Merci Nounouto de ton témoignage. Tu nous parles de l'après, celui qu'il y a après un, deux, trois quatre ans et plus.
Pour ma part, 20 mois passés. C'est déjà loin et pourtant si proche encore.
je lis les messages des uns et des autres, avec un deuil récent, et pourtant je m'y sens encore proche.
Comme je disais dans un de mes posts, je suis entourée dans ma famille de femmes veuves (mes tantes, cousines), veuves comme moi dans leur cinquantaine, suite à des maladies de leurs maris. Elles sont restées seules, n'ont jamais refait leur vie, n'en trouvant pas forcément le besoin. Et elles me disent toutes la même chose : "ne reste pas seule". Une de mes tantes -lors des obsèques d'une autre, alors que Christophe était parti une semaine plus tôt- m'a dit "tu es jeune, tu pourras refaire ta vie". ca a choqué tout le monde. Une semaine que je venais de perdre mon mari, bien sûr que je n'avais pas envie d'entendre quelqu'un me dire qu'il fallait que je refasse ma vie!
Alors, c'est vrai qu'il faut aller de l'avant, c'est vrai que je suis encore jeune (tout ça, c'est aléatoire!) et que je devrais profiter de la vie. Mais je n'y arrive pas encore. Mon médecin qui me suit de près, m'a conseillé de voir du monde, de faire des choses que j'aime. Donc, 6 mois après son décès, j'ai trouvé une chorale où je vais chanter une fois par semaine. Il y a des fois où je n'y arrive pas, mais j'essaie d'y être assidue. Je fais du loisirs créatifs -j'en fais depuis des années, mais j'y prenais plus de plaisir quand Christophe était là et qu'il aimait ce que je faisais, toujours à l'affût d'une carte un peu plus sophistiquée ou marrante. IL s'y prenait au jeu, m'achetait du matériels sur internet, me demandait de sortir mes machines pour les montrer aux amis. Mais on était ensemble dans ces moments là. Je sors faire les magasins, mais je rentre vite chez moi. Tous mes amis sont en couple, avec des enfants encore, et leur bonheur me fait mal. Mais ça, je ne peux pas leur dire. Ils prennent soin de moi, s'inquiètent de savoir si je suis seule, mais j'ai l'impression d'être la dernière roue du carrosse.
Je m'occupe comme dit Qigan, je m'occupe la tête, mon travail me prend une grande partie de mes journées. Comme ça, je ne pense pas trop. je parle de lui, parce qu'il est toujours là. Qu'il me manque chaque jour toujours plus. Tout me le rappelle, une musique, un mot, une photo, un endroit.
Ca me fait toujours aussi mal, même si je pleure moins. J'ai dû vider mon stock de larmes tellement j'ai pleuré quand il était malade de le voir souffrir sans ne rien pouvoir faire pour le soulager, pleurer quand il a été parti.
Donc, si je comprends bien tout, même au bout de plusieurs années, on souffre encore autant. Alors dans les livres, ils nous mentent en disant que ça s'atténue et que sans disparaitre de notre vie, notre amour va s'estomper, et que l'on reprendra un cours de vie normale?
Ca va être difficile. est-ce que ça vaut le coup ? Reprendre une vie, qui ne sera jamais comme celle d'avant ? retrouver des bras qui nous donnent de la tendresse, de l'amour ? Il sera encore là et je me dirais que je le trompe. Que je lui suis infidèle. J'ai du mal à le concevoir, même si je connais beaucoup de jeunes veuves qui ont refait leur vie et qui me disent "que reparler du passé fait ressortir leurs vieux démons" . Elles sont heureuses. tant mieux.
Tu as raison Nounouto, c'est difficile tout ça. On ne trouvera de réponses à nos questions qu'avec le temps et l'expérience.
En attendant il faut vivre avec, ou sans, malgré le manque d'amour , manque de conversation, rigolade, disputes, réconciliations, tendresse. ET Dieu que le silence est pesant ......
Bonne nuit à toutes et à tous.
Demain sera un autre jour.
Béatrice