Chaque jour,chaque instant de notre deuil est cruel, intolérable de souffrance, nos pensées sont toujours tournées vers l'être aimé, nos souvenirs avec lui, nos instants partagés et nous souffrons alors tellement de son absence.
Il y a pourtant des jours, des moments, encore plus difficiles à surmonter ; le dimanche matin pour moi est l'un de ces instants.
Dans notre vie "pressée", tellement accaparante, nous avions choisi de nous préserver cette matinée de la semaine. C'était notre rendez-vous hebdomadaire où nous prenions du temps pour nous deux, rien que pour nous deux.
Souvent, lorsque le temps le permettait, nous allions au marché du village, chacun son anse du panier dans la mein, et nous choisissions ensemble ce qui nous faisait envie.
Quel déchirement ce fut lorsque j'essayais malgré tout continuer à fréquenter ce marché (toujours cette recherche de lui, de nous) et lorsque le marchand de fromage et la gentille antillaise dont nous aimions tant les fabrications m'ont demandé surpris pourquoi j'étais seule... Depuis ce jour là, je n'y suis plus retournée, un jour peut être...
Dans cette matinée qui était la nôtre, venait ensuite le moment où nous cuisinions ensemble, en écoutant de la musique, bonheur simple partagé à deux. C'était alors pour nous le moment privilégié pour échanger, partager, voire "régler" des choses qui étaient restées en suspens dans la semaine. Nous échafaudions aussi des projets, encore et toujours, même au bout de 27 ans, nous projetant alors dans l'avenir. Ces moment étaient chargés, d'amour, de tendresse, de passion aussi, la musique que nous aimions nous accompagnait, et toujours ce désir d'être ensemble, de bâtir, d'inventer encore notre amour.
Depuis ? Hé bien depuis, je ne vais plus au marché, je cuisine très rarement, même si je me force pour mon fils, et j'essaie que cette matinée passe au plus vite. Au début, une amie m'appelait ce jour là, passait un petit moment avec moi, connaissant ma peine, et ces échanges étaient doux, depuis quelques temps, plus d'appels, il est évident que je vais mieux !!

Le dimanche matin, plus d'amour, plus de complicité, plus de projets, plus de chaleur ; rien que du vide, de l'absence, de la douleur, des larmes, des sanglots encore et encore...
Je me rends compte que j'ai été bien longue sans arriver malgré tout à vous faire partager ces moments de bonheur, c'est difficile mais je sais que vous reconnaîtrez ces instants, nous avons chacun les nôtres au fond de notre coeur et de notre âme.
Merci à vous, par votre lecture d'avoir un tout petit peu rendu l'absence de Xavier moins lourde ce matin, avec qui pourrais-je partager ces émotions si ce n'est avec vous, compagnons de douleur.
Merci d'être là, que votre dimanche soit doux
Cathy