Bonsoir Muriel,
La colère, la rage, l'envie, l'amertume, toutes ces émotions si fortes qui t'assaillent ce soir, et c'est bien normal, après cette discussion avec tes collègues qui n'ont pas eu la délicatesse d'avoir une parole pour toi, qui est dans une si grande peine.
J'ai pu constater - comme sans doute beaucoup ici, que certaines personnes, dont j'attendais beaucoup, ont été remarquablement absentes dans les semaines/mois qui ont suivi la mort de mon mari. D'autres, que je n'attendais pas, se sont révélées dans toute leur tendresse et leur affection. Pour chaque "défection" de certains amis ou proches, j'ai pu compter sur une main qui se tendait de façon inattendue, sur une parole réconfortante, de la part de personnes que je connaissais mal, ou peu. Cette surveillante, et cette dame à l'accueil, ont eu cette délicatesse dont les collègues d'Emmanuel ont manqué, par crainte peut être de te faire mal, par maladresse, parce que souvent la mort fait peur, parce que les gens sont égoistes aussi parfois, et qu'ils préfèrent "faire comme si de rien n'était". Ils le peuvent, car leur monde à eux ne s'est pas écroulé.
J'éprouve moi aussi quelquefois une grande colère quand je vois les autres couples, je ne comprends pas pourquoi je dois passer par ce chemin, pourquoi mon mari est mort a 38 ans, pourquoi il ne nous a pas été donné de vieillir ensemble. Je me sens aussi envieuse quand je vois les gens s'affairer joyeusement à la préparation de cette fête de Noel, qui célèbre la joie et l'espérance, deux choses dont j'ai longtemps pensé que je ne les éprouverai plus jamais.
Tu n'es pas "méchante", tu es au creux d'une souffrance sans nom, que tu exprimes de différentes façons, et il est nécessaire que tu l'exprimes.
Je t'embrasse très fort,
Melusine