La Peur...Peur d'oublier, peur d'aller "mieux".
Déjà, pour avoir peur d'aller
mieux, il faut être conscient(e) d'aller
mal (sinon on dirait aller bien). C'est admettre cette situation. Il me semble que c'est la première étape à franchir. C'est aussi admettre que la situation dans laquelle on se trouve est irréversible, car on parle d'aller mieux et pas d'aller "comme avant".
Et puis la Peur...avec une majuscule, car je parle ici de toutes les peurs. J'ai été élevée par une mère arachnophobe (de trèèès haut niveau). Elle vit cette peur comme un handicap et en a fait un pilier de mon éducation. Il était hors de question que sa fille devienne comme elle. Ainsi je pense fermement qu'avant de devenir une phobie, c'est une petite peur, qu'on laisse grandir. (Le cas des traumas ne répond peut être pas à cette règle). Et il n'y a qu'un seul chemin pour vaincre la Peur: l'affronter. Parce qu'il ne faut pas vivre avec, la laisser tranquille, car elle va s'installer bien confortablement et rien, à part nous même, ne pourra la déloger. On dit
vaincre la Peur, et pour vaincre, il faut combattre. Alors j'aime autant me confronter à une peur naissante, plutôt qu'à un monstre que j'aurais moi même nourri. Le combat sera moins difficile. Et quand bien même il serait très dur à mener, même si on a encore peur après, on sort toujours gagnant de ce combat là, rien que du fait d'avoir combattu, d'avoir eu la force d'aller de mettre un pied dans l'arène. Il faut savoir être fier de ce qu'on accompli, fier de soi-même. Car tout se joue juste là: entre moi et moi, entre la personne devant le miroir et son reflet. Et les autres, et bien on s'en fout! A quoi bon avoir peur d'aller mieux parce que les gens vont se dire que gnagnagna?! Ce que les gens pensent on s'en fout!
Filtrer le positif. Si certains membres de notre entourage nous disent qu'ils nous savent capable d'affronter ça, il faut l'entendre. Car si au début ça faisait partie des phrases qui me faisaient gerber ( période mététoitucépaskejvi! ), aujourd'hui ça me sert de force. Ce sont mes pompom-girls, mes soutiens les plus puissants sur le long chemin de la reconstruction, et elles me suivront jusqu'au bout. (je vous laisse une seconde pour vous projeter mentalement l'image vos proches en jupette de majorette; sourire un instant (surtout si c'est un gros barbu); et revenons à nos moutons). Parmi ces soutiens, je compte aussi celui de l'Être Aimé. Car il/elle nous a toujours encouragé(e), alors pourquoi en serait-il autrement? (Celui ou celle qui répond "parce qu'il est mort" est puni! ^^ )
J'ai eu peur d'aller mieux en l'oubliant. J'ai eu peur d'oublier son sourire et chaque ride d'expression qu'il illuminait, j'ai eu peur d'oublier les constellations de formaient ses grains de beauté sur son dos, d'oublier les meilleurs moments, d'oublier son odeur, le grain de sa peau, son goût, tout. J'en ai parlé à ma psy, qui m'a, entre autre, conseillé de coucher par écrit ce que je voulais graver, ce dont je voulais qu'il reste une trace. Je m'achète un cahier le lendemain, et il est toujours vierge aujourd'hui. Je pensais commencer par écrire les circonstances de notre premier baiser, ce que j'ai ressenti à ce moment là. J'aurai pu écrire des pages entières rien que sur ça, avec chaque détail, façon Zola. J'ai compris que ça ne servait à rien de l'écrire, car tout était là. Ce souvenir, 6 ans d'âge, est intact. Je n'ai plus peur d'oublier car je n’oublierai pas, rien du tout. Il a fallu que j'aille la toucher du doigt cette peur, que j'y cède presque, pour me rendre compte qu'elle n'avait pas lieu d'exister.
J'ai eu peur de la dépression aussi, d'aller de plus en plus mal. Je le refuse catégoriquement. J'ai eu peur de cette douleur, à la fois psychique et physique, et qu'elle m'entraîne au fond sans jamais me laisser remonter. Je sentais bien qu'elle était là. Et puis un soir je l'ai laissée venir cette douleur, j'ai baissé les bras et j'ai accepté qu'elle me prenne. Je l'ai pris en pleine face, je l'ai vécue jusque sous les ongles. J'ai pleuré, pleuré, tremblé, pleuré, pleuré, gémi puis hurlé. Je l'ai senti résonner en moi, et sortir un peu. Je me suis endormie d'épuisement. Un des sommeils les plus "réparateurs" que j'ai eus. Le matin, j'avais une tronche horrible avec les yeux gonflés, des traces de sel sur les joues et une grosse coulure de morve toute sèche. En me regardant dans le miroir, en train de nettoyer ma morve avec un coton tige et de l'eau tiède, j'ai souri
(je vous laisse encore une petite seconde pour visualiser la situation, mais si, avouez que ça prête à sourire quand même). J'allais mieux, comme si un peu de douleur était partie. (attention ça se régénère vite) Je n'ai plus peur de la douleur ni de tomber dedans. Ce n'est pas linéaire. Ca descend, ça remonte, je suis le vent. Je ne perds plus mon énergie à lutter contre le vent, je la garde pour "remonter la pente descendue", je la garde pour pouvoir profiter des moments agréables. Et j'ai confiance en mes proches, mes petites majorettes, qui ne me laisseront pas dans la tempête. Ils ont confiance en moi mais je sais qu'ils viendront me chercher si un jour ça se passe pas comme prévu, et que je reste coincée en bas.
Bien sûr tout ceci n'est que mon humble avis. Mais puisqu'on est là pour partager, le voilà.
Paix et Amour. Meilleures pensées pour vous tous.