Bonsoir à tous. J'ai un peu de mal à me repérer aussi sur le forum. J'ai cliqué et ça a marché. Ah... moi et l'informatique. Il faut dire que c'est mon homme qui s'occupait de l'informatique et m'expliquait pas toujours patiemment comme ça marchait.
Moi aussi, Dauphin, ce sont les enfants, dans mon travail qui m'ont aidée à revenir à une certaine réalité. J'ai repris mon travail 15 jours après le décès de Christophe. Ce n'est pas que j'avais spécialement envie d'y retourner mais, si je restais à la maison, je tournais en rond, à pleurer . A quoi bon. je me suis toujours battue. Il me l'a appris, à me battre. Je travaille dans une école, à la cantine. Ca me plait énormément. Puis, le jour des obsèques, on m'a proposé un complément de salaire dans une agence postale à quelques kilomètres de chez moi. Tout le monde a été adorable. j'ai plein de travail différent comme me disent les petits. la première semaine a été difficile. les enfants me disaient : "on sait que ton mari est mort". Et les "pourquoi?" Donc, j'ai été franche avec eux. je leur ai dit qu'il était très malade depuis plusieurs années et que maintenant il était parti , qu'il ne souffrait plus, et leur ai dit " maintenant que vous savez, on n'en parle plus ici". Et ils ne m'en ont jamais reparlé. Ils comprennent vite en fait. Mes collègues ont été très bien et le sont encore. Elles voient bien les jours où je ne suis pas au top. Et puis, je ne peux m'empêcher de parler de lui, tous les jours. des anecdotes qui me font repenser à notre vie d'avant. ca me fait du bien. Mais ça doit les saouler, non? Vous ne pensez pas? En tout cas, elles ne me le disent pas.
Je m'inquiète aussi pour mes fils. Mon grand qui va avoir 32 ans dimanche, ne montre rien depuis le début. Il m'a si souvent aidée quand son père tombait, ou qu'il fallait qu'il m'aide pour l'aider à faire ses besoins (je sais, pas très drôle mais pourtant bien réel). ce n'est pas facile pour un fils de devoir faire des choses qui ne sont pas pour lui, le déplacer . Le pauvre, quand j'y pense: son père tombe malade le jour de ses 19 ans . Il a fait des grosses bétises après ça. Entrainé par d'autres plus vieux que lui, il a touché à la drogue, et a été emmené pour un cambriolage, il a foncé sur un policier avec sa voiture par peur, ce qui lui a valu de se retrouver en prison pendant plusieurs années. Christophe était très peiné mais nous l'avons soutenu pour qu'il se sorte de cette dérive en allant le voir au parloir toutes les semaines. je pense que ça n'a pas arrangé la maladie et l'état de Christophe. Puis son père qui décède le jour de son mariage. Avec son frère, ils avaient été le voir à l'hopital le matin du mariage car il voulait les voir. Julien commence à m'en parler, à se poser des questions. je vais essayer d'avoir un rv avec l'hématologue qui suivait Christophe pour qu'elle nous explique ce qui s'est passé ces trois derniers jours. mais Julien semblait apaisé en m'en parlant l'autre soir. Il habite à 30 kms de chez moi avec sa femme et mon petit-fils (mon petit chat). Il était souvent en conflit avec son père, même plus jeune. En fait, ils avaient le même caractère, fort, têtu, donc ça clashait souvent entre eux. Mais avec la maladie , ils avaient trouvé un terrain d'entente. Julien avait fait les travaux d'aménagement handicap de la maison, pour son père. Il m'a appris qu'en fait, Christophe voulait partir avec la maison faite à neuf pour moi, après son départ. Un bon coeur.
Ben, lui, était très fusionnel avec son père. IL a été malheureux comme les pierres quand il est parti. C'est lui qui a reçu le coup de téléphone pour annoncer son décès, pendant le vin d'honneur. IL commence à aller mieux. Nous sommes allés voir un médium-radiéstésiste pas très loin de chez nous. ce n'est pas que j'y crois tellement mais il en avait besoin. Du coup, j'y suis allée avec lui et ils nous a rassurés. Ce qu'il nous a dit sur nous, sur Christophe et sur mon grand était vrai, que c'en était étonnant. Comme s'il le connaissait.
Ca me fait du bien d'écrire. Je sens que ce deuil évolue. je suis passée par toutes sortes de sentiments, ressentiments, regrets (que j'ai encore, mais c'est trop tard). je me rassure car je rêve toujours de lui, pas très souvent, mais le dernier rêve était très doux et m'a apaisée.
ma maison me semble tellement grande. Pourtant j'ai descendu ma chambre en bas, et ça me suffit. J'ai des photos de Christophe un peu partout dans la chambre et dans le salon. Ca me donne l'impression qu'il est là, près de moi. Je lui parle, je lui dis bonjour le matin et bonne nuit le soir. Qu'importe, personne n'est là pour me le reprocher.
Alors, c'est vrai que la vie continue autrement, sans lui. Je ne me sens pas utile, mais c'est comme ça. IL voulait que je sois heureuse. mais sans lui, comment l'être?
Merci de me lire, et de me répondre. Nos chagrins se ressemblent quand même un peu même si nous n'avons pas la même histoire. je me sens moins seule à en parler.
Je vais me coucher car même si demain il n'y a pas école, je vais à mon agence postale voir mes "petits vieux" qui viennent me raconter leur petits malheurs. Ah oui.... le temps!!
Bonne nuit et essayez de faire de doux rêves. je pense à vous.
Béatrice