Bientôt 7 mois
Je me sens un peu décalée par rapport à tout ce que je lis dernièrement et je souhaite apporter mon témoignage parce que nous sommes proches et différents à la fois.
Je ne porte pas "le deuil", ne m'habille pas spécialement en noir, ne vais pas tous les jours au cimetière, ne crois pas en l'au-delà, suis athée ( mon mari également), ne rêve pas, ne vais pas voir de médium...
J'accepte les invitations, ai organisé le réveillon chez moi, je sors... Bref, j'ai "une vie" extérieure. J'ai l'impression d'être dans "l'attente" et en attendant, il faut que je fasse des choses. Je suis fatiguée mais une sorte de force me pousse en avant, agir..
Et j'ai une autre vie aussi.. intérieure, avec mon mari en moi, autour de moi, des photos, des vidéos ; je les regarde, je pleure et souris en même temps.. et ce forum
Deux vies en parallèle. Jusqu'à quand ? Parfois je craque, je n'en peux plus mais ensuite je repars. Comme si je devais "tenir" coûte que coûte. Personne ne m'y oblige puisque mes enfants sont grands mais j'ai l'impression que je n'ai pas le choix, avancer ou tout laisser tomber. J'ai le dos au mur.
Je ne pense pas pouvoir le " rejoindre" un jour puisque pour lui la mort était comme "une anesthésie éternelle". Je ne pense pas qu'il veille sur moi. Je pense simplement qu'il aurait fait ceci ou cela dans telle ou telle situation et cela peut m'aider à prendre certaines décisions.
Nous étions deux personnes , nous nous sommes totalement aimés 40 ans durant et je l'aime, l'aimerai toute la vie qui me reste, il est en moi , mais je suis "seule". Il n'y a plus réciprocité. J'ai l'impression de commencer à comprendre "l'ultime solitude".
Et chacun l'a aimé et l'aime encore à sa façon, avec un regard différent sur lui, mes enfants, nos amis n'ont pas de lui exactement la même vision,
Il était le père, l'ami, le voisin, l'oncle ... mais ce que nous avons vécu vraiment tous les deux ne peut être partagé, c'est à la fois mon trésor et à la fois frustrant.
J'espère ne pas vous avoir choqués; chacun vit sa douleur à sa façon. Pour moi les "traditions" ne sont pas une preuve d'amour, juste un rapport à la société. Ce qui ne veut pas dire que je ne respecte pas ceux qui souhaitent vivre en accord avec elles, bien au contraire.
Notre éducation, notre vécu, notre relation à notre amour participent sans doute de notre manière de "traverser notre deuil".
Amitiés
Dominique