Auteur Sujet: Non, non et non je n y arrive pas  (Lu 9904 fois)

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Nandou_Guanaco

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Re : Non, non et non je n y arrive pas
« Réponse #15 le: 29 septembre 2016 à 21:56:13 »
Bien sûr qu' il est des morts plus traumatisantes que d' autres, une mort brutale sera toujours plus traumatisante qu' un décès suite à une longue maladie où le conjoint, parent ou enfant a le temps de s' y préparer, de voir venir et commence donc son deuil avant. Une mort programmée restera toujours moins traumatisante qu' une mort brutale et je pense sans m' y connaître qu' un suicide doit être la pire des morts à accepter si tant est que cela soit acceptable pour la famille. Se donner la mort est anti nature.  Je ne parlerai pas de la mort d' un enfant qui n' est absolument pas dans l' ordre naturel des choses. Perdre ses parents de vieillesse et de mort naturelle n' est pas une mort traumatisante, c' est triste, on pleure mais on trouve cela normal dans le sens "dans la norme". C' est la suite logique de la vie quand on a terminé son oeuvre sur terre.

Ceci dit chacun souffre selon le lien qui le reliait à la personne défunte. Tout cela reste subjectif, intime et personnel. Nous sommes tous uniques et notre souffrance aussi même si le processus de deuil est le même pour tout le monde.

Hors ligne Doudouzoe

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Re : Non, non et non je n y arrive pas
« Réponse #16 le: 30 septembre 2016 à 06:47:19 »
Dans des post précédent où l on n en parlais et bien non on ne se prépare pas à la mort de quelqu'un se ne sont pas des jeux olympiques. On sait qu il va mourir mais on ne peut y être préparer......

Hors ligne loma

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Re : Non, non et non je n y arrive pas
« Réponse #17 le: 30 septembre 2016 à 11:52:01 »
Non effectivement Doudouzoe, même en sachant l'échéance on peut sans doute se préparer un à "après" question organisation ,  mais on ne peut y être préparés ... mais je m'avance sans doute...
pour Marc, tous les signes d'un déclin étaient là 3 mois avant, mais je n'ai pas su les voir, les médecins ne disaient rien ... Ce n'est que lorsque j'ai trouvé Marc dans le coma, un samedi que j'ai exigé des réponses, "on fait des analyses", "on ne connait pas le dossier ..." Le lundi, j'ai enfin eu l'information "nous nous reverrons jeudi, s'il est encore parmi nous" , quoi ? si vite ? j'imaginais une opération, une greffe, n'importe quoi, mais pas ça !
Sa famille a juste eu le temps de lui faire des adieux le mardi, il est mort le mercredi à 2h du matin . Bien qu'entourée, j'ai fait toutes les démarches, l'organisation des funérailles "absente". Ce n'est que lorsque j'ai vu son visage transformé, déformé lors de la fermeture du cercueil que j'ai réalisé, il n'est plus là ...
Avant c'était un combat, une lutte contre la maladie (dépression, puis cirrhose) , et dans un combat on envisage toujours une victoire, un espoir ... alors non, je n'étais pas préparée, ni accompagnée, ni avant ni après ... et il y aurait beaucoup à dire sur l'accompagnement "après" lors d'un décès ...

loma
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Hors ligne Faïk

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Re : Non, non et non je n y arrive pas
« Réponse #18 le: 30 septembre 2016 à 17:25:04 »
Les derniers messages postés ici m'interpellent ...
Après une supposée échelle des valeurs concernant la perte d'un proche, enfant, parent, conjoint ou autre; d'un accident, de maladie ou de mort "naturelle", l'idée de traumatisme, réel ou ressenti semble faire débat.

Le traumatisme est  souvent lié à un choc violent et inopiné, médical ou psychologique, qui induit des symptômes ou des pathologies propres à cet événement.
La maladie, qu'on dit longue et qui a parfois une fin programmée, ne pourrait donc pas "coller" à cette acception et n'entraînerait donc pas de traumatisme avéré.
Bien, appelons donc un chat un chat ... n'est pas traumatisé qui veut ... et ceux qui le sont n'auraient certainement pas souhaité l'être.

L'annonce, le temps de la maladie, la fin programmée ou non constituent, si ce n'est un traumatisme, un choc qui perdure bien après "leur" départ et produit des effets peut-être différents, mais délétères également ...
Pas de traumatisme au sens littéral du terme, mais bien une violence réitérée, ce qui ne semble pas très enviable non plus ...

Comme Loma, Nora ou Doudouzoe, je ne crois pas avoir été préparée à son départ, même s'il semblait inéluctable.
La nature humaine fait que contre toute "attente", l'espoir, si minime soit-il est parfois chevillé au corps .. ou au coeur … et quand bien même il n'y aurait plus d'espoir la fin nous laisse complètement sidéré …

Je ne vois donc là que bataille de mots pouvant mettre les uns et les autres en situation d'opposition, qui me rappelle les préjugés que nous autres, toutes morts confondues, trouvons parfois insupportables d'un entourage qui ne "sait" pas, qui n'est encore ni "choqué", ni "traumatisé"...

A moins d'être "sage", peu d'entre nous sont véritablement capables d'intégrer la réalité de la mort présente et des conséquences qu'elle aura sur notre "vie" future ...
Et quand celle-ci arrive, si le "trauma" n'est pas là, l'anéantissement, lui,  est bien au rendez-vous ...

Je pense à vous, tous et toutes.
« Modifié: 30 septembre 2016 à 17:57:17 par Faïk »

Hors ligne Stana

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Re : Non, non et non je n y arrive pas
« Réponse #19 le: 30 septembre 2016 à 20:02:37 »
  La mort d'un être très cher est toujours un traumatisme. Pire sur le moment j'imagine quand la personne décède accidentellement quand elle décède sur le coup, ou durant une crise cardiaque imprévue, parce-que l'autre personne n'a pas eu le temps de s'y préparer ne serait-ce qu'un minimum, le choc est forcément d'une rare brutalité. Avec le temps, la personne endeuillée peux considèrer que l'autre personne a au moins eu la "chance" de ne pas souffrir, mais dans un premier temps ce détachement est impossible.
  Celles qui ont perdu l'autre des suites d'une maladie se sont "préparées" un minimum, bon gré mal gré, même celles qui sont dans le déni savent inconsciemment ce qui est en train de se passer. Mais même si elles savent que l'autre souffre, que la mort sera plutôt une délivrance qu'autre chose pour elle, elles ne peuvent admettre, malgrès tout, de perdre l'autre pour toujours. C'est humain. Là encore ça demande du temps pour accepter que l'autre ne devait pas souffrir davantage, surtout inutilement.
  J'ai connu ces deux cas de figure: une amie très proche à moi est décèdée d'un anévrisme au cerveau, de manière totalement inatendue. Ca a été n choc parce-que personne ne pouvait s'y attendre et donc s'y préparer plus ou moins, puis la première stupèfaction passée, j'ai pus la pleurer au bout de quatre jours. Ce fut un deuil "normal", avec de la tristesse mais aussi, très vite, de bons souvenirs. Je pense souvent à elle, avec plaisir, surtout à des petites anecdotes. C'était il y a 10 ans.
  7 mois plus tard-la loi des séries  :(-ma mère est décèdée d'un cancer. J'ai été dans le déni presque jusqu'aux derniers jours, et même alors, je n'ai pas pus lui parler de la mort à cœur ouvert, mais j'ai été présente pour lui, nous avons encore partagé de bons moments durant les derniers mois de sa vie-et je pense qu'elle savait que je savais, et que c'était ma manière à moi de l'accompagner. Outre la tristesse du deuil, j'ai presque tout de suite compris que même si son absence était douloureuse, il valait mieux pour elle qu'elle ne soit plus de ce monde et que je ne devais pas être égoïste.
  Le pire deuil est bien sûr celui lié à mon compagnon. Il y a eu le choc-puisqu'il est tombé accidentellement, alors que c'était imprévisible, et cet état de stupeur, d'incrédulité ont duré pendant tout le temps qu'il est resté dans le coma. Il y a eu le choc à son décès-comme pour ma mère je n'ai pourtant pas été surprise au sens premier du terme. J'ai souffert bien davantage et beaucoup plus longtemps-jusqu'à ce que le plus gros de la douleur s'estompe. Je sais qu'il a mieux valu pour lui partir-même vite, dans tous les sens du terme-que de rester sur ce lit d'hôpital indéfiniment, ce qui n'a pas empêché l'absence d'être presque insupportable les premiers mois. Le caractère injuste de cette mort m'a bien sûr frappée, mais je sais qu'il n'a pas souffert.
  Tous les cas de figure existent, mais je pense que vraiment anticiper, accepter que l'Autre vas mourir doit être très rare.
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)