Pascale, pendant un temps tu en parleras moins... puis tu en parleras à nouveau mais autrement.
Finalement, le temps qui passe nous permet d'évoquer plus facilement nos disparus, parce qu'on le fait moins dans la douleur violente des premiers mois ou années. Et pour les autres autour de nous, c'est rassurant, parce qu'ils pensent que nous allons mieux, voire bien... que nous pouvons nous souvenir en souriant, sans pleurer, normalement comme eux, même si en vérité l'état de choc est très lent à se dissiper...
Tu vois, mon fils qui avait 7 ans à la mort de son père et qui en a 12 aujourd'hui, est en train de décompenser. C'est maintenant, 5 ans après, que l'état de choc se révèle vraiment, et pourtant à l'époque il avait été suivi par des professionnels plusieurs mois... Et il allait bien, apparemment !...
Bien entendu, en voyant son comportement scolaire changer, je l'ai amené chez un nouveau psy qui lui a diagnostiqué une "déconnection émotionnelle" pour ne plus souffrir. Donc, mon gamin se désintéresse de tout, ne s'investit dans rien, ni dans les copains, ni dans son école, ni dans son sport de détente. Il a renoncé au plaisir de la vie, il n'aime rien, ne veut rien et rien n'a de prise sur lui. Il s'en fout... et ne fiche plus rien du tout en classe. Du coup, je suis obligée de le déscolariser, si je veux le maintenir à flot et lui redonner le goût de l'apprentissage... c'est pas facile, mais je ne le laisserai pas tomber et nous surmonterons cette nouvelle difficulté. Il est intelligent, il s'en sortira... mais c'est pour te dire qu'il faut des années pour évacuer la douleur, si on l'évacue vraiment un jour ?
Le temps aide à continuer, mais ne guérit pas la plaie profonde.
Courage à toi et à bientôt.
M.