Dans un premier temps, les brefs instants d'accalmie, d'une sorte de paix sont rares, ces petits moments où la souffrance se repose un peu comme je dis toujours. Je pense que le cerveau humain ne peux pas supporter, sur le long terme, un excès de douleur continue, qu'elle soit physique ou morale, et diffuse des endorphines pour se reposer un minimum, reprendre des forces. J'ai connu ces très brèves éclaircies au cœur d'une douleur à la limite du supportable et uniforme, à laquelle il m'était impossible d'èchapper. Cette souffrance était en moi jour et nuit, elle m'épuisais, j'en ètait prisonnière, et j'acceuillais ces instants de mieux-être comme des dons précieux, d'autant plus précieux qu'ils étaient rares et furtifs. La porte de ma prison intèrieure s'entrouvrait, j'entrevoyais un rayon de lumière, puis la porte se refermait, mais ça me donnait de l'espoir pour l'avenir. C'est interminable, j'en conviens.
Cela dit, un an et neuf mois (aujourd'hui, triste anniversaire), je peux témoigner qu'au fil des mois, ces petites embellies deviennent plus fréquentes, insensiblement puis de façon plus marquée; elles s'alongent peu à peu, et le laps de temps entre chacune devient moins interminable, puis de plus en plus courts. Au fil de ces mêmes mois-les 6 premiers ont été les plus durs en ce qui me concerne-le côté insoutenable de la douleur s'adoucit: pareil, insensiblement puis jusqu'à ce qu'elle devienne supportable.
Un jour, étape par étape, cette souffrance continue devient une douce mélancolie que j'èprouve toujours, non seulement supportable mais pleine de sérénité, c'est avec une douce nostalgie, le cœur débordant d'amour et de tendresse, que j'èvoque tous les merveilleux souvenirs partagés. J'arrive maintenant à sourire naturellement, voire même à rire en pensant à des anecdotes. Il est toujours en arrière-plan de chacune de mes pensées, et ça me donne davantage de force et de ce que l'on peux qualifier de joie que de douleur. Je ne te cache pas qu'il y a toujours des moments, par intermittence, plus douloureux, mais ce sont maintenant les mauvais instants qui sont plus rares, dans une paix intèrieure à peu près continue.
Bien sûr je reste marquée, je suis hypersensible depuis le début de mon deuil-plus qu'autrefois-et je pense que ce côté écorchée vive sera toujours là. Mais ce qui importe est qu'avec le temps, un apaisement est possible, si on a suffisament de patience et de ténacité. Je pense d'ailleurs que la plus belle manière que nous ayons d'honorer leur mémoire adorée est de rester en vie, comme ils l'auraient voulu, et comme nous l'aurions voulu pour eux si c'était nous qui étions partis avant eux. Acceuillir les petits, puis plus longs moments de bien-ête intèrieur, comme ils l'auraient voulu-comme ils le veulent je pense.