Bonsoir Marie
Les mots me manquent pour te répondre. Je ne peux imaginer l’impact émotionnel et physique de ce que tu vis, de ce que tu es obligée de vivre.
Lorsque j’ai perdu l’homme de ma vie, il y a maintenant 20 longs mois, j’étais pulvérisée, je ne sais pas comment j’aurais pu supporter de perdre aussi un enfant. Je ne sais pas comment tu fais.
Et pourtant, il y a des femmes qui ont ce chemin terrible. J’ai rencontré et ensuite travaillé avec une rescapée rwandaise, il y a 10 ans. Son homme et ses trois petits enfants avaient été massacrés, et elle rescapée, survivante, puisant sa force dans leur amour pour emprunter la route qui s’ouvrait à elle, celle du témoignage et de la réparation. Je l’ai revue il y a cinq ans, travaillant de toutes des forces pour la réconciliation avec les génocidaires C’était devenu sa raison de vivre, Elle était pleine de rires et aussi de larmes aussi lorqu’elle évoquait ses enfants. elle disait qu’elle si elle avait survécu cela avait un sens, et qu’elle devait en faire quelque chose . elle a écrit un magnifique livre, je t’en donnerais le nom si ça t’intéresse et quand tu seras prête. Toujours lorsque je suis au fond du gouffre, je pense à ces femmes qui , comme toi, perdent un enfant ou plusieurs. Elles vivent l'indicible. Elles vivent pire que tout ce que j'ai pu vivre.
pour ce qui est de reprendre le travail, vas y doucement si tu le peux avec le poste que tu as. Personnellement j’ai eu beaucoup de mal et je trouvais que ça ne me faisait pas de bien, a la différence il me semble de ceux qui avait perdu leur compagnon de facon brutale. Dans notre cas, il s(agissait d’une longue et douloureuse maladie,) j’étais épuisée Mais j’ai repris 3 semaines après, comme une somnambule. Avec la chance d’etre très bien entourée et aidée ;Parce qu’honnetement j’étais dans l’incapacité de me concentrer, les pensées me fuyaient, j’avais l’impression d’e^tre imcapble de réfléchir, d’agir, tous mes neurones avaient grillés et moi je fuyais es gens pour aller pleurer dans un coin losque ca débordait trop. J’avais l’impression de ne plus rien savoir faire. J’ai eu la chance, l’immense chance qu’être entourée professionnellement de gens attentifs a ce que je traversais et j’ai pu m’appuyer sur eux.
Mais il y a des jours où je n’y suis pas allée, des jours à pleurer sous la couette des jours de solitude nécessaire , pour moi, pour lui, pour nous.
Idem pour les invitations des amis.Encore aujourd’hui je me fais parfois violence et j’y vais parce que c’est important le lien avec les amis, même si parfois au bout d’une heure je me demande ce que je fais là tant je suis décalée. Et puis finalement ça e fait du bien. A petites doses quand même
Il va falloir que tu trouves ton rythme, chacun à le sien, le mien est très lent et c’est comme ça C’est un rythme avec des à coup, des creux sans fond de chagrin et de manque, de colère, et puis de temps en temps des montées où on se sent un peu mieux, sortes de moments de grâce ,qu’il faut apprendre à accueillir eux aussi . Ce sont les montagnes russes comme on les appelle ici.
Ce soir mon cœur est avec toi et tes deux enfants
tendresses
ps si tu le peux fais toi aider. C'est important