La mort d'un être très cher est toujours un traumatisme. Pire sur le moment j'imagine quand la personne décède accidentellement quand elle décède sur le coup, ou durant une crise cardiaque imprévue, parce-que l'autre personne n'a pas eu le temps de s'y préparer ne serait-ce qu'un minimum, le choc est forcément d'une rare brutalité. Avec le temps, la personne endeuillée peux considèrer que l'autre personne a au moins eu la "chance" de ne pas souffrir, mais dans un premier temps ce détachement est impossible.
Celles qui ont perdu l'autre des suites d'une maladie se sont "préparées" un minimum, bon gré mal gré, même celles qui sont dans le déni savent inconsciemment ce qui est en train de se passer. Mais même si elles savent que l'autre souffre, que la mort sera plutôt une délivrance qu'autre chose pour elle, elles ne peuvent admettre, malgrès tout, de perdre l'autre pour toujours. C'est humain. Là encore ça demande du temps pour accepter que l'autre ne devait pas souffrir davantage, surtout inutilement.
J'ai connu ces deux cas de figure: une amie très proche à moi est décèdée d'un anévrisme au cerveau, de manière totalement inatendue. Ca a été n choc parce-que personne ne pouvait s'y attendre et donc s'y préparer plus ou moins, puis la première stupèfaction passée, j'ai pus la pleurer au bout de quatre jours. Ce fut un deuil "normal", avec de la tristesse mais aussi, très vite, de bons souvenirs. Je pense souvent à elle, avec plaisir, surtout à des petites anecdotes. C'était il y a 10 ans.
7 mois plus tard-la loi des séries

-ma mère est décèdée d'un cancer. J'ai été dans le déni presque jusqu'aux derniers jours, et même alors, je n'ai pas pus lui parler de la mort à cœur ouvert, mais j'ai été présente pour lui, nous avons encore partagé de bons moments durant les derniers mois de sa vie-et je pense qu'elle savait que je savais, et que c'était ma manière à moi de l'accompagner. Outre la tristesse du deuil, j'ai presque tout de suite compris que même si son absence était douloureuse, il valait mieux pour elle qu'elle ne soit plus de ce monde et que je ne devais pas être égoïste.
Le pire deuil est bien sûr celui lié à mon compagnon. Il y a eu le choc-puisqu'il est tombé accidentellement, alors que c'était imprévisible, et cet état de stupeur, d'incrédulité ont duré pendant tout le temps qu'il est resté dans le coma. Il y a eu le choc à son décès-comme pour ma mère je n'ai pourtant pas été surprise au sens premier du terme. J'ai souffert bien davantage et beaucoup plus longtemps-jusqu'à ce que le plus gros de la douleur s'estompe. Je sais qu'il a mieux valu pour lui partir-même vite, dans tous les sens du terme-que de rester sur ce lit d'hôpital indéfiniment, ce qui n'a pas empêché l'absence d'être presque insupportable les premiers mois. Le caractère injuste de cette mort m'a bien sûr frappée, mais je sais qu'il n'a pas souffert.
Tous les cas de figure existent, mais je pense que vraiment anticiper, accepter que l'Autre vas mourir doit être très rare.