu à peu...
Et moi aussi, vois-tu, il m'arrive de me demander combien de temps il me reste.
Non pas que j'aie peur, mais parce que j'ai , comme toi, bien du mal à imaginer qu'il pourrait me falloir vivre encore 20, 30, ou 40 années sans mon amour adoré.
Pourtant je sais bien que le temps en passant, usera ma peine, et que si je dois traverser encore toutes ces années, je le ferai en ayant toujours planté dans le coeur le souvenir de mon adoré, mais que je pourrai l'évoquer sans pleurer.
Mais comme tu l'écris si bien, Lili, "demain est incertain", oh combien !
Je t'embrasse.
Que la journée qui commence soit douce à chacun de nous.
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Et moi aussi, vois-tu, il m'arrive de me demander combien de temps il me reste.
Non pas que j'aie peur, mais parce que j'ai , comme toi, bien du mal à imaginer qu'il pourrait me falloir vivre encore 20, 30, ou 40 années sans mon amour adoré.
Pourtant je sais bien que le temps en passant, usera ma peine, et que si je dois traverser encore toutes ces années, je le ferai en ayant toujours planté dans le coeur le souvenir de mon adoré, mais que je pourrai l'évoquer sans pleurer.
Mais comme tu l'écris si bien, Lili, "demain est incertain", oh combien !
Tout à fait d'accord avec vous Ephémère et Lili
J'écris ces 4 phrases glanées sur le forum :
"Et les années à vivre que je vois comme un temps interminable à combler avant d’avoir acquis le droit de mourir à mon tour"
"Elle est venue mourir dans ma vie. Je suis parti vivre dans sa mort."
"Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années"...
"L'absence de ta présence me désespère.
La présence de ton absence me révèle ton éternité."
Et je terminerai par :
"Faut-il s'aimer si fort pour que le deuil fasse si mal"
Dans 1 semaine, cela fera 5 mois qu'Anne-Marie s'en est allée après un cancer d'un an, après 30 ans d'amour, de vie 24h/24, ...
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Je t'embrasse, christian, pour te faire un petit signe d'affectueux soutien, car je connais ton chagrin.
Et puisqu'elle va contribuer à faire passer le temps, je souhaite que cette journée use ta peine.
A très vite.
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Merci Ephémère
Une journée après l'autre
Je sais que ce n'est pas après 5 mois, que ça s'apaisera un peu, mais Dieu, que c'est dur, pénible
Je me répète : "Faut-il s'aimer si fort pour que le deuil fasse si mal"
Mais c'est le drame de tous ceux qui sont sur ce forum, sinon ils ne seraient pas ici
Mais y a t'il des personnes qui oublient l'être aimé, ou alors ils ne s'aimaient pas ?
A ce soir
Christian
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Bonjour à tous....
Et ce qui fait le plus mal .. c'est de savoir que ceux qui restent en couple...
ne s'aiment pas forcément d'un même Amour que le nôtre !!
J'en connais même qui se supportent avec bien du mal !!
comme tu dis Christian qui ne s'aiment pas !
alors pourquoi le Grand tout là haut ne fait pas un tri...??? ???
Et nous a enlèvé celui ou celle qu'on aime SI FORT ?? :'(
Nous étions si heureux... trop heureux ???
compliquée cette vie ?
:-* :-* Sylvette
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Bonjour Lili,
Ce que tu exprimes me touche beaucoup; oui les premiers mois nous vivons dans un état second de surexcitation qui nous fait agir, puis d'un coup , c'est la chute, la réalité prend corps et nous prenons vraiment conscience qu'il est parti, que plus rien ne sera comme avant et on se dit à quoi bon ?
C'est la douleur que mes enfants auraient si je disparaissais qui m'a fait éloigner de vilaines pensées, quelque soit leur âge, ils ont besoin de nous savoir là..
Certains, ici, nous disent que un an, deux ans après la douleur change de forme, qu'on intériorise l'absence et que peu à peu , on reprend goût aux petites choses de la vie. J'avoue , peut-être bien égoïstement , que je me suis dit que c'était beaucoup trop long, que je ne tiendrais pas deux ans (j'ai lu cela de la part d'autres endeuillés aussi ici).
Neuf mois ont passé , c'est court, mais c'est long aussi, neuf mois déjà et petit à petit les choses changent.
Je lui ai écrit, rempli des cahiers où je lui raconte mes douleurs, mes colères aussi quand j'ai l'impression de me retrouver seule, abandonnée, ( alors que ce n'est sans doute qu'une impression ), que je suis nulle aussi, incapable de comprendre comment fonctionnent certains objets, l'ordi et certaines fonctions, modifier l'adresse orange, etc tout ce qui est un tant soit peu technique ! je me suis fait une tendinite en mettant la tondeuse en route ! Oui, je connais cette rage de se sentir si maladroite ! Petit à petit, je demande, à droite , à gauche, un pas après l'autre, ça avance, trop doucement sans doute mais tant pis.
Et la question : qui suis-je, moi qui ai vécu 40 ans de bonheur avec lui ? Et là, je dois reconnaître que l'aide du psy m'est vraiment utile. Nous parlons de mon mari et je le redécouvre, l'origine de ses fêlures, ses forces; nous parlons de mon enfance , de mes parents et je les redécouvre aussi et à travers eux ce que je suis aujourd'hui. Les choses se mettent petit à petit en place, ce qu'il était et ce que je suis.
Mais il faut bien dire que tout cela demande un effort (ce dont les gens ne se rendent pas compte), chaque jour, c'est épuisant et quand cet effort est aussi tourné vers le travail , rester concentré, tenir toute la journée devant les collègues, c'est certainement très dur et le soir , il est bien normal de craquer et de lâcher. Il faut prendre soin de toi Lili, te reposer et accepter tes faiblesses...
Oui, nous étions heureux et amoureux....
Je vous embrasse, vous tous sur ce forum qui êtes d'un tel soutien et d'une si grande compréhension
Dominique
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Bonjour à vous, chers amis en souffrance.
La souffrance réunit-elle ? Je fais parfois abstraction de lire vos messages, pensant qu'ils ne suffisent pas à consoler mon horrible chagrin. Comme certains lisent les avis de décès du journal, pensant que le décès des autres peut atténuer la déchirure. Mais c'est un leurre. Il est un fait que lire ces messages nous permet de mieux comprendre ce qui se passe en nous. Mais hélas, cet horrible gouffre où mon cher amour m'a laissé, cette insoutenable absence dans laquelle il m'a plongé, ce désespoir sans nom où je vivrai désormais ne seront pas malheureusement érodés par le temps. Il faut vouloir donner un nouveau sens à sa vie, et je ne tiens pas à cela. Je veux me raccrocher à son souvenir, vivre encore et encore avec lui. Lui qui était hors du commun. Il était la VIE, tant par sa culture, son intérêt pour tout, son humour, sa soif de tout. Et j'existais par lui car aucun mot que je pouvais exprimer ne tombait dans le vide. Il relevait tout, et c'était toujours suivi d'effet.
A la question "pourquoi séparer par la mort ceux qui s'aiment alors que tant de couples se déchirent", une réponse est apportée dans le livre "la révélation de Samsara". Elle vaut ce qu'elle vaut pour ceux qui croient en la spiritualité. Ce serait pour nous faire progresser dans cette voie spirituelle, nous permettre après la souffrance de mieux ouvrir son coeur.
Si tel est le cas, je devais être bien égoïste !!!!!!! pour qu'une telle douleur me soit imposée.
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Pourquoi nos amours nous ont-ils été enlevés, en effet ? Moi aussi je me pose souvent la question.
Mais je me dis parfois qu'ils n'ont pas été enlevés qu'à nous : pour moi c'est mon amour qui a perdu la vie, mais pour d'autres cet homme était aussi un ami, un frère, un fils... Je ne suis pas la seule à le pleurer.
Alors oui, moi aussi j'ai mal quand je vois des couples dans lesquels il n'y a plus d'amour...
alors pourquoi le Grand tout là haut ne fait pas un tri...??? ???
Et nous a enlèvé celui ou celle qu'on aime SI FORT ?? :'(
Sans doute parce que l'amour que leur porte leur conjoint ne saurait être le seul critère d'un tel tri. Dans un couple qui va mal, le conjoint ressentirait peut-être moins de douleur de se retrouver face à une telle perte. Mais les parents, les enfants, les amis ? Ce ne serait pas juste pour eux non plus...
Je crois que ce sentiment d'injustice, on le ressent tous... :'(
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Bonsoir à tous,
C'est bien vrai que l'on n'imagine pas pouvoir survivre à notre amour adoré.
Pour ma part, j'ai vraiment songé que mon coeur ne résisterait pas à pareille douleur ; c'était impossible.
J'ai réellement cru qu'un arrêt cardiaque m'épargnerait la violence d'un chagrin qui me faisait tomber à genoux, parfois-même hurler comme une bête blessée.
Et je suis là ; les semaines et puis les mois ont passé ; je refuse de compter.
Je sais seulement que le temps file et m'éloigne de l'horreur de son dernier souffle ; mais hélas m'éloigne aussi de lui vivant.
Et je ne puis rien faire.
Le temps s'enfuit et m'entraîne malgré moi dans cette ronde infernale.
Alors bien sur que dans deux ans, si le destin me prête vie, je serai debout.
Avec une peine moins violente, j'en suis certaine. Car le temps, le temps qui passe l'aura usée.
La mort s'est approchée de nous, si près, si près, qu'elle a laissé, comme un tourment, bien des questions sur notre condition de pauvres mortels...
Mais qui pourrait prétendre avoir les réponses ?
Nous n'oublierons jamais nos amours adorés.
Pas plus que nous ne pouvons comprendre pourquoi ils sont partis, eux que nous aimions tant.
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Comment ça va Lili?
On est là pour t'écouter. Dis, il était comment ton amoureux?
À +
Caroline
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Il y a aussi des phrases qui m'ont interpellé, blessé, interloqué. On m'a dit " Vous aviez tout" comme si on avait trop et que ça suffisait. Ou "vous étiez un couple accompli" comme si il n'y avait plus rien à réaliser. Ou "on aurait pas parié sur la mort de Dominique".
Sans parler des "t'as de la chance" : tes filles ont fini les études, la maison est payée, tu as du travail.....
Mais on est jamais trop heureux et nous ne souffrons pas de nous être trop aimés. Pourrions nous vivre sans liens aux autres pour éviter d'avoir mal en cas de perte?
Véro,
En te relisant, je crois effectivement que certaines personnes collectionnent les propos à ne pas tenir !
Le plus terrible est de penser que ces paroles prononcées le sont ... pour tenter de nous faire du bien !
En employant le Passé comme temps, se rendent-ils compte que notre présent et notre futur apparaissent comme un grand vide, privé justement de tout ce qui avait fait notre bonheur ?
Ta conclusion par contre me bouleverse :
Pourrions nous vivre sans liens aux autres pour éviter d'avoir mal en cas de perte ?
Oui, comme avoir peur d'être heureux, simplement en pensant que cela aura une fin !
Le vrai regret qu'on peut avoir c'est avec le recul, de se dire : "Pourquoi donc n'ai-je pas encore plus aimé ?"
:-*
Yohann
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Mais non, Lili, elle n'est pas trop longue ta réponse ; et non seulement il n'y a rien d'"anormal" dans ces lignes qui nous racontent un peu ton mari, mais c'est très généreux de ta part, de partager ainsi avec nous.
Grand merci de nous permettre de faire connaissance avec ton amour.
Son chemin ne fut pas toujours facile, mais il s'est battu ; et le destin qui ne fut pas tendre avec lui, a tout de même permis votre rencontre, et votre amour.
Qui peut dire pourquoi tel ou tel semble avoir jusqu'à la fin de ses jours, une vie facile et belle, alors que d'autres naissent dans le malheur, puis traversent une existence douloureuse et difficile ?
Une nuit d'insomnie, je suivais vaguement un reportage ; je ne sais plus quelle émission qui évoquait certains faits divers.
Ils ont repris l'histoire de cette magnifique jeune femme qui fut assasinée par des sauvages.
Le journaliste interrogeait son père, car après bien des années, les assassins semblaient avoir été démasqués grâce aux progrès réalisés dans l'analyse de l'ADN...
Ils ont raconté l'histoire de ce pauvre père.
Ils avaient eu, avec son épouse deux enfants, qui à l'adolescence ont été tués dans un accident de voiture.
Puis, des années plus tard, leur était née une ravissante petite fille, qui était devenue une magnifique jeune femmme.
Dont des monstres, hélas, ont volé l'existence.
Son épouse a fait après la mort de leur fille, une tentative de suicide ; elle est restée des années dans le coma avant de décéder.
Et cet homme était là, dans une extrême solitude ; probablement tenu debout uniquement par la volonté de planter un jour son pauvre regard éteint dans celui des assassins de sa fille.
A suivre ces images qui venaient conter une si épouvantable destinée, je me suis demandé pourquoi ?
Pourquoi tout ça ? Pourquoi une telle abomination ?
Pourquoi tant de malheur sur cette famille ?
Mais à qui poser la question ? A qui demander des comptes pour un tel acharnement ?
Je ne sais.
Mais je n'ai pu m'empêcher de songer que mon propre destin n'était pas si cruel.
Certes, la perte de mon amour adoré est une épreuve bien terrible.
Mais comment oser gémir quand, finalement, je prends conscience que bien d'autres drames pourraient nous accabler ?
Oh je ne veux pas dire par là, que le drame des autres est une consolation.
Non, bien au contraire, je veux seulement reconnaître que même si la vie m'a volé mon adoré, en le mettant sur mon chemin, en me l'offrant comme compagnon de route durant de magnifiques années, en nous épargnant des épreuves aussi terribles, et même, oui même, en lui permettant de partir sans trop de souffrances, cette vie qu'il aimait tant, cette vie qui s'est dérobée à son amour, cette vie n'a pas été, au fond, aussi cruelle qu'elle sait l'être pour d'autres.
La destinée, quelle énigme, n'est-ce pas ?
Je souhaite que pour toi, Lili, viennent sur le devant de la scène les images de ton homme heureux, car le souvenir de la douleur de notre aimé renforce notre chagrin.
Et de celà, nous n'avons pas besoin, n'est-ce pas ?
Et puis, Lili, ton amour est là, bien au chaud, protégé de tout, dans ton coeur ; avec toi, pour toujours.
Je t'embrasse, bien affectueusement, Lili, et j'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir osé reprendre ici l'histoire de cette pauvre famille. Mais vois-tu elle m'a donné à réfléchir...
Je souhaite à chacun, une vraie nuit de repos ; sans larme.
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Ah! Merci Lili d'avoir répondu à "Qui était cet homme tant aimé?" Cette vie, qui est encore dans ton coeur, cette personnalité forte, cet homme de coeur qui a traversé de grandes épreuves et qui voulait tant vous rendre heureux... Quel puissance de rédemption il a eu! Et quelle chance pour toi d'avoir côtoyé un tel être.
Tu as bien raison d'avoir mal. Savoir si cette souffrance sert à un but... je ne sais pas. Par contre, je suis sûre que tous, nous souffrons du deuil à un moment donné.
Ce qui est vraiment difficile, avec la perte du conjoint, c'est de vivre au jour le jour, en sachant qu'on ne peut pas mettre son couvert sur la table, qu'il ne rentrera plus jamais avec sa façon à lui, qu'on ne le reverra plus avec ce vêtement tant détesté parce qu'il le porte toujours (mais qu'on aime aujourd'hui). Sa voix, ses mains si belles... c'est ce quotidien qui manque, au plus profond et qui est inacceptable.
Ces moments difficiles, il faut comprendre qu'il faut les vivre et non pas les camoufler par des pilules qui font dormir, par de l'alcool, par des activités épuisantes. Être accompagné, même 1 an, même 2 ans après. Une oreille qui sait ce que ça veut dire. Bien sûr, on peut tenter de noyer sa peine. Ça peut faire du bien. Mais arrive un moment où on doit être confronté à cette souffrance et pleurer, crier, ou quoique ce soit qui fait que "s'effondrer" fait du bien, sachant que ça ne dure pas très longtemps, mais que c'est la seule voie pour avancer réellement.
Juste un peu, c'est déjà ça.
Bisous, tendresse,
Caro à Québec
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Bonsoir à tous,
J'ai vu le fil de Lily et il m'a interpellé..
et oui, on a l'impression de ne plus servir à rien, ni à personne d'ailleurs.. si bien sûr, à nos enfants qui nous restent, et c'est bien pour mes filles que j'essaie de lever la tête.;Moi aussi, cela fera 7 mois que Domi est parti, on souffre toujours autant mais la souffrance est devenue familière, elle vit en nous au quotidien, elle nous épuise et j'aimerais en ce moment tout lâcher, m'"écrouler.; Dur de toujours lever la tête, faire comme si.. pour avancer diront les autres.
Le printemps va arriver, le soleil, un renouveau .; il faut continuer sans eux.. aura t on toujours cette force de "tenir ",, moi, je n'ai envie de rien.. Vous parlez de vos jardins à nettoyer.. c'est bien, il faudrait que j'y reprenne goût mais c'est mort en moi tout cela.;
C 'est vrai, comme le disait Christophe Fauré, au bout de 6/9 mois, on est toujours au plus mal...Il nous faudra du temps LiLy..
je vous embrasse Alicia
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Je ne poste pas très souvent, mais le peu de fois où je vous ai contactés, je vous ai remercie d'être là. Et ce soir, encore une fois je vous fais part de toute ma gratitude. Cela ne va vraiment pas fort, je crois que c'est parce que tout a commencé l'année dernière à cette date, son arrêt maladie que j'ai envoyé était daté du 8 mars 2012. Et tout me revient en mémoire, au jour le jour. Je crois que c'est vraiment pour ça que je suis mal.
Je sais que vous souffrez comme moi, que certains jours vous êtes vous au plus mal.et vous prenez le temps de m'écouter, de me répondre. Merci de m'avoir permis de parler de mon mari, au bureau, avec ma famille, on ne parle jamais de lui, et ça me donne l'impression qu'on l'efface.
Nous sommes tous dans la peine ici. A mon tour, je veux vous envoyer une affectueuse pensée, qui je l'espère vous apportera en retour autant de réconfort que vous m'apportez.
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Lily,
Rassures toi, moi non plus ma famille ne me parle plus de Domi§!!!
comme s'il n'avait jamais existé§!! même mes qq amies,
c'est terrible de savoir qu'après la mort, on fait comme si on n'avait pas existé
heureusement, je peux en parler à mes deux filles, on pleure ensemble sur notre vie, sur leur papa.;
alors ici, c'est vrai, j'ai pu comme vous tous, aligner ces mots de douleur, et ne choquer personne puisque nous éprouvons tous la même souffrance.;
Ce soir, moi aussi, je suis très chagrinée, très seule, je penses à toi Alicia
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Bonsoir,
Il y a parfois une incompréhension entre nous et les autres. Ils ne savent peut-être pas s'ils peuvent parler de notre amour disparu, ont peut-être peur de nous faire mal , de "remuer le couteau dans la plaie ". Cela ne veut pas dire qu'ils n'y pensent plus ou n'ont pas de chagrin.
J'ai connu cela quand ma soeur a perdu son mari , il y a 10 ans et je ne savais pas comment faire . Comme nous sommes proches, je lui ai carrément posé la question et elle m'a dit que , oui, elle aimait qu'on en parle.
Cette fois , c'est mon tour malheureusement, et j'ai beaucoup parlé de Philippe autour de moi, j'en ressens le besoin et du coup les amis et la famille m'en parlent aussi plus naturellement.
N'hésitez pas, si vous vous en sentez capables , à parler de lui, il ferait ceci , il dirait cela, il aimait ça, ou ça il aurait râlé, détesté .... et si cela se fait simplement, vos amis et la famille se sentiront peut-être moins gênés. Et tout simplement leur dire qu'ils peuvent parler de lui et que cela vous fait du bien.
C'est mon avis et un peu mon expérience. Elle vaut ce qu'elle vaut...
Je vous embrasse
Dominique