Chère Madâme,
Merci pour ce joli mot. La souffrance de la solitude fondamentale est terriblement lourde. J'avais ouvert un fil sur ma troisième étape, qui est terriblement difficile, mais salvatrice. Il me fallait pleurer, et ça m'a pris deux ans avant d'arrêter. Ça m'a pris du temps avant d'arrêter, de voir que j'avais terriblement besoin d'aide, de lâcher prise de devoir "tout faire et garder le sourire". Tout éclatait dans ma tête.
Aujourd'hui, ça va mieux. Je ne pleure plus Lowell, je l'ai fait. J'ai quelques larmes qui peuvent survenir, de la colère, beaucoup moins et moins forte. Juste un désir de présence. Je tente de croire qu'il m'aide, qu'il nous aide. Des fois, il suffit d'y croire pour que l'aide survient. C'est d'en être consciente qui fait maintenant la différence.
Ce qui est difficile maintenant, c'est de lâcher prise. Surtout sur le fait de "trouver ma voie" et d'avoir le désir de faire. Et en effet, mon "bordel" de maison est présent, et ça me préoccupe trop. Pareillement pour mon futur. Mais sachant que j'ai encore 9 mois pour y penser, je crois que les choses vont se placer doucement.
Il ne faut pas forcer les choses. Forcer dans le sens: "Je dois être heureuse et ça doit paraître". "Faire des choix" sans que ce ne soit vraiment bon pour moi.
Les autres n'ont pas à souffrir de mes états, mais les proches que j'ai choisis pour avoir un soutien sont au courant que je peux "flancher" de temps en temps.
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Cher Yohann, toujours présent, merci...
J'espère juste être capable de "trouver", même si ça prend du temps, cette crainte de rester inactive me fait effectivement très peur. Je suis active pour les autres (ma fille, les amis, certains membres de ma famille), mais quand il s'agit des choses pour "moi, juste moi", je n'y trouve pas de sens.
"Donner un sens à la vie, à ma vie".
Je demande désespérément à une puissance supérieure de venir me voir. Hé. Ça marche pas trop.
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Cher Marcel. Merci d'avoir fait la lecture, c'est toujours aidant de se sentir lue. C'est vrai, j'ai découvert, avec la mort de mon mari (avec qui tout n'était pas rose), que j'y étais profondément attachée et que j'espérais, presque jusqu'à la fin, de retrouver le Lowell "d'avant"... Ce lien était beaucoup plus important que je ne le croyais et nos projets africains et familiaux sont tombés à l'eau, et ça encore, je ne l'accepte pas.
Je n'accepte pas encore qu'une petite fille de 7 ans aie perdu l'homme le plus important de sa vie. Ça, non. Elle aurait eu besoin de lui. Et moi, je ne me vois pas retrouver une vie commune avec un autre homme: trop de travail...
C'est étonnant que tu parles de Ghost, le film. J'ai écouté, hier, des "previews" du film, sur Youtube... j'ai aussi versé des larmes... Bah, les pleurs n'ont pas de sexe. C'est de l'émotion pure.
Oui, j'y pense souvent: je dois tout faire et autour de moi, les gens ne comprennent pas vraiment qu'eux, ils peuvent partager les soucis, le travail (dépenses, ménage, rangement, cuisine, éducation, déplacements, lavages...). Ça c'est lourd, en effet, surtout que durant 10 ans, nous avions une personne au Sénégal pour s'occuper des "détails" de la maison...
Enfin, je vous embrasse et vous remercie de votre écoute,
Caroline xx