Bonsoir chefs amis,
Cette appellation ne va pas manquer de vous interpeller, puisque, à priori, nous ne nous connaissons pas.
Enfin, vous ne me connaissez pas. Car si je me suis permis de vous appeler ainsi, c'est parce que votre soutien a participé à ma survie, depuis le départ de mon mari.
Je franchis le pas aujourd'hui car cela fait 6 mois en ce jour, qu'il m'a quittée, après un combat long et difficile contre un ennemi qui laisse bien peu de chance : le cancer du pancréas.
Et depuis, comme vous, je me sens incomplète et dans une telle souffrance que la vie m'est devenue odieuse.
En plus, avec le temps qui passe, le soutien des proches tend à s'effilocher mais j'essaie de faire bonne figure devant les autres, malgré tout.
Alors qu'au fond de moi, c'est le désert, l'obscurité et le néant.
Le livre du docteur Fauré a évité que je ne tente de le rejoindre. Il explique bien que cela détruirait mes enfants en les laissant dans l'incompréhension et les remords de n'avoir rien vu. Alors, comme je l'ai lu si souvent dans vos écrits, je ne vis plus, je survis. Mon mantra se résume à cela "un jour après l'autre". À quoi bon d'ailleurs. La maison se languit de lui. Tout me le rappelle et entretient ma douleur. Mais c'était notre chez nous et j'ai tellement besoin aussi de nos souvenirs communs, de le sentir plus proche, dans ce lieu rien qu'à nous.
Il avait 63 ans et devait prendre sa retraite en juin. Nous devions ensuite profiter ensemble de la vie et continuer à voyager. C'est raté. Il es parti et mon cœur l'a suivi. Demain, c'est la fête des Pères et il ne verra pas ses petits enfants qui grandiront sans l'avoir bien connu.
Pourquoi continuer à lutter contre cette solitude, si pesante, si écrasante. Plus de projets. Même les petits plaisirs me paraissent illusoires et j'en arrive presque à me les reprocher, puisqu'il n'est plus là pour les partager.
Alors, encore une fois, merci,d'avoir été le miroir de mes émotions et de m'avoir fait supporter ma peine. J'ai compris que je n'étais pas seule et que vous compreniez mieux que personne ce que je traversais. Ce qui est totalement opaque aux yeux de ceux qui n'ont pas vécu cette épreuve. Courage à vous les anciens, ainsi qu'à tous ceux qui ont ou qui auront lemalheur de nous rejoindre.