Hello Romelik,
Mes enfants ont aujourd'hui 12 et presque 16 ans et ils avaient 7 et 11 ans à la mort de leur père.
Mon deuil est plus ancien que le vôtre, Romelik, c'est pour ça qu'à votre différence, j'ai (en partie) "accepté et me suis résignée" à la disparition de mon mari, parce qu'à l'évidence, je n'ai pas d'autre choix sinon celui de mourir aussi. Mais les enfants me tiennent debout... Ils méritent d'avoir une belle vie, un bel avenir, plus que n'importe quel autre (détesté - Lol !) enfant-roi à la vie sans heurt, et je m'y emploie...
Ce que vous racontez, je l'ai vécu il y a 3 ou 4 ans. L'incommensurable douleur à laquelle je me demande comment j'ai réchappé, la révolte, l'incompréhension, le sentiment d'injustice, les hurlements d'insultes, la haine même envers Dieu et tout ce qui peut exister au-dessus de nous (
), la colère envers mon mari qui m'abandonnait avec 2 jeunes enfants... et j'en passe, il n'y a pas de mot assez fort...
Pour être honnête, moi aussi, j'en veux toujours "au bonheur des autres"... et pourtant le temps a passé... et pourtant SI, j'accepte le malheur que la vie me balance... Mais j'évite de me faire mal en fréquentant les gens "heureux" !... En vérité, les gens heureux me "gonflent au plus haut point" avec l'étalage de leur belle et bonne vie toute lisse, leurs vacances en famille, leur prétendue réussite familiale et professionnelle, et bien sûr financière (le sujet de prédilection). Tout ça n'est pas ma vie, je n'ai plus cette patience à écouter, à partager leur formidable bonheur, à admirer les gens "normaux", ils ne m'intéressent plus pas plus que je ne les intéresse, d'ailleurs... mais pas pour les mêmes raisons !!! J'ai fait beaucoup de vide autour de moi, et la mort m'y a bien aidé, je dois dire... Lol !
Je vois dans mes enfants, qu'ils ont "accepté", grâce à leur jeunesse, bien sûr, à la mémoire qui s'efface peu à peu aussi... Leur vécu avec leur père était moins long que le mien. Ca n'enlève rien au trou que sa mort à creusé, mais ils ont une vie à remplir d'autre chose que de chagrin et de souvenirs...
Pour moi Si, la sagesse, c'est l'acceptation de l'inimaginable, affronter vaillamment "l'enfer sur terre" et tout ce qui nous est arrivé... parvenir à ne plus en vouloir à personne, ni à Dieu (ou
), ni aux humains indifférents, ni à mon mari qui a agi inconsidérément, ni à moi de mes erreurs...
Bon, je vous rassure, il y a des moments où la vieille colère ressurgit, y'a des "couacs" et des rechutes...
Et puis, il y a des périodes plus propices aux blues que d'autres (merci l'été ! merci Noël !...)
Mais vraiment, j'y travaille et je vois bien que je peux partager des vrais moments de joie avec les enfants ou les rares ami(e)s... Il m'arrive même de ne pas "parler" à mon mari pendant une journée... parfois même, de ne pas penser à lui... il arrive que le chagrin se repose...
Cyrulnik parlerait de "résilience" sans doute. Faire de notre malheur un marchepied pour un autre bonheur...
Ouais, ouais, ouiais... je vous rassure, j'ai encore un sacré boulot avant d'y être !... Mais je ne désespère pas d'y être un jour !...
Pffff, allez... fini la nostalgie pour aujourd'hui, nous filons nous détendre à la piscine et profiter du soleil voilé avant l'orage.
A bientôt.
Je vous embrasse.
M