Stana, tu as une force extraordinaire
tout le monde ne l'a pas,
sache que j'admire ce que tu es
mais que je suis consciente que notre traumatisme est vécu différemment pour chacun.
Moi, je ne souffrais plus la nature si belle et qui me donnait la nausée
Moi, je ne pouvais supporter de sortir sans pleurer en pensant aux souvenirs qui me liaient à mon Amour
Moi, je ne pouvais plus lire, me "distraire", voir des amis....car j'étais anéantie.
Chacun supporte et porte son calvaire.
Nous y survivrons; chacun a un chemin.... je t'embrasse
Merci Orphila
Disons que j'ai eu la volonté d'être forte, de survivre pour lui, et aussi un petit peu pour moi, par un instinct de survie que je ne me connaissais pas. Plusieurs personnes m'ont dit, dès les débuts, être "admiratives de mon courage", ce qui m'a fait chaud au cœur, mais ça ne m'empêchait pas de me sentir morte à l'intèrieur. J'avais une apparence stoïque par moment, mais j'explosais à l'intèrieur, la souffrance était implacable, insoutenable...c'était très dur de devoir la supporter, je n'avais jamais rien connu de comparable. J'avais cru, plusieurs fois dans ma vie, avoir atteint le sommet de la douleur, mais je n'avais aucune idée de ce qu'était, dans les faits, ce "maximum". Je suis toujours étonnée d'avoir survécu, et d'avoir trouvé un apaisement. Je sais que je resterai fragilisée à vie. On dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort...j'ai la sensation d'être à la fois plus forte qu'avant (plus stoïque plutôt, du moins en apparence) et plus fragile.
J'ai toujours été très sensible, mais à présent, même lorsque je suis dans un bon état d'esprit, il suffit d'un "rien" que que je sois saisie d'une émotion violente, que j'ai les larmes aux yeux...un passage émouvant dans un livre, un film, voire même un feuilleton à l'eau de rose, une chanson, suffit pour que j'èclate en sanglots. Ca peux durer quelques minutes ou moins, mais mon hypersensibilité s'exprime spontanément dans ces instants-là. Je suis que je suis comme "décapée" à l'intèrieur, ècorchée vive, d'où cette vulnérabilité qui me rend sensible à tout ce qui m'entoure.
Je peux garder un visage, une apparence stoïques même lorsque je vais mal, par exemple lorsque quelqu'un me blesse, volontairement ou non, parce-que je me suis habituée à cette apparence de stoïcisme depuis le début de mon deuil, pour me protèger et continuer, malgrès tout, à vivre. Ce reéflexe de protection a pus faire penser à certains que j'ai toujours "bien vécu" mon deuil, mais ceux qui ne manquent pas d'empathie et de sagacité ont toujours lu dans mes yeux, dans les infimes expressions de mes traits, au-delà des apparences.
A la fois plus forte et plus fragile, je sais que ça parait contradictoire, mais c'est ce que j'èprouve.
J'ai appris à vivre avec cette sensibilité exacerbée, toujours à fleur de peau, toujours prète à se manifester, et à vrai dire, je prèfère être comme ça plutôt que comme toutes ces personnes dépourvues d'empathie, que rien ou presque ne semble toucher. Mes émotions sont "à vif", mais quelque part, elles me permettent de me sentir vivante, je me sens vibrer, en bien ou en mal.
Dès les premiers temps, les premiers jours même, j'ai décidé de vivre ces émotions, patiemment, je me disais: "Tu pourras être fier de moi, mon amour." Je pensais à tout ce qu'il m'a appris, à tout ce qu'il m'a apporté, et je me disais aussi: "Je lui dois bien ça."