Bonsoir,
Ces 4 dernières semaines, je me suis peu promenée sur ce forum et je n'ai rien posté.
Il y a 4 semaines, j'étais dans un creux de vague, les 1 an et tout et tout.
Et puis, les jours qui ont suivi, une sorte de sérénité m'a gagné. Rien de très différent des hauts de vague déjà connu, mais quand même une sensation autre. Des phrases ont résonné, que j'avais déjà entendues mais qui m'avaient juste effleurée, comme "réinventer sa vie". Et puis les jours ont suivi encore et encore, sans larmes, avec l'envie de partager des moments avec des amis, des collègues, les autres quoi. Et une semaines, puis deux puis trois sont passées. Et ça continue....
Ce samedi matin, après m'être réveillée à 5h et rendormie, un rêve avec mon Fanou. Depuis un an, je n'ai que très peu rêvé de lui, 2 fois pas plus. Ce fut furtif. Même dans mes rêves, la réalité reprend très vite (trop vite) la main et je me réveille. Mais ce rêve, c'était un moment "comme dans la vraie vie, avant la maladie " pas un souvenir. C'était ensoleillé, j'y étais, je pouvais ressentir les mêmes émotions que quand on se tenait la main et qu'on se promenait. Quand on se disait qu'on était bien ensemble. Au réveil, la sensation n'est pas mauvaise, pas de tristesse. Le samedi se passe pas trop mal, je m'occupe. Le soir ciné. Je vais voir "l'amour et les forêts". L'histoire d'un couple qui pars en vrille, d'une emprise d'un homme sur sa femme, de la descente aux enfer de celle ci. Et au moment où l'histoire du film bascule du coté sombre, une petite phrase vient s'insinuer dans ma tête: mais toi, qu'est ce que tu étais bien avec Fanou. Tout le reste du film, je n'ai que cette pensée en boucle. Et bien sûr, l'émotion qui va avec, et qui petit à petit m'envahie. Dans la voiture, je craque, je pleure, je hurle. Une fois rentrée, je suis submergée de tristesse. Je pleure encore. Je vais me coucher et je m'endors en pleurant.
Dimanche est un autre jour, je me réveille, ça va. Mon beau fils doit passer. Mon fils m'appelle. La tempête est passée. Que je crois.....Le soir, premier film, je m'ennuie, je bouquine en même temps....2nd film aucune idée de ce que c'est mais je suis intriguée. Au lieu d'aller me coucher, ce qui aurait été raisonnable, vu que je bosse le lendemain, je reste devant l'écran et la vague me rattrape . Grosse claque. C'est un film sur le deuil. Je termine encore une fois en larme, et des idées et des émotions que je n'avais pas eu depuis longtemps refond surface. Je cris à l'injustice, pourquoi tout ceci nous est arrivé à nous. Et je hurle: je veux que mon Fanou revienne, qu'on me le rende....comme dans les premiers temps. Je vais me coucher et je m'endors encore en pleurant.
Aujourd'hui lundi est un autre jour. Je travaille. Journée bien remplie en perspective. Ca me va très bien. Ce soir rdv chez la Psy. J'ai passé la séance à pleurer......
Et me voilà donc ici, ce soir, à vous raconter un petit moment de mon chemin de deuil, entre l'envie de réinventer ma vie, de rester en haut de la vague le plus longtemps possible (pour le coup, jamais je n'étais rester en haut aussi longtemps, presque 4 semaines) et ce mouvement irrésistible qui nous ramène, quel que soient nos efforts, à revivre nos émotions de colère, d'anéantissement, de désespoir, à revivre le film du désastre, de la fin de notre monde jusqu'à les user à la corde....
Et peut être rester en haut de la vague un peu plus longtemps la prochaine fois.
Catherine