Auteur Sujet: Plus rien, Nada !  (Lu 7266 fois)

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Yohann

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Plus rien, Nada !
« le: 02 décembre 2011 à 18:03:18 »

Je suis passé au cimetière ce soir, nettoyer les fleurs autour de la cavurne de mon épouse.
Je suis allé voir auparavant la trombe de mon père, de mes grands-parents, et ses parents et grand-mère.
Comme pour la confier à eux, partis plus tôt.

A perte de vue, des tombes, parfois comme abandonnées.
Un monde de mort, sans vie, parcouru par des zombies.

Et je me suis brutalement arrêté, stoppé net dans mon élan par une vérité foudroyante : Rien, elle n'existe plus !

Elles est partie ?
Elle s'est en allée ?
Elle est décédée ?
Elle est morte ?
Elle a rejoint l'autre monde meilleur ?
Elle est au ciel ?

Des mots vides de sens, creux, artificiels, pour s'ancrer dans la tête un néant.
Pour se comporter en enfant qui voudrait croire malgré tout.

NON, elle n'existe plus !
Rien, disparue.
Comme si elle n'avait jamais existé.
Rien ne reste d'elle.
Comme si un rêve fugace était passé puis s'était effacé.
Elle est passée puis disparue.
Incinérée ?
Cendres inhumées ?
C'est quoi ?
Plus rien, pas de traces d'une vie, rien.

Pourquoi ?
Il n'en reste rien, elle n'est plus rien !
Pourquoi se mettre dans la tête et se bercer de rêves ?
Pourquoi se mentir ?
Elle a été, oui, mais elle n'est plus, comme si elle n'avait jamais existé.

Tourner la tête dans tous les sens.
Chercher un visage.
Mais chercher quoi, en fait, il n'y a rien, rien à voir.
Disparue.
Perdue.
Aucune trace.
Plus jamais, plus rien.
Il n'en reste rien.

Elle est dans ma tête disent certains.
Mais non, je suis seul, totalement seul, partout.

Pourquoi rêver, pourquoi croire en une chimère ?
Pourquoi faire semblant de croire ?

A côté de moi sur le chemin ...
Puis ...
Seul à poursuivre ce chemin ...
A tout jamais.
Aucun moyen, impuissant pour agir.


Tu as raison, Caroline, la mort, c'est la fin, le néant.
Un début ... une fin, irrémédiable.


Yohann


carolineb

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Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #1 le: 02 décembre 2011 à 18:22:30 »
Yohann,

Je ne vais pas te mentir, tu connais mon point de vue, tu viens de le rappeler avec énormément d'émotion... Sauf que, si en effet, moi qui ne suis ni croyante, ni mystique, je pense que la mort est une fin, il n'est pas vrai qu'il ne reste rien. Il reste, et c'est essentiel, votre histoire mêlée, et tes enfants. C'est loin d'être rien...
Vanité... nous sommes destinés à retourner poussière mais oui, ça fiche le vertige d'imaginer que des êtres que nous avons aimés physiquement et moralement n'existent même plus. Encore moins saisissables que le plus horribles des bibelots de kermesse.
Et ça, comme toi, j'ai du mal à le supporter...
je suis là, Yohann, je t'embrasse
Caro

Hors ligne Pascale

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Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #2 le: 02 décembre 2011 à 19:02:32 »

Je ne suis pas mystique et Jacques n'était pas croyant moi je ne sais pas...
Peut-être, non pas vraiment un esprit cartésien et scientifique, je sais qu'on ne sait rien et qu'on est peu de chose, il y a quelques temps je suis presque morte, je suis partie et puis revenue, certains disent que c'est simplement une réactions du cerveau moi ,je ne pense pas...

Je n'étais pas seule et cette force bienfaisante qui m'entourait me plaisait énormément , je serais bien restée...

C'est mon fils qui m'a ramené, et je le voyais évoluer à mes côtés...

Maintenant il me paît de penser que ...., il y a aussi des animaux de compagnie...

Bizzz à vous.

Pascale la Louve
Pascale la Louve

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #3 le: 02 décembre 2011 à 20:58:56 »
Pas d'accord.
Il reste des tas de choses d'eux.
Chaque instant de notre vie, nous sommes avec eux.
Au cimetière? Un nom et des dates sur une dalle. Sinistre, mais pas rien.
Une urne et des cendres, oui. Tragique, mais pas rien.
Des enfants, chairs et sangs mélés, blonds ou bruns, comme lui, comme elle. Mais pas rien.
Des souvenirs plein la tête, des photos, des sourires. Mais pas rien.

Demain, c'est vrai, il (elle) ne sera pas là à notre réveil.
Oui, le lit sera froid de son coté.
Un seul bol pour le petit déjeuner.
Mais Yohann, ne fait-elle pas du vélo avec toi?
Pierre jardine avec moi.

Toutes ces années ensemble, ce n'est pas rien.
Une famille, une vie, et ce chagrin immense de l'absence, ce n'est pas rien.
Ce maillon de la chaine de la vie, indispensable pour tenir le maillon suivant, ce n'est pas rien.

Tout cela est peut-être plus fort, parce que nous sommes en vie et qu'ils ne sont plus.
Dieu, Shiva, Mahommet, le Destin, le grand néant ou l'au-delà  ??? ??? ??? .
On verra quand notre heure viendra.
Mais ici, il sont toujours TOUT pour nous et si le corps n'est plus là, le reste est indestructible.

Une fin? La fin d'une enveloppe charnelle.
Mais pas la fin de leur vie puisque maintenant ils cheminent avec nous, que nous pensons à deux, respirons à deux, décidons à deux.

C'était une sale journée pour beaucoup aujourd'hui.
J'ai moi aussi beaucoup pleuré.
Ce soir, je veux, avec force, refusé le "plus rien, Nada".

Pas d'accord.
Pas d'accord.
Pas d'accord.

 :-* :-*

PiMa
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

mc59

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #4 le: 02 décembre 2011 à 22:14:27 »
complétement d'accord avec toi PiMa!
tu dis Yohann :"Plus rien, pas de traces d'une vie, rien."
ce n'est pas vrai !
ce que tu es aujourd'hui c'est le résultat de toutes ces années de vie avec ton Amour.
je suis sure que, comme moi , tu vis chaque journée, chaque heure , chaque instant, avec  l'être aimé;
et donc, que l'on croit ou non, que le chemin continue differemment pour ceux qui nous ont quitté physiquement,
ils seront toujours avec nous, en nous, parce que le chemin fait ensemble nous a construit tels que nous sommes aujourd'hui.
moi j'ai la sensation que JM n'a jamais été aussi présent dans ma vie
cela n'empèche pas la douleur , tellement insupportable à certains moments,
mais me permet d'avancer  doucement, et de reprendre goût à de petites choses.
les premiers mois il y avait  cette fatigue qui m'empéchait de penser , qui ne permettait pas d'apprécier les moments passés avec mes petits enfants ; tout était difficile;
aujourd'hui JM est là avec moi, en moi.
je ne sais pas ce que me réserve l'avenir, mais je sais la richesse de l'amour que nous avons partagé
et j'avance à petits pas ..
je vous souhaite à tous et toutes de trouver un peu de sérénité et de force
et vous embrasse
marie-claire

ChristineM

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #5 le: 02 décembre 2011 à 22:26:28 »
l’Espérance… qu’est-ce que c’est ?
Qu’est-ce que c’est …
Si ce n’est une petite lumière dans la nuit.
On s’en approche, sans jamais savoir ce qu’elle est vraiment.
Elle ne nous évite ni la peur ni l’angoisse ni le chagrin.
Mais pourtant, elle nous fait signe qu’elle est là.
Elle dit l’indicible, elle est l’indicible.
Mais elle dit tout.
L’Espérance, ce n’est pas l’espoir.
C’est croire que la vie existe après la mort.
C’est croire que l’amour est plus fort que la mort.
C’est avoir confiance.
C’est faire confiance. 
C’est accepter cette part de mystère.
et si l’Espérance,
ce n’était pas finalement cette joie de les savoir heureux,
dans la lumière, malgré notre peine.
Et si c’était … ACCEPTER cela ?

 
 Ce texte n'est pas de moi mais de Marie-Pierre Maillou. 
 Je vous embrasse.
Christine

Lauren

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #6 le: 02 décembre 2011 à 23:53:34 »
Yohann,

Ce n'est peut-être pas parce que tu ne vois pas, qu'il n'y a rien; que tu ne sens pas, qu'il n'y a aucune odeur; que tu n'entends pas, qu'il n'y a pas de bruit.
Moi je ne sais pas, mais je laisse la porte ouverte.

Je suppose que la plupart de ceux qui sont morts ici n'en avaient pas envie, et qu'ils seraient bien restés encore un peu. Alors je pense que, pour eux, la seule chose que nous puissions faire c'est les faire vivre encore et encore, parler d'eux, rire d'eux, leur parler même, tant pis si au bout du compte, Caroline et toi vous aviez raison, et qu'on parlait dans le vide. Mais jamais je n'arriverai à dire de lui: "il n'en reste rien".

Bises L


Marieroger

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #7 le: 02 décembre 2011 à 23:55:26 »
Pas d'accord!
Ne dis pas qu'il ne te reste rien Yohann! Il te reste, il nous reste avant toutes choses nos enfants "trace de notre vie, preuve de notre Amour"  et c'est une chance incommensurable.Je mesure cette chance chaque fois qu'il m'arrive de me retrouver seule dans ma grande maison, lorsque les enfants sont tous partis à l'école et  ce moment m'est insupportable! Je pense alors à tous ceux et celles qui vivent cette solitude au quotidien. Je n'ose même pas imaginer quelle sera ma vie sans eux lorsqu'ils voleront de leurs propres ailes. Mon mari me manque mais moi aussi j'ai appris à apprivoiser ma douleur et ce manque. 13 mois qu'il nous a quittés et il est toujours présent dans chacun de nos coeurs et c'est lui aussi qui m'aide à avancer. Mes enfants ont besoin de moi, c'est ce qu'il me dirait. J'arrive à faire des projets, pour eux bien sûr, et chaque fois je me demande ce que Roger en penserait. Alors laisse doucement le temps faire son oeuvre (je n'y croyais pas un seul instant il y a un an!)
Je t'envoie plein de pensées positives.
Prends soin de toi.
Marieroger  

carolineb

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #8 le: 03 décembre 2011 à 10:50:23 »
Bonjour,

Eh bé! On n'a pas dit "rien du tout", au contraire, mais hormis une interprétation spirituelle qui appartient intimement et différemment à chacun d'entre nous, on peut être saisi d'angoisse et de vertige devant un tas de cendres.
Bien sûr, nos enfants, bien sûr ce que nous sommes devenus après la fusion avec celui ou celle qu'on aime, mais bien sûr aussi, le vide, le néant, l'annihilation physique et la réalité quotidienne.
Je trouve très beaux, très lyriques et très rassurants vos sentiments d'accompagnement, de présences "au-delà de la vie", mais...bon, c'est ma liberté aussi de ne pas m'illusionner...
Je vous souhaite un beau samedi, ici c'est juste la cata.
Bizatous

Mammj

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #9 le: 03 décembre 2011 à 11:37:29 »

Bonjour à Toutes et tous,

Nous sommes bien là, sur ce forum, à tenter d'avancer malgré le manque de nos êtres si chers
et nos tentatives ont d'abord pour but de garder l'équilibre, dans le profond désarroi qui est le nôtre !
J'ai lu des choses magnifiques à propos de nos absents, de ce qu'ils nous laissent, de notre cheminement
si  personnel dans la manière  de  vivre autrement avec eux ! Merci
 
Nous les faisons vivre en nous, nous en avons besoin, qu'importe le moyen que nous utilisons.... que ce soit
dans la tristesse ou le bonheur.... Il nous faudra  tellement de temps avant de nous remémorer agréablement
la part de notre vie  partagée avec eux, qui indéniablement nous a construits quelquepart....

Je n'ai pas de croyance particulière, je sais simplement  la place que mon enfant occupe  pour moi, la place qu'elle
occupe pour ses deux enfants qui vont passer leur premier Noël sans leur Maman et grandir sans elle à leur côtés.
Alors, je la fais vivre, je lui dis ce que je vais faire pour tenter de rencontrer ses petits chéris, eux qui comptaient
le plus pour elle.... que je vais préparer leurs cadeaux de Noël avant qu'ils ne partent dans son ex-belle-famille !

En lui parlant, en lui demandant de m'accompagner, je puise sans aucun doute la force de me relever, de quitter
un laps de temps, mes larmes pour aller vers  ceux et ce  qu'elle aimait !

Et il m'est doux de penser à la phrase écrite dans le dernier livre de David Servan Schreber "on peut se dire au revoir
plusieurs fois" (si titre exact...) à propos d'un soldat qui partait et disait à son aimée :

"Si je ne reviens pas physiquement,
  N'oublie pas que chaque fois que tu sentiras la brise sur ton visage
  Ce sera moi qui serai revenu t'embrasser"...

Je veux sentir cette brise, je veux entendre : "Bisou Mamm"......

Affectueusement votre.    Mammj


Marico

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #10 le: 03 décembre 2011 à 15:01:38 »
Quand je lis ton post, j'ai l'impression d'entendre des personnes qui, il y a 2 ans, 18 mois, sur ce form, parlaient et pensaient comme toi.
J'ai moi aussi parlé et pensé comme toi. Plus pensé que parlé d'ailleurs, parce que je gardais ma douleur pour moi toute seule, surtout pour avancer et protéger mes enfants jeunes. J'ai peu parlé de ma douleur en son temps.
Mais j'ai vécu le processus du deuil, comme toi, comme vous tous.
Et ce processus, il avance avec autre chose qu'avec des mots. Il est en nous, il prend naissance et se met en marche dès le début du deuil, insidieusement, et il fait son travail en profondeur, lentement, cicatrisant peu à peu la partie détruite de nous même.
Au début, on est tellement dans la gestion du quotidien, dans l'incompréhension totale, dans le refus, dans l'envie de mourir, qu'on n'entend rien d'autre que sa propre douleur, qu'on ne sent rien d'autre que cette douleur, et surtout on ne peut pas entendre qu'un jour ça ira mieux. On n'y croit pas au travail du deuil... Impossible... Même pas envisageable... Comment continuer sa vie seul(e), sans l'autre qu'on aimait tant... l'autre moitié de nous-même. Et on n'imagine même pas qu'un jour, une main inconnue en cet instant présent, prendra alors la nôtre pour une nouvelle tranche de vie, différente, pleine de ce qu'on sait et de ce qu'on a souffert, et de ce qu'on a appris, et pleine de l'autre aussi mais différemment.
Et le deuil continue à faire son travail en profondeur, il cautérise, il cicatrise, il ne nous demande pas notre avis, il fait son job jour après jour, jamais il n'arrête, il nous offre même des moments d'apaisement avant les rechutes.
Et le temps l'aide. Le temps... ça c'est un allié de poids. On le sait, mais on n'y croit pas. Ca parait si incommensurable ce qu'on traverse ! Et pourtant, le temps, les semaines, les mois et même les années passent... On se dit "tant mieux". On souffre moins, moins dans la violence, on vit et on rit, on aime même parfois. La cicatrice ne disparait pas, certes, mais elle n'est plus un barrage pour continuer la route. Et la route en vaut la peine...
On ne guérit pas, mais un jour, on s'autorise à vivre à nouveau sans culpabilité, sans penser à l'absent dans les larmes... Il y a encore des larmes, mais plus espacées...
C'est un long travail qu'il faut accepter, mais même si on ne l'accepte pas, on y vient malgré nous. La machine humaine est une belle machine capable de s'auto-réparer.
Courage aux endeuillés récents, de la part d'une "vieille veuve" de 5 années, qui a mis du temps à accepter l'inacceptable, mais qui désormais va bien.
M.





Lauren

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #11 le: 03 décembre 2011 à 17:56:09 »
Ah Marico je t'attendais, j'espérais bien que tu interviendrais sur cette file ;). J'ai beaucoup relu tes différents messages. Au début j'étais assez paniquée à l'idée de, comme tu le disais, continuer sans lui en le "laissant partir".

Aujourd'hui j'ai moins peur. J'arrive à trouver une sérénité, un apaisement à la lecture de ton expérience de "vieille endeuillée" ( on a pratiquement le même âge.)

Merci en tous cas à tous. Lauren

Marico

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #12 le: 06 décembre 2011 à 12:12:51 »
Hello Lauren, je suis heureuse de t'apporter un peu de réconfort par mon expérience de "vieille veuve". Tant mieux. Je t'embrasse.

Yohann, non, je ne peux pas dire que "l'après" est mieux que "l'avant".
Ce n'est pas comparable, surtout que le deuil n'est pas un choix, à la différence d'un divorce ou d'une séparation.
Nous "avant" on vivait notre vie avec ses hauts et ses bas, mais à deux... et puis soudain, tout s'arrête...
"Après" ce n'est pas mieux, loin de là.
C'est franchement différent, parce qu'au bout d'un certain temps, quand on sort de cet état d'endeuillé et qu'on recommence à fonctionner comme les autres, on n'est plus le/la même, le décallage est là, on ne pense plus comme avant, on n'agit plus comme avant. On doit faire seul ses propres choix, (ce qu'on avait oublié à deux), prendre les bonnes décisions, au risque de se tromper. On doit affronter la culpabilité d'être vivant, de rire, de faire des projets, et même d'aimer...
En plus, la véritable nature humaine se dévoile. Moi j'ai découvert le mensonge, la jalousie, l'envie, la trahison... on m'a prise pour une "conne" parce que j'étais seule, vulnérable. Même en restant méfiante, j'ai eu à faire avec des margoulins qui ont tenté de me nuire. Et ce n'était pas des voyous mais des gens avec réputation et pignon sur rue !.... J'ai vécu tes trucs impensables. Des portes se sont fermées sans que je comprenne pourquoi...
Oui, le deuil est une rude école, presque un voyage initiatique pour la grande naïve que j'étais "Avant" !... Je ne pense pas que c'est mieux maintenant, mais qu'est-ce-que j'ai appris !...
On survit et on le sait tous au fond de nous.
Mais on a le droit de prendre son temps pour survivre, de sombrer au fond du gouffre autant que nécessaire, de se vautrer dans la douleur jusqu'à épuisement, de souffrir aussi profondément qu'on puisse souffrir. Et plus ça sera vécu, plus ça fera mal, et plus on sera fier d'avoir survécu et de remonter à la lumière.
Inévitablement, vous remonterez tous à la lumière et vous continuerez votre route... un jour.
N'ayez pas honte de vos larmes, de vos doutes, de sombrer, c'est le juste chemin qu'il faut suivre pour que votre corps et votre raison acceptent le départ de l'autre. N'accélérez rien, les choses se font malgré vous. Vivez ce que vous avez à vivre, même si c'est terrible. En plus du fait que vous n'avez pas le choix, c'est à mon sens un mal nécessaire...
Courage à tous.
Cordialement
M.

Benedicte

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #13 le: 07 décembre 2011 à 09:05:29 »
Surtou Marico, ne part pas, viens réguilièrement poster des messages.

Il me font (apparament je ne suis pas la seule) énormement de bien, par leur simplicité, et leur encouragement. Avec des mots simples me donne l'espoir un avenir plus serein.

Je suis peut être égoïste, mais merci beaucoup.

Béné

Marico

  • Invité
Re : Plus rien, Nada !
« Réponse #14 le: 09 décembre 2011 à 14:18:11 »
Merci Béné de ton gentil post.

Je suis contente que mes interventions vous apporte un peu de réconfort.

Je me sens un peu inutile, pourtant, parce que je suis veuve depuis bien plus longtemps que vous et que nos avancées sont différentes, forcément.

Moi, j'ai l'impression aujourd'hui d'être bien loin de votre douleur de jeunes endeuillés.

J'ai parfois l'impression que ça ne me concerne pas.

Et puis je me revois il y a 5 ans, quand la terre s'est ouverte sous mes pieds et ceux de mes enfants. Je mesure le chemin parcouru, les litres de larmes versés, les moments de désespoir total où je hurlais seule dans ma cuisine, les moments d'orgueil ou je voulais (et veux toujours) gérer ma vie sans qu'on s'en mêle, cette façon de montrer que je pouvais m'en sortir seule, avec le prix à payer des portes qui se sont fermées. Un peu à cause de la mort, un peu à cause de moi...

Pour rien au monde je voudrais revivre ce que j'ai vécu. Et ce que vous vivez à votre tour.

Mon mari me manque tous les jours. Parfois plus que d'autres. Parfois il m'arrive de ne pas penser à lui de la journée, parce que je suis prise par la gestion du quotidien. Je souffre moins, en tous cas plus de cette façon désespérée qui m'arrachait les tripes.

Je vis seule, je n'ai pas envie de rencontrer quelqu'un qui viendra fragiliser l'équilibre que nous avons retrouvé.

Ce n'est pas facile de se reconstruire avec les traumatismes qui restent, en dépit de la meilleure volonté du monde.

Maintenant que j'ai accepté qu'il ne soit plus là, je me fais une vie que j'aime et peu importe l'opinion des autres (hormis celle de mes enfants).
J'ai payé le prix de cette liberté. Mais je préfèrerais qu'il soit là à partager les moments heureux, bien sûr. Mille fois. C'est comme ça, on survit et on se résigne, mais il y a un "avant" et un "après" pour la vie entière !

A bientôt. Haut les coeurs à tous.
M.