Bonsoir Steph7.
Si tu as eu une "révélation" de ton départ à venir de Bordeaux, c'est que probablement ta place est plus dans un endroit que tu aimes et qui t'est familier que dans cette ville d'où tu n'étais pas.
Bien sûr, n'ayant jamais aimé cette région où j'ai vécu 10 ans, je te dis "excellent choix". Mais je suis de parti pris... En tous cas, si tu sens que rien ne t'attache en Gironde et que ta place est en Normandie, n'hésite pas.
Bien sûr, moi aussi il m'a fallu 3 ans de deuil avant de quitter notre maison, avec ses souvenirs bon et mauvais, ses repères, et puis mon mari dans le cimetière du village... culpabilité, attachement, c'était très dur, j'hésitais, je ne savais pas pour moi, pour les enfants... et puis un jour, j'ai pris la décision de faire la coupure. Je suis partie 1 an très loin, au bout du monde, seule avec les enfants. Et en revenant, 1 an plus tard, vivre dans la maison ça n'était plus possible. Nous étions malheureux de tous le poids des souvenirs, de tout le poids du passé et des jours heureux...
Alors nous avons choisi ensemble, tous les 3, de nous rapprocher de la famille de mon mari, pour que les enfants aient un repère masculin dans leurs jeunes vies, leur oncle paternel qui veut bien jouer ce rôle (de temps en temps). Nous venons de nous installer dans le Sud de la France. J'ai déménagé mes meubles il y a 3 semaines, et pendant 10 jours, habité à nouveau la maison. Et encore une fois, la tristesse nous a terrassés. Ma fille pleurait sous l'arbre duquel son père est tombé, mon fils était malheureux et moi aussi....
J'ai donc mis la maison en location en attendant de la vendre, dans 2 ou 3 ans, juste le temps de nous habituer à ne plus y aller... à ne plus l'aimer...
Nous avons décidé d'écrire de nouvelles pages, dans lesquelles mon mari n'est pas. Ce seront les nôtres, en 5 ans nous avons intégré qu'il ne reviendra plus et que lui et nous devons aller nos chemins, maintenant...
Le chagrin n'a pas totalement lâché prise, mais la vie a repris le dessus, indéniablement...
Tu vois, 5 mois, c'est peu pour prendre une décision aussi importante. Mais si tu crois pouvoir te reconstruire plus facilement près de tes proches, alors ne crains rien, c'est que tu fais le bon choix. Rester seule dans une ville où rien ne t'attache hormis les souvenirs, à la longue ça aurait été lourd et tu aurais tourné en rond.
Même si on emmène toujours tout de sa vie avec soi, je te souhaite de te plaire à Granville et d'y trouver des amis et de la compassion pour t'aider dans ton chemin de deuil qui n'est pas terminé. Beaucoup de force et de courage aussi, mais comme tous ici et même si tu ne le sais pas encore, tu en es certainement pourvue.
Je t'embrasse.
M.