FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Antonia Sophia le 26 décembre 2012 à 19:20:48
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De nos jours, porter du noir est devenu quasi un tabou dans notre société qui évacue la mort.
Avez-vous " porté le deuil "? Pendant un an ainsi que le veut la coutume et/ou la religion catholique?
Pour ma part, je l'ai porté car j'en ressentais le besoin. Comme un signe de ma souffrance et un hommage à lui rendre. Un respect.
Qu'en est-il de vous?
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Bonsoir Sophia,
Je ne porte pas le deuil à proprement parler mais je porte toujours quelque chose de noir, j'y tiens.
Et puis j'ai du mal à porter des couleurs gaies comme avant...
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Beaucoup de jeunes s'habillent en noir
Les voitures en noir ne sont plus réservées aux corbillards.
Avant, les personnes s'habillaient de noir, et les autres savaient qu'ils étaient en deuil et respectaient ce deuil.
Maintenant ? ? ?
Y a plus de respect pour n'importe quoi
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J'ai, bien entendu, voulu parler de ce noir en tant que marque extérieure de deuil.
Pas du noir en tant que couleur à la mode ou autres coutumes étrangères à notre culture et notre religion chrétienne.
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Quelle différence entre le noir de la mode et le noir du deuil ? ? ?
Il n'y en a pas
Question de mode. malheuresuement
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Je ne porte pas spécialement de noir en signe de deuil.
Mais je pense que ce rituel avait autrefois un sens : il montrait à la société qu'une personne avait perdu un être cher, qu'elle était dans la souffrance. On savait leur tristesse et on la respectait.
Quand j'étais enfant, je me souviens que j'étais sensible à la tenue noire des personnes en deuil et que je l'associais au chagrin qu'elles devaient éprouver. Ca m'impressionnait aussi.
Porter le deuil était une façon de discerner les personnes dans le chagrin. Peut-être avait-on plus d'égards envers elles.
Aujourd'hui, rien ne nous distingue, nous les endeuillés, et de fait, nous sommes noyés dans la masse. Rien n'indique que nous sommes fragilisés. Personne ne sait que nous souffrons et cela accentue sans doute notre solitude dans la douleur.
Notre deuil passe inaperçu et c'est peut-être une difficulté supplémentaire pour nous de ne pas avoir une sorte de reconnaissance par ce code social qui avait, qui sait, son utilité ?
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Si Chrisam. Il y a une grande différence.
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La réponse de Doromandre exprime ce à quoi je voulais arriver, elle a raison à 100%
Plus rien ne distingue les personnes en deuil
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Tout à fait vrai sauf qu'il y a aussi une désaffection de ce respect d'antan. Je me rends chaque jour au cimetière et je ne vois personne porter le deuil.
Est-ce une perte des valeurs ou une volonté affichée de nier la mort ?
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Peut-être que les personnes que tu croises au cimetière ne portent plus le deuil ? (dans le sens où elles ont pu le porter mais ne le portent plus)
Quand j'allais au cimetière tous les jours, je ne croisais pas vraiment grand monde...
Pour ma part, j'aurais aimé porter le deuil.
Mais dans notre société actuelle, il faut limite aller bien au bout de 2 mois de deuil. Alors si on commence à ne porter que du noir pendant un an, je n'ose même pas imaginer la réaction des gens.
Si le respect était toujours là, je le ferai. Mais il n'est plus là... Bien au contraire.
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Je vais pratiquement tous les jours au cimetière depuis près de 11 semaines. Parfois 2 fois sur la même journée
Je rencontre de temps en temps quelqu'un, mais rarement, mais j'y vais de la journée, les autres sont peut-être au travail, en train de faire des achats, en train de boire un thé ou une bière au bistro, ... et les journées sont courtes
Il faudra voir quand le bon temps reviendra et les journées plus longues ... mais je ne crois pas que cela changera.
Mais comme dit mon fils (28 ans), ce n'est pas parce que je ne vais pas au cimetière que je ne pense pas à maman.
Et il pense à elle.
Alors ? ? ?
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Sophia, je dirais donc que c'est une perte des valeurs mais certainement pas une envie de nier la mort.
Je pense que la majorité des personnes préféreraient être identifiables comme étant en deuil, plutôt que de subir la maladresse des gens qui nous entourent et qui ne sont pas forcément au courant.
Au moins, quand on portait le deuil, je pense qu'il y avait un respect, que les gens n'essayaient pas de dire "faut aller de l'avant, la vie continue, etc."
Mais "nier la mort", on ne le peut pas, quand on est en deuil... qu'on le porte ou non !
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Yohann,
Tu as bien raison, on le porte quoi qu'il arrive le deuil !
Je te rejoins sur tout !
Idem pour ton dernier message adressé à Sophia.
Bon, sauf sur la couleur des tombes parce que moi je l'ai choisie noire ;) (mais bon, ok, je te l'accorde, il y a de moins en moins de noir !)
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J'ai horreur du noir sauf pour les fetes, lorsque j'ai enmené mon amour dans son dernier lieu, je n'ai pas voulu que les personnes présentes portent du noir,mais quelles portent des vetements de couleur.
Chacun d'entre nous fait comme il le sent, selon nos convictions, pas de tabou.
zabou
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Pour l'enterrement de mon Amour, je n'ai pas porté de noir non plus car il n'aimait pas le noir. Et je sais qu'il veut que je sois heureuse, et que je reste moi-même. Alors, ma couleur préférée, c'est le rose fuschia...Ce que j'ai porté ce jour là car c'est la dernière tenue dans laquelle il m'a vue et qu'il m'a trouvée 'super belle'...Alors j'ai encore voulu être belle pour Lui ce jour-là...
Et pour la cérémonie : rien de religieux, car il avait horreur de la religion.
Et pour les musiques, rien de trop solennel : Carmina Burana car c'était la seule musique classique qu'il aimait; Zazie, parce qu'il aimait me l'entendre chanter meme s'il ne comprenait rien au Français (Allemand); et de la musique Cubaine, parce que c'est ça qu'il aimait...
Et dans le texte que j'ai lu pour lui, j'ai fait rire l'assemblée. Un rire de tendresse...Et je sais qu'il aurait aimé. Il n'aurait pas voulu qu'on pleure, ou le moins possible...
Je n'ai pas respecté les 'traditions' mais je pense l'avoir respecté LUI. Au risque de choquer l'assistance. Mais personne n'a rien dit.
Et aujourd'hui, je porte le deuil dans mon coeur mais pas dans ma tenue. Et quand quelqu'un est maladroit (je me suis fait draguer il y 4 jours !!!), j'ai remis la personne gentiment à sa place en disant que je suis veuve...
Voici,
Christine
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Je pense que c'est a chacun de nous de faire comme on le souhaite , mais déjà j'ai l'impression que l'on me fuit a cause de mon deuil et si en plus je le porte avec des vêtements , mon entourage me laissera encore plus . Pour moi porter un brin de couleur au quotidien, c'est envoyé un clin d'œil a mon Amour en lui disant :" tu me manque , c'est dur depuis que t'es plus la , mais j'essaie d'avancer un peu avant de te rejoindre ".
Pour accompagner mon amour , nous avons choisi de porter tous sauf du noir car Étienne détestait cette couleur et ne supporter pas les cimetières . Étant d'origine africaine , mes parents on choisi des vêtements traditionnels africains car ils savaient qu'il adorait ça , d'ailleurs sa grand mère m'a demander de lui mettre une vêtement africain car elle aimait le voir habiller comme ça et souhaiter garder cette image de lui .
Dans mon pays il y a beaucoup de traditions concernant le deuil que ma mère a voulu que je suive même concernant les vêtements mais je n'ai pas pu m'y résoudre car je me disai qu'etienne n'aurait pas voulu ça .
Bien a vous
Marika
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Bientôt 7 mois
Je me sens un peu décalée par rapport à tout ce que je lis dernièrement et je souhaite apporter mon témoignage parce que nous sommes proches et différents à la fois.
Je ne porte pas "le deuil", ne m'habille pas spécialement en noir, ne vais pas tous les jours au cimetière, ne crois pas en l'au-delà, suis athée ( mon mari également), ne rêve pas, ne vais pas voir de médium...
J'accepte les invitations, ai organisé le réveillon chez moi, je sors... Bref, j'ai "une vie" extérieure. J'ai l'impression d'être dans "l'attente" et en attendant, il faut que je fasse des choses. Je suis fatiguée mais une sorte de force me pousse en avant, agir..
Et j'ai une autre vie aussi.. intérieure, avec mon mari en moi, autour de moi, des photos, des vidéos ; je les regarde, je pleure et souris en même temps.. et ce forum
Deux vies en parallèle. Jusqu'à quand ? Parfois je craque, je n'en peux plus mais ensuite je repars. Comme si je devais "tenir" coûte que coûte. Personne ne m'y oblige puisque mes enfants sont grands mais j'ai l'impression que je n'ai pas le choix, avancer ou tout laisser tomber. J'ai le dos au mur.
Je ne pense pas pouvoir le " rejoindre" un jour puisque pour lui la mort était comme "une anesthésie éternelle". Je ne pense pas qu'il veille sur moi. Je pense simplement qu'il aurait fait ceci ou cela dans telle ou telle situation et cela peut m'aider à prendre certaines décisions.
Nous étions deux personnes , nous nous sommes totalement aimés 40 ans durant et je l'aime, l'aimerai toute la vie qui me reste, il est en moi , mais je suis "seule". Il n'y a plus réciprocité. J'ai l'impression de commencer à comprendre "l'ultime solitude".
Et chacun l'a aimé et l'aime encore à sa façon, avec un regard différent sur lui, mes enfants, nos amis n'ont pas de lui exactement la même vision,
Il était le père, l'ami, le voisin, l'oncle ... mais ce que nous avons vécu vraiment tous les deux ne peut être partagé, c'est à la fois mon trésor et à la fois frustrant.
J'espère ne pas vous avoir choqués; chacun vit sa douleur à sa façon. Pour moi les "traditions" ne sont pas une preuve d'amour, juste un rapport à la société. Ce qui ne veut pas dire que je ne respecte pas ceux qui souhaitent vivre en accord avec elles, bien au contraire.
Notre éducation, notre vécu, notre relation à notre amour participent sans doute de notre manière de "traverser notre deuil".
Amitiés
Dominique
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Yohann, j'en rajoute un autre:
"Faites-moi à manger, mettez-le dans un plat, déposez-le devant ma porte et... partez".
J'ai tellement trouvé difficile que la seule aide reçue soit: "Vient, on va parler".
Bien sûr, ça ne se fait pas, mais ça m'aurait fait du bien.
Caro xx
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Dominique, je me retrouve énormément dans ce que tu as écrit.
Moi aussi, je vis beaucoup "intérieurement" avec mon mari décédé en mai dernier et j'affronte l'ultime solitude...
Néanmoins, prière et cimetière m'aident parfois.
Je t'embrasse,
Martine
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Bonjour à tous,
Comme le dit très bien Yohann, les couleurs portées sont une affaire de culture et ne revêtent pour moi aucune espèce d'importance.
Porter du noir, je l'ai toujours fait, et je n'ai pas changé mes habitudes depuis la mort de Xavier.
Pensez vous vraiment que le fait de "porter le deuil" autrefois entraînait automatiquement le respect des autres ? La reconnaissance, oui je suis d'accord, mais le respect ??
Je ne saisis pas bien le sens de ce mot dans ce que nous traversons.
Et puis, à cette "époque" (pas si lointaine), rappelons nous aussi que l'usage voulait qu'un endeuillé, passé un certain délai, ait "oublié"et tourne la page en enlevant ses vêtements noirs.
Au moins maintenant, les psys reconnaissent ils que nous vivons chacun le deuil à notre rythme et au lieu de nous pousser à oublier, nous incitent à faire revivre nos souvenirs. Bien sûr, il faudra du temps pour que notre société assimile cette façon de voir les choses, mais peut être justement est-ce en ne portant plus le deuil d'une façon codée et limitée dans le temps que les mentalités pourront évoluer et que la compréhension naîtra ?
De toute façon, pour moi, le deuil se vit en soi et nul besoin de l'afficher, ça ne m'apporterait rien.
Ce n'est là que mon propre ressenti, j'espère n'avoir heurté personne.
Que votre journée soit la plus douce possible
Je vous embrasse
Cathy
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Personnellement Cathy, je porte souvent la couleur en fonction de mon moral... Hélas.
Je me suis toute ma vie durant, dirigée spontanément en m'habillant, vers des couleurs claires et gaies quand je me sens en forme et l'inverse.
Donc je porte maintenant plus souvent du noir... Mais ce n'est pas pour les autres... Et je ne suis pas heurtée par ce que tu penses...
Martine
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Dominique, Christine
J'ai l'impression de me retrouver dans vos messages et ça fait chaud au coeur.
Dominique, lorsque tu évoques la façon dont tu vis et tes ressentis, j'aurai pu écrire ces mots. Il est doux de se sentir "compris".
Quant à toi Christine, je te rejoins lorsque tu parles des obsèques de ton aimé. Pour Xavier non plus, il n'y a pas eu d'office religieux, j'ai choisi de montrer des photos de lui tel qu'il était, ne prenant rien au sérieux, au risque de choquer, et la musique qui nous accompagnait ce jour là était celle qu'il aimait (Rolling Stones, Led Zepelin et pascal Arroyo).
Tendresses
Cathy
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Comme toi Cathy, nous avons choisi une cérémonie civile et des musiques que mon mari et moi-même écoutions, Eric Clapton, du blues, David Gilmour mais aussi Barbara, Léonard Cohen. Il se trouve que les paroles anglaises correspondaient à nos sentiments("high hopes" et "comfortably Numb"). De grandes photos avaient été posées également, la plupart récentes mais aussi celles des années soixante-huit ! Mes enfants ont été soutenus par tous leurs amis et nous nous sommes tous retrouvés à la maison, dans le jardin, toutes générations confondues. Mon mari aurait aimé cet esprit et j'en garde un souvenir très fort, même si j'étais dans un état second qui a duré quelques mois ( le fameux déni).
C'était en Mai ... mais c'est hier.
Et j'ai un sentiment de ressac en ce moment, peut-être suite au réveillon, parenthèse familiale où il a fallu s'activer, profiter d'instants de vie et ne pas penser autant. Maintenant j'aspire au calme, se retrouver, mais avec un peu de crainte aussi; j'ai toujours peur de plonger trop profondément et de ne plus pouvoir reprendre pied. J'ai donc du mal à lâcher prise complètement et je ne fais que soulever de temps en temps la soupape de sécurité .
Amitiés
Dominique
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Pour Robert, j'ai fait célébré un culte car c'était un protestant convaincu... J'ai chois les psaumes qu'il aimait particulièrement... Et je lui ai rendu hommage en prenant la parole pour parler de sa vie, de lui et de l'homme qu'il était...
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Yohann
C'est exactement ce que j'ai noté moi aussi. De nos jours, porter ostensiblement des marques de deuil crée un grand vide autour de soi. Comme si tout ce qui pouvait rappeler la mort était socialement banni ainsi que je l'ai déjà dit auparavant. Surtout, se tenir loin de quelqu'un qui porte la mort en étendard de peur, sans doute, que cela ne soit contagieux ^^
Y compris l'état de veuvage en lui-même; en effet, même pas une semaine après ce drame, il y avait déjà de bonnes âmes, toujours masculines, qui me disaient que je devais refaire ma vie. ....... Comme s'ils supposaient la femme superficielle et versatile ou dénuée du moindre sentiment humain. A chaque fois, j'ai ressenti ce conseil comme une grande insulte.
Ceci dit, en dehors de toute considération émotionnelle, on voit la vraie couleur des gens lorsque l'on porte son deuil mariée de noir.
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Peut-être Yohann que les femmes, plus sentimentales, savent bien le mal que cela fait de perdre l'amour d'une vie. Les hommes sont toujours plus prosaïques. Mais, voilà, tu as trouvé le mot. D'infâmes goujats. Mais surtout des gens emplis de méchanceté.
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Bonsoir à vous tous,
Je me mêle au débat. En fait j'ai envie de raconter que pour la cérémonie, jj'étais en noir mais avec un foulard rose très vif qu'il m'avait offert depuis peu et que je porte souvent depuis.
Je porte généralement au moins un vêtement noir. La sobriété vestimentaire n'est pas mon fort, mais maintenant que j'y pense, je m'aperçois que je suis moins fantaisiste qu'avant, moins voyante.
Je ne prends plus le temps de choisir et d'assortir mes tenues comme avant, quand j'aimais être un feu d'artifice. Je ne me maquille plus à cause des larmes. Je n'ai plus envie de porter de bijoux.
Il y a des jours où tout ce que je portais avant, l'an dernier, quand il était vivant, ces habits me sont insupportables. J'ai bien essayé d'en acheter d'autres, mais faire les magasins, le monde, m'est très pénible. en plus le peu que j'ai acheté depuis 3 mois se révèle d'un choix déplorable : mon cerveau de poule me joue des tours là aussi.
Et j'ai perdu 5 kilos en 3 mois : certes, je suis redevenue mince, mais ce nouveau corps, ascétique, n'est pas le mien, ce n'est pas celui qu'aimait Emmanuel et il manque de féminité à mes yeux...
Passez une douce soirée.
Il me tarde de quitter 2012. J'ai l'impression que la vie sera moins triste lorsque les jours seront plus longs. Ces ténèbres, c'est étouffant. J'aimerais avoir des projets pour l'an prochain, mais non. J'ai l'impression que désormais, je vais vieillir doucement dans mes vêtements sobres et m'éteindre à la vie, aux projets, aux envies. J'ai eu trop de coups durs dans ma vie, je crois. Je n'arriverai jamais à me relever une fois encore, j'en ai pas la force. Je vais finir documentaliste dans un collège où un homme m'aura aimée six mois. Je peux y vivoter jusqu'à la retraite.
Je me suis relevée d'une anorexie.
J'ai survécu à un mariage désastreux et élevé seule tant bien que mal mes enfants
j'ai traversé une longue dépression qui a duré 5 ans
et maintenant, ce deuil ...
Il n'y a aucune période de ma vie que je puisse regarder du présent et me dire : ah ces années là, elles étaient agréables finalement ! enfin, si, l'année que j'ai partagée avec emmanuel, même si notre histoire proprement dite n'a pas duré autant.
pourtant je vous promets que je suis d'un naturel tellement optimiste qu'on me traite souvent de naïve !!!
Bon ça ira mieux demain
en attendant j'espère n'avoir déprimé personne à me plaindre ainsi sans arrêt. Pourtant je n'ai pas l'impression de me plaindre en fait : je dis seulement ce que je ressens
je vous souhaite à tous un dernier jour de l'année d'une relative sérénité
Muriel
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Bonjour Ephémère
Merci de vos paroles, elles me vont droit au coeur. Oui le voyage de cette vie est décidément bien difficile. Je ne sais pas si je suis forte, je ne crois pas. J'essaie de tenir, de changer les dysfonctionnements, quand je le peux... J'essaie à chaque fois de faire comme si tout allait enfin s'arranger. Sauf que ce n'est pas souvent le cas...
Oui, je me sens pour le moment "mariée de noir" avec mon amour et je suis fière de l'être. Tout le monde semble l'avoir oublié, "ils" vont tous de l'avant, je vois bien que je les gêne quand je parle de lui. Mais dans mon coeur, quand je pense à lui, je me sens indéfectiblement liée. "Mariée" alors que je l'ai connu si peu. Et s'il revenait, je lui dirais "oui", je lui dirais :
on prend tout de toi, mon chéri, on prend tout : tes éclats de rire et tes accès de colère; ton dévouement jusqu'à l'intolérance; tes jugements à l'emporte pièce; ton enthousiasme, tes doutes; ta peur, ta culpabilité.
je prends et j'accepte tout, le bon comme le mauvais, parce qu'aimer ne rend pas forcément aveugle et que nous deux, on pouvait cheminer ensemble un bon moment vers l'avenir.
Je vais commencer l'année en me sentant mariée à cet homme que j'aimais. il m'a fait connaître un tel amour, je ne veux pas renier son héritage !! Je veux me souvenir de cet amour et de la façon dont il me rendait belle, audacieuse, épanouie, rayonnante...
Il m'a dit un jour : "ta vie explosera un jour, sans moi". Par "exploser", il voulait dire cela : rayonner, illuminer, être audacieuse et réjouir les gens autour de moi.
J'espère qu'un jour je serai capable de cela, de cet amour rayonnant qui réchauffe les gens que j'aime.
Au terme de cette année 2012 qui a vu à la fois la naissance et la mort de mon amour qui vit encore, je n'éprouve plus aucune culpabilité. Pas de douleur ce soir non plus, juste une grande douceur.
J'aime Emmanuel et je suis debout pour en témoigner, je suis fière de l'aimer et de l'avoir connu.
A tous, je souhaite une petite lueur dans la nuit qui tombe et va s'abattre sur ces fêtes dont nous ne serons pas,
Muriel
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Quelle belle lettre Mirele, moi aussi, je me sens toujours mariée. Bizarre comme le commun des mortels nous interdit presque cette fidélité.
Pendant des siècles, les femmes veuves de certaines contrées se trouvaient condamnées à porter le deuil jusqu'à la fin de leurs jours et à ne jamais se remarier. Aujourd'hui, c'est tout le contraire. La conclusion à en tirer est qu'il ne faut pas se laisser gouverner par des modes ou des conventions sociales mais bien plutôt suivre son coeur. Chacun a sa propre manière de réagir.