Auteur Sujet: Où es-tu?  (Lu 3644 fois)

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Caroline3

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Où es-tu?
« le: 06 juillet 2012 à 06:28:06 »
C'est la question que je me pose depuis 2 ans.

Et d'autres: où crèches-tu, où dors-tu, que fais-tu de ton corps? Me vois-tu?

Non pas que tu me manques tant que ça. Je suis devant tes cendres, qui seront de nouveau dispersées sur ce bon fleuve Saint-Laurent d'ici peu. Je sais où tu es vraiment.

Mais c 'est pas vrai que tu ne me manques pas. Ça sort par les pores de ma peau: je te déteste d'être parti sans le vouloir toi-même. Un vrai désastre. Voilà, ta vie a été remplie, riche d'activités qui te plaisaient, tu as été vraiment LE magnifique, "The Golden Boy", mais ta mort nous a laissées...  seules.

Et je pense à ces gens autour: elle va s'en remettre, la vie continue (comme si je ne le savais pas), "Elle est encore pas pire, elle pourra s'en trouver un autre" --  "Tu vas te trouver un chum bientôt".

Ben oui, un amoureux sur le bord de la route... vite fait.

---

Je pense à toi, à ta vie, à ton corps. Tes ongles étaient beaux, tes bras, chauds, tes pieds, magnifiques...  As-tu vraiment existé?

Où-es tu, Lowell?

À quoi a servi ta vie et pourquoi es-tu parti si tôt? Tu sais, j'ai un vieil oncle de presque 80 ans, pas trop en santé, qui bouffe comme un cochon et qui fume comme un trou, et lui est pourtant bien vivant.

Lowell, voici ce que je te dis: Tu es con d'être parti alors que ta fillette est là, et qu'elle a besoin de toi.

Et moi aussi.

Caro, love.

Claudahoa

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Re : Où es-tu?
« Réponse #1 le: 06 juillet 2012 à 07:58:04 »
Bonjour Caroline,

Oui c'est "con" que Lowel soit parti en vous laissant Lou et toi,mais a-t-il eu le choix entre partir et rester?De quoi sommes-nous maître sur cette terre?Toute cette colère ,ces questions sur son corps,où il est ,resterons un mystère jusqu'au jour où tu seras très vieille,toute ridée et que la mort viendra à ton tour t'arracher aux tiens!Comme toi sans arrêt je me pose la question où est ma fille ,pourquoi me me parle-t-elle plus depuis cet affreux 20 juin 2012?En même temps il y a trois jours j'ai senti sa main sur la mienne,une drôle de sensation,il n'y avait pas de bras au bout de la main mais c'était si bon la douceur de sa peau de bébé car comme sa grande soeur elle a gardé sa peau de bébé aux  mains.Tu vois même elle je ne crois pas qu'elle est choisi de mourir rare sont les suicidés qui veulent réellement mourir,comme les malades dans leur corps la mort apparaît la seule alternative à l'arrêt de la souffrance c'est tout.
Si les gens te blessent avec leur paroles maladroites tu sais bien comme souvent cela est du au fait qu'ils ne savent pas comment t'être utiles et sont bien mal à l'aise face à toi,face au deuil...
Prends-soin de Toi? de ton adorable Lou qui a bien de la chance de t'avoir comme maman,une maman touchante et pleine d'amour...
Je t'embrasse tendrement
Claudia

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Où es-tu?
« Réponse #2 le: 06 juillet 2012 à 09:08:48 »
Comme nous sommes humains, pauvrement humains, nous les survivants !

A nous poser mille et une questions dont nous savons que personne d’autres qu’eux ne peut nous donner une once de réponse.

A tenter d’imaginer… un autre monde merveilleux, éblouissant de lumière et de douceur, un monde de blancheur, sans peur, ni haine, ni douleur, ni guerre…
Et son opposé un monde de fer et de sang pour accueillir ceux qui n’ont fait que du mal…
Un peu grotesque mais tellement rassurant.

A les vouloir détachés de toute obligation, toute émotion, et à espérer qu’ils sont près de nous à nous guider, nous protéger.
Impossible équation.

A venir pleurer à chaudes larmes, fleurir et faire un mausolée d’un petit tas de cendres, une pierre froide dans un cimetière sinistre en se disant qu’ils ne sont pas là de toute façon.
Paradoxe.

A la douleur de la séparation, à l’impossible acceptation de l’absence, au manque intolérable, au désespoir de lendemains sans lui (elle), s’ajoute les questions : Où ? Comment ? Pourquoi ? Et quand nous reverrons nous ?

Notre vie ne parvient plus à se projeter dans l’avenir, c’est trop dur, trop tôt.
Le présent est si difficile.
Alors, retour en arrière, vers ce passé où nous cherchons les joies qui vont nous faire pleurer, les indices qui vont nous faire regretter, les amis qui n’en sont plus, les autres absents…

Peut-être que le bout du chemin, c’est l’instant où nous acceptons notre présent, sans avoir besoin de s’appuyer sur le passé.
Alors savoir où il est ? Peu importe s’il y est bien.
A nous de nous battre pour aussi, être bien, là où nous sommes.


Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

mamita

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Re : Où es-tu?
« Réponse #3 le: 06 juillet 2012 à 15:06:20 »
ces questions sur son corps,où il est ,resterons un mystère jusqu'au jour où tu seras très vieille,toute ridée et que la mort viendra à ton tour t'arracher aux tiens

J'ai envie de vous raconter ce que m'a dit une dame de 85 ans, que j'aime beaucoup ... son mari est mort voilà 40 ans et il reste très présent dans ses conversations (elle est restée seule avec ses 6 enfants), elle a été très éprouvée puisque deux de ses petits enfants sont morts tragiquement ... son humour la sauve du désespoir ...

Elle m'a dit ceci :"j'espère bien que j' vais l' retrouver, mais quand il va m'voir arriver, il va s'demander qui c'est c'te p'tite vieille qui arrive au paradis" !J'ai beaucoup ri et quand je vais la voir, ses propos pleins de sagesse et d'humour me font un bien fou.

"Etre bien là où nous sommes" comme le dit si bien Marina

Toutes mes pensées les plus chaleureuses

Marithé

marie-o

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Re : Où es-tu?
« Réponse #4 le: 07 juillet 2012 à 08:48:55 »
Chère Caro
Corrige si je  me trompe; j'entends et je comprends ta colère,
ta colère contre lui,
ta colère contre cette injustice de la vie qui te l'a retiré et te prive de votre amour
ta colère contre cette injustice de la vie qui prive ta fille de son père,
ta colère contre la maladie qui l'a privé si tôt d'une vie si riche
ta colère contre les autres qui ne mesurent pas ta peine si lourde à porter, ta solitude immense

je ne vais pas te dire que tu ne dois pas éprouver cette colère, car j'éprouve aussi de la colère et je sais que c'est un sentiment incontrôlable, la seule chose que j'ai trouvé pour l'instant pour me soulager c'est de la reconnaître de lui donner les moyens de s'exprimer, notamment par des activités physiques ou de la dire ou de l'écrire et puis réfléchir pourquoi je suis en colère

bon courage et avec toute mon amitié
Orchis

Caroline3

  • Invité
Re : Où es-tu?
« Réponse #5 le: 07 juillet 2012 à 15:24:58 »
Merci à vous, pour vos bons mots.

Oui, bien sûr, je suis encore en colère. Je tente de l'exprimer, sans rien casser, tout en appréciant, quand je le peux, les doux moments de la vie.

Ça vient, ça va, ça vient, ça va. C'est un peu ça en ce moment. L'humour? Pas tout à fait rendu là, peut-être à 80 ans, oui. Bien sûr, Lowell va bien, très bien même... Comme il n'existe plus, c'est moi qui pense à lui, qui regarde tout ce qu'il me reste à faire sans son soutien réel, à toutes les étapes de la petite, pas de papa, quoique je le mentionnerai toujours "Ton papa est fier de toi, Lou".

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Plus souvent, mon corps veut toujours pas "faire". Je l'écoute, mais je me sens quand même coupable: tant de choses à faire: escalier de la galerie à monter (monter dans le sens: construire), la chambre de ma fille (elle veut un cabanon dans sa chambre, j'ai presque fini), les maudites photos à ranger, la sous-sol à ranger et tout est à ranger et puis le commun ordinaire: acheter un filtre pour la maison, rappeler le gars qui doit refaire la cheminée qui coule dans le sous-sol, attendre que le ramoneur arrive dans 3 minutres (un samedi, bien sûr...) et avant de partir dans un camp, parce qu'on part une semaine lundi matin...

Or, on part lundi dans un camp au Nord du Qc et il faut préparer les valises et vider le char rempli de photos!!!

Bon... pas sûre que ça va me motiver.

Oui, où es-tu Lowell? Je sais bien, tu n'es plus là, et moi, je suis là, dans ce magnifique jardin, attendant le ramoneur.