Aujourd'hui, j'étais chez le psy.
Je lui ai raconté qu'un de mes professeurs est décédé jeudi passé. Il avait 84 ans. C'était un prof qui m'avait beaucoup aidé. Sans lui, je n'aurais pas eu la carrière que j'ai eue, je ne serais pas partie au Sénégal, pas rencontré mon mari, pas eu cette enfant. Bref, je lui dois beaucoup.
Le psy me dit:
- Un autre élément de solitude à vivre.
J'ai répondu:
- Non, c'est pas du tout ça. C'est l'opposé.
En fait, je sens ce prof en paix, en moi. Il a été vraiment bien, et comme prof universitaire, c'est bien le seul qui m'ai accordé un peu d'attention - même plus, il a été fantastique, on a voyagé en Tchécoslovaquie, au Maroc, en Inde (pour la formation universitaire). Il m'a soutenue dans mon projet de fin d'études. J'ai pu rédiger et publier un livre avec lui. Et c'est le seul qui a accepté que je fasse une maîtrise. Les autres profs ne voulaient pas. J'ai finalement été acceptée grâce à lui.
À Noël passé, carrément le 25 décembre, je l'ai rencontré chez lui, une dernière fois, ne sachant pas qu'il allait partir aussi vite. Pourtant, il ne sortait plus de chez lui, il avait une marchette... alors que 6 mois avant, il partait travailler à tous les jours à l'université, pour son Dictionnaire mondial des arbres...
Je lui ai apporté des fleurs... Il a vu ma fille, nous a donné à chacune un petit cadeau. On a bien discuté.
En regardant dehors, il rigolais:
- D'ici peu, je serais en bas.
Je regarde, et je vois un... cimetière.
- J'ai mon lot qui m'attend depuis 10 ans.
Maintenant, ill m'apporte de quoi d'important: je me sens plus forte, même s'il est mort.
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Alors que pour Lowell, c'est pas du tout ça.
Je rajoute, à mon psy:
- Même après 3 ans, j'ai l'impression qu'il n'est pas mort, qu'il reviendra demain. Je regarde les photos d'avant et il semble encore si vivant!
(pis là, je braille, pour faire changement)
- Et ça fait bientôt trois ans!!! C'est si long...
Il m'a fait comprendre que si je ne le laisse pas aller, je ne serais jamais libre dans ma tête. Et donc, dans ma vie.
Je dois donc le laisser partir.
Le psy me dit que je ne le fais pas parce que j'ai bien trop peur de vivre la vraie de vraie solitude. Mais je ne sais pas où, quand, comment faire. Ça se fait consciemment ou non?
Je ne sais pas.