Cher Yohann,
Si je te dis que j'ai passé la journée à dormir ... ou presque ... ça ne va pas te réconforter beaucoup.
Je crois tout de même que l'immense fatigue que nous ressentons ne nous aide pas. Alors plutôt que me culpabiliser de n’avoir rien fait de mon dimanche, je me dis que je me suis reposée. Je ne me suis pas exposée aux regards ni soumise aux lumières électriques des décorations de Noël … Protection !
Qu’as-tu fait toi, aujourd’hui, pour toi ?
Le bonheur des autres s'affiche sous nos yeux. Quotidiennement. Constamment.
Je n'arrive pas à leur en vouloir d'être apparemment heureux. J'aurais plutôt envie de leur dire d'en profiter pleinement.
La douloureuse expérience que je vis, que tu vis, que nous vivons, me fait dire aussi que nous ne percevons jamais vraiment l’autre dans sa « vérité ». Notre entourage ne perçoit pas notre détresse ou est incapable de tendre la main, soit par indifférence, soit par crainte d’être happé par notre mal-être, soit par … insouciance … Nous sommes comme des icebergs dont on ne voit que la partie émergée.
J’ai perdu mon insouciance (je me répète …). J’ai peut-être gagné en sagesse, malgré la détresse qui m’assaille et que je lis dans ton post. Je ne vais pas me lancer dans une philosophie de bas étage. Mais je me sens plus sage, dans le sens où je me sens en capacité d’aller explorer la partie immergée de l’iceberg. C’est d’ailleurs un curieux iceberg. Il flotte et, c’est vrai, même quand je me noie dans la douleur, je finis toujours par remonter à la surface (d’ailleurs, comme nous sommes remplis d’air, nous ne pouvons que flotter : ne pas l’oublier !). L’iceberg n’a pas de port d’attache, c’est pourquoi il dérive et que c’est si inconfortable … Et il est soumis à des vents violents … Bref, ce n’est pas l’idéal … Pourtant, je crois qu’un jour je finirai par découvrir que cet iceberg est un vrai îlot d’humanité, et qu’il a donc des racines, des ancres, qu’il s’amarrera solidement quelque part. Je crois même qu’il sera maintenu à terre, à la vie, par de multiples ancres. Des ancres d’amitié, des ancres d’amour, des ancres d’affection. Je crois que la perte de l’insouciance nous fait découvrir ce qui compte vraiment pour soi. Et pour moi, je dirai aujourd’hui : la sincérité, la tolérance, le souci de l’autre, la compréhension de l’altérité. C’est par conséquent un poids énorme, une espèce de responsabilité que je n’avais pas.
Yohann, nous faisons ce chemin ensemble. Les phases apparentes de régression nous mettent à mal. Nous sommes dans l’incapacité de mesurer le chemin parcouru et le temps est autre et nous fait souffrir. Le temps d’hier n’est plus. Remonter le temps pour revenir sur l’épreuve subie, vécue, pour exprimer sa peine, HURLER de douleur … Mais ce filet de peine en moi restera toujours, je le sais. Et nous ne rattraperons jamais rien. Ce temps-là s’est « échappé ». Comme un oiseau qui s’envole, comme un ange qui passe.
Je suis très mal à l’aise avec Force et Volonté car je ne sais ce qui peut les « animer ». Ce sont, pour moi, comme deux moteurs … mais je ne sais pas ce qui les alimente.
Où trouver force ou volonté ou courage

J’en trouve ici : sur ce forum. Je te lis et me dis que ton post lui-même est un signe de volonté.
Le bateau est reparti à l’envers du temps … Non, je crois qu’il fait son chemin. Il prend le vent comme il peut. Il ne peut être « vent debout », càd face au vent, il prend donc la direction qui est la plus « simple » ou la plus « facile » pour ne pas se briser ni se fracasser contre quelques hauts fonds. C’est troublant car nous n’allons pas forcément ni exactement où nous souhaiterions aller, ou bien nous nous sentons voguer au gré du vent sans réellement maîtriser le cap … et en plus nous sommes bien secoués ... Peu importe, Yohann, ton bateau flotte, et t’emmène quelque part, où le temps est plus clément. Ça je te l’assure. Non seulement la tempête va se calmer mais le temps sera autre mais il sera précieux et des rais de lumière viendront caresser ton visage.
Je pense à toi Yohann.
Je t’envoie toute mon affection.
Je t’embrasse
Angie