Il était tout pour moi,
Je vivais pour et par lui,
J'existais dans son tendre regard bleu, dans son sourire, dans notre amour indéfectible.
Quatre mois que mon coeur est à l'envers, et que ma vie n'a plus de sens.
Je ne connais plus la légèreté, ni le simple contentement.
Les larmes coulent, coulent, de plus en plus souvent et intensément
Jusque là, le temps ne résoud rien. Il m'éloigne de mon amour, sans apaiser la douleur de l'absence.
Je n'ai plus de goût pour quoi que ce soit, je ne sais plus voir le beau, je ne sais plus sourire.
Je ne cuisine plus sauf si je reçois mes tout proches.
Je m'habille et me coiffe sans envie de fantaisie et coquetterie. Pas d'intérêt.
Tout me paraît futile et dérisoire.
Comme je ne travaille plus, il faut bien le tuer le temps. Et qu'il s'écoule lentement !
Même mon piano reste fermé. Plus personne pour me dire "c'était joli ma biche".
Seule une activité meuble quelques heures mais le coeur n'y est plus comme avant.
Je n'aime pas les fins de semaine, encore plus vides que les autres jours.
Même le soleil me fait mal, rappel trop vif de notre vie aux beaux jours.
J'ai peur de l'avenir sans l'amour de ma vie, je ne l'imagine même pas, tant nous étions indissociables.
Il me manque tant que j'ai mal, tout le temps, sans répit durable.
Je ne peux ni ne veux profiter de la vie sans lui. C'est extrême, je sais. Mais mon bonheur était avec lui.
Alors, peut-on parler de vivre ? Je survis, ou plutôt j'essaie, avec un succès très inégal selon les jours. Je suis comme vous tous, plongée dans la souffrance. J'attends l'apaisement promis par certains, mais je sais que c'est pour dans longtemps, et ça me m'effraie. Je ronge mon frein et prends des leçons de patience, très douloureuses.
Et j'ai beau me dire que pour lui, pour sa force et sa dignité dans son long et dur combat contre la maladie, je me dois de réagir, pour le moment, je n'y parviens pas. Je n'en suis pas fière, mais pas fière du tout.
Il va falloir que je me secoue, parce que là, vraiment, je ne suis pas à la hauteur de l'homme magnifique qu'il fut.