Bientôt un an et demi,
ce sera les 9, 10, 11, 12 mars que mon mari est parti.
et voilà que sans prévenir, sans crier gare, voilà que les angoisses, les larmes, l'insomnie sont venues s'immiscer dans ma nuit. Envie de tout plaquer, de fuir, ..
envie de le rejoindre pour ne plus jamais souffrir ainsi. Je ne le ferai pas, mais m'autoriser à y penser me fait du bien.
Mon deuil s"est installé, il fait parti de moi. Mon quotidien, c'est notre vie d'aujourd'hui, les moments de répits de douceur sont bien plus nombreux, la douleur qui se montre en fonction du calendrier, des situations ou sans aucune raison apparente ne me fait plus aussi peur. Je n'ai plus peur de rester coincée au fond, je sais que lorsque l'on touche le fond, on ne tombera pas plus bas, l'amour que j'éprouve pour Jérôme, pour mes morts, mais aussi pour mes enfants, ma famille, mes amis et l'humanité, notre terre est bien plus pur, mes carapaces ont explosées,
envie de quitter mon travail, ma ville, prendre un voilier et naviguer, prendre l'avion, acheter une caravane et voyager. Pourquoi ne pas le faire ? Qu'est-ce qui m'en empêche ? Est-ce une fuite ? ou est-ce un moyen de se retrouver ?
A qui puis-je parler de tout cela ? sans leur faire peur ? qui je ne fatiguerai pas ? qui je peux embêter encore qui ne s'est pas éloigné ? Ma famille, je n'ose pas, mes amis proches, ils en font déjà assez, mes amis qui habitent plus loin, et si je les rend tristes ?
Vous, oui vous qui comprenez, vous que je n'effraie pas, oui que je n'ai pas peur de fatiguer, vous, pour certains que je rencontre ici au hasard des mots, que je côtoie depuis plus d'un an, ou depuis peu, que j'ai appris à connaître à travers vos mots, vos sensibilités; votre histoire unique, l'être qui vous manque, les êtres qui vous manque. Vos cris, vos larmes, vos témoignages, vos coups de gueules, votre humour, votre douceur, votre poésie, votre bienveillance, la liste est longue.
C'est avec vous que j'ai envie de partager mes états d'âme.
Ecrire, écrire, user sa douleur, user son chagrin, user sa peine,
Nous nous sommes marié un 4 mars, mon anniversaire c’est le 8
nous serons en vacances en famille, vacances que j’appréhende
tant la distance s’est installée
Il me manque tellement
Pourtant je le sens dans mon cœur, dans mon corps
il n’y a aucun mot pour le nommer, pour parler de lui, tous les mots sont dérisoires
L’amour que j’éprouve pour lui est innommable
Ce lien à l’intérieur, dont j’entendais parler mais que je ne sentais pas s’installe tout doucement, je n’ai rien eu à faire, il est venu tout seul
La douleur ne me fait plus peur
Monobobo ce soir
Vanessa paradis et de Benjamin Biolay, La Chanson Des Vieux Cons
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