Bonjour,
Je viens de passer l’après-midi à lire les échanges et autres documents sur le site de l’association.
J’ai fini par m’inscrire car au fin fond de la Bretagne pas de groupe d’échange. J’ai quand même la chance d’avoir rencontré une personne veuve comme moi et nous partageons nos peines.
Pour moi la vie a basculé fin 2015 avec des symptômes inquiétants chez mon mari, suivis rapidement par un verdict implacable : le crabe à un stade élevé. J’étais terrifiée, alors qu’il réagissait avec une grande sérénité. Interrogé sur sa réaction, il m’indiqua qu’il se sentait prêt, que sa vie avait été bien remplie mais qu’il allait se battre pour moi et pour sa mère. Il avait 62 ans et la maladie a gagné en septembre dernier, alors qu’il devait prendre sa retraite début octobre.
Ma colère et mes pleurs, j’ai l’impression que c’est surtout pendant la maladie qu’ils se sont exprimés : colère contre mon mari (jamais formulée ouvertement) pour n’avoir pas suivi les actions de dépistage, colère contre moi pour n’avoir pas insisté pour ce suivi, ni vu assez tôt les signes avant coureurs, colère contre le corps médical aux réactions trop lentes, contre l’insuffisance des traitements, colère contre le Ciel (pourquoi ?)… Mes pleurs, je me rappelle de ce jour où j’avais rencontré cet ami médecin qui m’avait précisé le verdict : 6 mois environ ! J’ai quitté son bureau en automate en me demandant comment je pourrais faire face à mon mari sans trahir ma détresse ; je ne sais comment j’ai repris la voiture mais je me rappelle que je voyais mal à travers mes larmes, jusqu’à ce que tout-à-coup je perçoive comme une douche de bien-être qui m’enveloppait. Cela n’a pas duré plus de quelques secondes, une minute grand maximum, mais j’ai su alors que je ferais face. Je n’ai aucune explication logique, j’y ai vu une aide de Là-haut, la réponse du Ciel à mes prières, en me rappelant que je passais à proximité d’une chapelle à cet instant.
Quand je réfléchis à ma situation, je m’estime heureuse (sauf les jours où le spleen me tombe dessus !) ; heureuse d’avoir pu vivre ces derniers mois à ses côtés, d’avoir pu échanger sur ce qui arrivait, de profiter de quelques bonnes journées et de créer des bons souvenirs ; heureuse aussi que ses derniers souhaits aient pu se réaliser : il voulait partir le premier et ne pas finir à l’hôpital. Nous avons pu le garder à la maison jusqu’au bout. Les enfants et moi étions à ses côtés.
Nous avions des projets pour la retraite devions déménager et vendre la maison. J’ai gardé nos projets. Je lui ais promis que j’y arriverai.
Ce qui me pèse le plus c’est la solitude. Nos échanges me manquent, son sourire, son humour, sa force tranquille et tout le reste. Les enfants sont loin, mes parents toujours là mais très âgés, ainsi que ma belle-mère. Dans mes autres proches, à part un frère qui assume le deuil plus récent de son épouse, personne n’est passé par là et ils s’attendent tous à ce que je m’en sorte rapidement…
Alors merci au forum d’exister et à vous tous de vos partages
Marie H