Auteur Sujet: La notion du temps  (Lu 8191 fois)

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ROUBOU35

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La notion du temps
« le: 02 décembre 2012 à 11:37:19 »
Bonjour,
Je ressens une sensation étrange ; ne plus avoir la même notion du temps que les autres. J'agis , suis présente dans la vie comme avant, mais j'ai l'impression d'être ailleurs, dans un autre espace temps;
La vie s'écoule autour de moi, plus rapide parfois mais à d'autres moments plus lentement.
On me parle de Noël et je me dis , oui c'est bientôt (sur mon calendrier) je dois m'occuper des divers cadeaux; objectivement j'ai l'impression d'être un E.T. à qui on aurait demandé de s'occuper de préparer Noël. Pour être très honnête, je ne peux même pas dire que cela me fait souffrir, c'est une affaire de "terriens".
C'est comme un élastique qui jouerait avec moi; je me projette brusquement en arrière, je me dis , déjà 6 mois passés et pourtant c'était hier ! Qu'est-ce que j'ai fait de ces 6 mois ? et des projets qu'on me propose pour les mois à venir, je dis oui mais n'arrive pas à m'y impliquer, je fais ce qu'il faut , mon cerveau "logique" me rappelle à l'ordre ( et je note tout) mais mon cerveau émotionnel est à géométrie variable; retour brutal en arrière, les souvenirs, le chaos..
Dominique

chrisam

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Re : La notion du temps
« Réponse #1 le: 02 décembre 2012 à 13:09:27 »
On ne vit pas le même temps que les autres quand on perd quelqu’un qu’on aime

Pervenche

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Re : La notion du temps
« Réponse #2 le: 02 décembre 2012 à 13:35:26 »
Bonjour Dominique,

C'est en effet comme ci nous avions plusieurs échelles de temps, mais en même temps ! Parfois les semaines semblent défilées parce que le quotidien est là : le travail, ou les enfants ou les fêtes, un calendrier qui se calque sur celui des autres.

Et puis, d'un autre ce temps qui n'en finit pas de s'écouler et qui pourtant nous éloigne parfois trop vite de la personne disparue.

Bruno est parti il y a presque 8 mois. 8 mois de peine qui n'en finit pas de me broyer le coeur. Et pourtant déjà 8 mois sans lui. Comme si je le retenais. Laisser un jour passé c'est un jour qui m'éloigne de ses baisers, de notre vie, de nous.

Nous vivons dans un autre espace/temps. 24 heures ne font plus un jour. C'est de la vie qui passe, qui est partie, et nous allons vers l'inconnu.

J'ai pris conscience que nous ne maîtrisons pas notre temps.

Je n'arrive pas non plus à faire des projets. Noël ? c'est bientôt bien sûr...mais je n'arrive pas à m'y "voir". Pourtant, il aura lieu. Alors, comme je dis souvent, un jour pousse l'autre. Et après Noël il y aura d'autres jours. Ils seront là.


Claire




lilas52

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Re : La notion du temps
« Réponse #3 le: 02 décembre 2012 à 16:27:06 »
Bonjour Dominique,
En effet cette sensation étrange d'être là mais ailleurs. Cette grande fatigue que je ressens dès le moindre effort. Envie de rien et pourtant je sens l'envie de continuer et de m'en sortir. Anniversaire de ma petite fille le 09/12 et toujours pas acheté le cadeau!!!
Je me sens si vide à l'intérieur, et cette question qui vient me hanter pourquoi, pourquoi cela nous est il arrivé?
Je ne baise pas les bras, mais j'ai besoin de ces moments de solitude où je peux penser à lui et pleurer.

je t'embrasse LYDIA

Pervenche

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #4 le: 02 décembre 2012 à 17:41:43 »
Chère Véronique,

Et les années à vivre que je vois comme un temps interminable à combler avant d’avoir acquis le droit de mourir à mon tour.


C'est souvent ce que je ressens en creux de vague.... Ma petite soeur de peine, je te sens si triste ce soir....

Nous avons toute cette immensité devant nous, comme un désert à traverser... Mais au bout il y a la lumière, Véronique. Je te donne la main pour traverser.
Je t'enveloppe d'un temps immense de douceur et de tendresse.
Claire

Angela

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #5 le: 02 décembre 2012 à 18:07:11 »
Véronique, Claire et vous toutes et tous,

Le temps.
L'espace-temps.
Il s'agit bien, pour moi, d'un espace-temps.
Espace car il faut avancer pour le traverser.
Temps parce que les jours et les nuits se succèdent malgré nous.
L'image de plusieures échelles de temps qui se superposent me "parle".

Dans la vie, comme dirait l'insouciante que j'ai été, il est toujours temps de faire quelque chose.
Aujourd'hui, le temps est là et je ne le maîtrise pas. Le temps apporte et la douleur et le réconfort. Douleur de l'absence. Douleur du vide. Douleur provoquée aussi par un "inconnu" qui s'ouvre malgré tout, malgré moi, devant moi. Réconfort de l'être aimé que je perçois au fond de moi quelques fois, réconfort de pouvoir me dire "tu es ici, maintenant", comme en cet instant précis ou je vous écris.
 L'association avec "faire" est douloureuse aussi. Toujours faire. Plutôt qu'être. Les journées sont comme des trains d'actions qui passent auxquelles je participe avec plus ou moins de réussite. Souvent, pourtant, les trains passent et je les regarde passer.
Je suis une vache dans son pré ... Après tout, une vache qui regarde les trains passer n'est pas forcément malheureuse !!! Sauf que ... Je ne suis pas sûre que la vache ne ressente pas l'imminence de sa fin, le temps venu.
Faire. Toujours faire. Il en faut du courage ! J'essaie de suivre la recommandation du Dr Fauré : "qu'est-ce qui est utile pour moi ?", plutôt que "de quoi aurais-je envie ou qu'est-ce qui me ferait plaisir ?". Mais je me heurte et me bloque. Comme si une porte verrrouillée était devant moi et que je n'en aie pas la clé. Encore puiser un élan, un peu de force et de courage, pour accepter de dire oui à l'invitation à la fête ... Pour faire. Encore faire. Alors que je sais bien que je n'y serai pas !

Je n'ai pas encore trouver comment je passerai les fêtes de fin d'année pour ne pas m'epuiser davantage à paraître (au lieu d'être) !!!

Je crois pourtant que l'on a des ressources incroyables. La meilleure preuve en est notre présence sur ce forum.
Il faut dire qu'ici, je suis moi. Je peux être. avec mes mots. Avec ma douleur. Avec mes hauts et mes bas. Avec cette lueur d'espoir qui me fait résister et que je veux tout simplement partager avec vous.

Bien affectueusement

Angela ... ou Angie pour les intimes que vous êtes devenus !

dan43

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #6 le: 02 décembre 2012 à 20:30:37 »

  O douleur,o douleur,
  LeTemps mange la vie
  Et l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur,
  Du sang que nous perdons ,croit et se fortifie.
   
  Baudelaire

 

Hors ligne flowers

  • Membre Junior
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  • Messages: 82
Re : La notion du temps
« Réponse #7 le: 02 décembre 2012 à 20:40:00 »
Le temps n’a plus jamais été le même le jour où nous avons su que c’était
un cancer. Nous sommes comme entrés dans un autre monde ! Si différent
d’une vie normale sans soucis.

Ce temps est restés figer dans cet autre monde même depuis qu’il est parti.

C’est parce que nous nous sentons tellement en décalage par rapport aux autres personnes qui
n’ont pas vécu la même chose que nous, nous n’avons plus cette même notion
de temps.

Nous vivons au jour le jour et nous savons que la vie peut nous jouer de mauvais tour !
Alors à quoi bon courir après le temps maintenant ?

Prenons le temps de chaque minute qui passe, et retrouvons une certaine sérénité.

Florence



Angela

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #8 le: 02 décembre 2012 à 21:07:57 »
Cher Yohann,

Si je te dis que j'ai passé la journée à dormir ... ou presque ... ça ne va pas te réconforter beaucoup.
Je crois tout de même que l'immense fatigue que nous ressentons ne nous aide pas. Alors plutôt que me culpabiliser de n’avoir rien fait de mon dimanche, je me dis que je me suis reposée. Je ne me suis pas exposée aux regards ni soumise aux lumières électriques des décorations de Noël … Protection !
Qu’as-tu fait toi, aujourd’hui, pour toi ?

Le bonheur des autres s'affiche sous nos yeux. Quotidiennement. Constamment.
Je n'arrive pas à leur en vouloir d'être apparemment heureux. J'aurais plutôt envie de leur dire d'en profiter pleinement.

La douloureuse expérience que je vis, que tu vis, que nous vivons, me fait dire aussi que nous ne percevons jamais vraiment l’autre dans sa « vérité ». Notre entourage ne perçoit pas notre détresse ou est incapable de tendre la main, soit par indifférence, soit par crainte d’être happé par notre mal-être, soit par … insouciance … Nous sommes comme des icebergs dont on ne voit que la partie émergée.

J’ai perdu mon insouciance (je me répète …). J’ai peut-être gagné en sagesse, malgré la détresse qui m’assaille et que je lis dans ton post. Je ne vais pas me lancer dans une philosophie de bas étage. Mais je me sens plus sage, dans le sens où je me sens en capacité d’aller explorer la partie immergée de l’iceberg. C’est d’ailleurs un curieux iceberg. Il flotte et, c’est vrai, même quand je me noie dans la douleur, je finis toujours par remonter à la surface (d’ailleurs, comme nous sommes remplis d’air, nous ne pouvons que flotter : ne pas l’oublier !). L’iceberg n’a pas de port d’attache, c’est pourquoi il dérive et que c’est si inconfortable … Et il est soumis à des vents violents … Bref, ce n’est pas l’idéal … Pourtant, je crois qu’un jour je finirai par découvrir que cet iceberg est un vrai îlot d’humanité, et qu’il a donc des racines, des ancres, qu’il s’amarrera solidement quelque part. Je crois même qu’il sera maintenu à terre, à la vie, par de multiples ancres. Des ancres d’amitié, des ancres d’amour, des ancres d’affection. Je crois que la perte de l’insouciance nous fait découvrir ce qui compte vraiment pour soi. Et pour moi, je dirai aujourd’hui : la sincérité, la tolérance, le souci de l’autre, la compréhension de l’altérité. C’est par conséquent un poids énorme, une espèce de responsabilité que je n’avais pas.

Yohann, nous faisons ce chemin ensemble. Les phases apparentes de régression nous mettent à mal. Nous sommes dans l’incapacité de mesurer le chemin parcouru et le temps est autre et nous fait souffrir. Le temps d’hier n’est plus. Remonter le temps pour revenir sur l’épreuve subie, vécue, pour exprimer sa peine, HURLER de douleur … Mais ce filet de peine en moi restera toujours, je le sais. Et nous ne rattraperons jamais rien. Ce temps-là s’est « échappé ». Comme un oiseau qui s’envole, comme un ange qui passe.

Je suis très mal à l’aise avec Force et Volonté car je ne sais ce qui peut les « animer ». Ce sont, pour moi, comme deux moteurs … mais je ne sais pas ce qui les alimente.
Où trouver force ou volonté ou courage ??? J’en trouve ici : sur ce forum. Je te lis et me dis que ton post lui-même est un signe de volonté.
Le bateau est reparti à l’envers du temps … Non, je crois qu’il fait son chemin. Il prend le vent comme il peut. Il ne peut être « vent debout », càd face au vent, il prend donc la direction qui est la plus « simple » ou la plus « facile » pour ne pas se briser ni se fracasser contre quelques hauts fonds. C’est troublant car nous n’allons pas forcément ni exactement où nous souhaiterions aller, ou bien nous nous sentons voguer au gré du vent sans réellement maîtriser le cap … et en plus nous sommes bien secoués ... Peu importe, Yohann, ton bateau flotte, et t’emmène quelque part, où le temps est plus clément. Ça je te l’assure. Non seulement la tempête va se calmer mais le temps sera autre mais il sera précieux et des rais de lumière viendront caresser ton visage.

Je pense à toi Yohann.

Je t’envoie toute mon affection.

Je t’embrasse

Angie

eternity

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #9 le: 02 décembre 2012 à 22:09:09 »
Cher Yohann,
Si je te dis même dimanche  à apprivoiser la solitude, et sans illusions sur les bienfaits des fêtes à venir...

C'  est pas joli, joli ::) mais aujourd hui, pour ne pas sombrer dans la désespérance, c est la colére qui m a boostée! mais finalement,  c est usant de se battre avec tous ces sentiments qui nous assaillent sans cesse et nous laissent peu de répit.

La lumiére qui manque à ton bateau pour naviguer sur des eaux plus calmes, va t éclairer à nouveau et te dirigera vers plus de douceur, ne l oublie pas.
Amicalement,
Nadine.



marie-o

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #10 le: 02 décembre 2012 à 22:17:55 »
bonsoir

Combien d'autres j'ai croisé ces derniers mois qui me semblaient heureux et qui dans l'échange m'ont fait part de leur vécu du deuil , le père suicidé alors qu'elle avait 12 ans , le frère suicidé alors qu'elle en avait 20, le père décédé à 46 ans du à un alcoolisme alors qu'elle en avait 23 ans, le compagnon immolé devant ses yeux il y a 20 ans, le mari décédé d'une crise cardiaque  veuve à 45 ans , la soeur chérie décédée à 47 ans, etc...
Nous ne les voyons pas , plus rien indique si la personne est en deuil,
nous ne les entendons pas , ils ont appris à se taire, et nous voilà parmi eux
Et, nous faisons partie de ceux qui savent
 et ceux qui ne savent pas nous blessent,
 comme nous avant avons pu blessé les endeuillés avant de savoir

nous sommes tous ensemble et si seuls à la fois
ne serait ce pas le propre de chacun : la solitude

amitié
Orchis

clara

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #11 le: 02 décembre 2012 à 23:02:55 »
bonsoir,
ce fil est magnifique dans tout ce qui est dit ... et tout est dit !

le temps ... lorsque petite j'avais de grosses fièvres, je faisais toujours le même cauchemar (vous allez sourire) c'était celui d'un Carambar qui s'effilait puis se tassait et j'avais un sentiment de peur ...
Voilà ma vision du temps maintenant : on ne maîtrise rien du temps (d'ailleurs on ne l'a jamais maitrisé)
il est lent puis trop court puis trop lent... comme le carambar il s'étire, s'étire et il devient fil puis devient un vrai carambar, une vraie massue...

les premiers (les premiers et des dizaines après) mercredis (jour J enfin si on peut dire) à l'heure H, même si je n'y pensais pas consciemment, tout s'arrêtait et je me sentais mal mais mal ... quelque fois je ne comprenais pas et puis ... ah oui, on est mercredi et il est 12h45 ...

Lâcher prise ...
accepter de ne plus tout contrôler...

Et ces fêtes qui arrivent et nous rappellent qu'on est seul(e)

Claire

ROUBOU35

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #12 le: 02 décembre 2012 à 23:07:53 »
Yohann,
"Pourquoi apaiser son coeur de la culpabilité qui l'étreignait, pour qu'un jour on te jette à la figure que tu es bien coupable !
Pas par hasard !
Pas par erreur !

Non sciemment, volontairement, uniquement pour blesser et faire mal !"

Qui peut faire cela et ces personnes ont-elles un tel pouvoir qu'elles peuvent annihiler en quelques mots le chemin parcouru si durement ? Et quel en est l'objectif, ou la raison, peut-être une façon de se défausser elles-mêmes de leur propre culpabilité ? ou bien leur propre douleur ne peut-elle pas s'exprimer et l'accusation est-elle un moyen d'y échapper ?
On sait que maintenant, dans notre société, il faut un coupable, quelqu'il soit et j'ai entendu ce matin même un avocat lui-même regretter cette dérive. C'est parce que la mort est un tabou, qu'il n'y a plus les religions pour l'encadrer, qu'on ne l'accepte plus et qu'il faut un coupable, disait-il. On naît, on meurt, c'est tout, on est infiniment triste mais la culpabilité n'a pas lieu d'être et d'empêcher cette tristesse de s'exprimer tout simplement.
Dominique
 

kika

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #13 le: 03 décembre 2012 à 11:18:08 »

Yohann


Celui qui fait ça c'est celui qui pendant tant d'années ravalait sa jalousie de voir votre couple
Jaloux de votre amour. Et maintenant que tu es fragile c'est la curée. Il y en a des pourritures...
C'est si facile d'attaquer un mort a travers le survivant très affaibli....ça ne mérite que du mépris.
Garde ton amour intact au fond de ton coeur, rien ni personne ne peut la salir. Elle y est bien à l'abri

Et surtout, surtout éloigne toi de ces personnes abjectes. Ne leur donne plus aucune possibilité de t'atteindre

Courage

Malika

eternity

  • Invité
Re : La notion du temps
« Réponse #14 le: 03 décembre 2012 à 11:37:49 »
Yohann,

Ta détresse et ta colère sont palpables.
Ces mots prononcés qui te font si mal, ne sont pas TES mots, laisses-les à cette personne sans scrupule, ni d'états d'âmes, capable de faire du mal sans se retourner... réappropries toi la réalité, qui est que tu as fait le maximum pour ton amour disparu et que la lâcheté de cette personne n'a d'égal que sa bêtise.
Reprends le chemin de l'apaisement que tu avais amorcé, laisse le "mal" à cette personne.
Courage, ( mais tu en as )

Nadine